La Chine a enregistré en août un nouvel excédent commercial record, à 49,8 milliards de dollars, marqué pour le deuxième mois consécutif par une baisse des importations qui confirme le ralentissement de la deuxième économie mondiale. Les importations ont cédé 2,4% sur un an à 158,6 milliards de dollars, après avoir déjà baissé de 1,6% en juillet, selon les chiffres des douanes publiés lundi. Ces résultats contredisent les prédictions d'une hausse de 2,7% des importations avancée par les experts interrogés par le Wall Street Journal, et confirme que l'essoufflement de l'économie de la Chine. Les exportations ont pour leur part augmenté de 9,4% sur un an à 208,5 milliards de dollars. La croissance des exportations le mois dernier a ralenti par rapport au gain de 14,5% enregistré en juillet, mais reste supérieure aux attentes des experts (+9,2%). A 49,8 milliards de dollars, l'excédent commercial améliore encore le précédent record du mois de juillet (47,3 milliards de dollars), qui avait été quasiment multiplié par trois par rapport à 2013, alors que les experts du Wall Street Journal tablaient sur un chiffre médian de 42 milliards de dollars. Les indicateurs montrent que l'économie chinoise a ralenti au cours du troisième trimestre, ce qui fait dire aux analystes que Pékin devrait vraisemblablement adopter de nouvelles mesures pour soutenir la croissance. A partir d'avril, après avoir vu sa croissance descendre à 7,4%, le gouvernement chinois avait déjà mis en place des réductions fiscales ainsi que des assouplissements monétaires très ciblés, et des facilités destinées à doper les investissements dans les infrastructures. Cette politique avait permis une légère embellie, avec une remontée du taux de croissance à 7,5% au deuxième trimestre.
Perspectives grevées par le secteur immobilier Mais la croissance de la production manufacturière a ralenti en août, selon deux indicateurs publiés la semaine dernière. L'indice PMI des directeurs d'achat a atteint 51,1 le mois dernier, contre 51,7 en juillet, d'après le Bureau national des statistiques. La banque HSBC a également conclu que la production manufacturière chinoise avait crû en août à un rythme nettement ralenti, passant de 51,7 en juillet à 50,2. Et signal jugé inquiétant, le volume des nouveaux prêts accordés par les banques chinoises s'est effondré en juillet. Les perspectives de croissance sont grevées par le refroidissement du secteur immobilier, estiment les analystes. Le prix moyen d'un logement neuf dans 100 des plus grandes villes du pays a ainsi reculé en août pour le quatrième mois consécutif, selon une étude indépendante du cabinet China Index Academy. L'économie subit également une perte d'efficacité des mesures de relance du gouvernement central. "Nous nous attendons à ce que le gouvernement continue à prendre des petites mesures ciblées pour compenser les corrections en cours dans le marché immobilier", ont expliqué les économistes de Nomura International dans un communiqué. Pour Julian Evans-Pritchard, analyste chez Capital Economics, la baisse des importations "reflète la diminution des investissements, en particulier dans le secteur immobilier, qui pèse sur la demande de matières premières", a-t-il déclaré dans un communiqué. L'effet du ralentissement des importations de matières premières est également "amplifié par les fortes baisses" de leur cours ces derniers mois, a-t-il ajouté. La Chine peut néanmoins se féliciter de la bonne tenue de ses exportations, qui traduit "une demande extérieure en constante amélioration" en particulier en provenance des Etats-Unis, ont souligné pour leur part les économistes de la banque ANZ, Liu Li-Gang et Zhou Hao. "Les exportations chinoises devraient rester à un niveau élevé jusqu'à la fin de l'année", prédisent-ils. De l'avis des experts, ce nouvel excédent record pourrait augmenter la pression sur les autorités chinoises pour laisser le yuan s'apprécier. "Nous nous attendons à ce que la Chine continue d'afficher des excédents commerciaux importants, ce qui devrait accroître la pression à la hausse sur le renminbi", l'autre nom de la devise nationale, a estimé M. Evans Pritchard. En mars, la Chine s'était fixé environ 7,5% comme objectif de croissance annuel pour 2014, soit le même que pour 2013. En 2013, le taux de croissance s'était élevé à 7,7%, comme en 2012, le pire taux enregistré depuis 1999.