Les cours du pétrole étaient mitigés en Asie hier, fragilisés par les inquiétudes sur une faiblesse de la demande, la solidité du dollar et des perspectives de production abondante. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre gagnait 33 cents à 92,99 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance abandonnait 9 cents, à 100,11 dollars. "Les chiffres décevants et inattendus de l'emploi aux Etats-Unis ont jeté le doute sur les perspectives de la demande mondiale alors même que l'offre est plus qu'abondante", a déclaré la banque United Overseas Bank. La veille le pétrole new-yorkais a terminé en baisse, fragilisé par des indicateurs décevants en provenance d'Asie relançant les craintes sur les perspectives de demande, la solidité du dollar et la hausse de la production libyenne. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre a perdu 63 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à 92,66 dollars, à son plus bas niveau depuis janvier. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre s'est établi à 100,20 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 62 cents par rapport à la clôture de vendredi. Vers 13H20 GMT, le Brent est tombé jusqu'à 99,36 dollars le baril, son plus bas niveau en séance depuis le 1er mai 2013. Il est ainsi repassé sous la barrière psychologique des 100 dollars pour la première fois depuis juin 2013. "La semaine n'a pas vraiment débuté sous les meilleurs auspices avec des statistiques montrant une contraction assez sévère du Produit intérieur brut au Japon et une balance commerciale chinoise reflétant un ralentissement de la croissance", a commenté Matt Smith de Schneider Electric. L'économie du Japon a en effet souffert plus que prévu d'une hausse de "TVA nippone" au deuxième trimestre, le PIB du pays chutant de 1,8% entre avril et fin juin comparé au trimestre précédent. Parallèlement la Chine, deuxième consommateur mondial d'or noir, a enregistré en août un nouvel excédent commercial record. C'est la conséquence notamment d'une baisse des importations pour le deuxième mois consécutif, signe d'un essoufflement du géant asiatique. En plus de ces chiffres moroses qui laissent entrevoir une demande en énergie plus faible que prévu, les raffineries "vont entrer dans le gros de la saison de maintenance, aussi bien en Europe du Nord qu'aux Etats-Unis, ce qui va diminuer leur besoin en brut", a souligné Andy Lipow de Lipow Oil Associates. Parallèlement l'or noir continue d'abonder sur le marché mondial, en particulier grâce à la Libye. Malgré le chaos politique, le pays a réussi à redresser sa production à plus de 700 000 barils par jour contre 200 000 barils par jour au plus fort des troubles ayant perturbé son secteur pétrolier pendant près d'un an. Conséquence: "Certains estiment que les réserves détenues sur les cargos utilisés comme lieu d'entrepôt sont à leur plus haut niveau depuis 2009", a relevé Tim Evans de Citi. Les cours du brut sont aussi minés par le regain de vigueur de la monnaie américaine face aux principales devises, qui rend moins attractifs l'achat de barils libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Le billet vert est monté lundi à son plus haut face à l'euro depuis 14 mois et au yen depuis 2008. Les acteurs du marché attendent par ailleurs "de voir si le cessez-le feu (signé vendredi à Minsk entre Kiev, les séparatistes et Moscou) perdure en Ukraine, et si cela pourrait permettre à l'Union européenne de ralentir la mise en œuvre de nouvelles sanctions", a remarqué Phil Flynn de Price Futures Group. Ces mesures de rétorsion que l'UE devait formellement adopter lundi restreindraient notamment l'accès aux marchés des capitaux pour les grandes compagnies pétrolières russes Rosneft, Transneft et les activités pétrolières du géant gazier Gazprom, a indiqué une source européenne.