Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français (RTE) travaille avec son homologue belge pour augmenter les capacités d'exportation de courant vers la Belgique cet hiver en cas de risque de pénurie dans le pays qui fait face à l'arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, a indiqué RTE. Elia, gestionnaire de réseau belge, prévoit d'installer sur les lignes d'interconnexion avec la France, des dispositifs permettant d'adapter le transit maximal acceptable sur ces lignes en fonction des conditions météorologiques à une échéance de quelques heures, a précisé RTE, qui indique que les deux gestionnaires sont en discussion pour définir le mode opératoire. En cas de risque cet hiver, RTE va utiliser des nouvelles solutions encore expérimentales, avait affirmé Pierre Bornard, directeur général délégué de RTE et président du conseil d'administration d'Entso-e, l'association européenne des gestionnaires des réseaux de transport d'électricité, lors d'une rencontre avec la presse à Bruxelles mercredi. Une baisse des températures ou un vent soutenu limite l'échauffement des lignes transportant de l'électricité et devrait donc permettre d'augmenter la charge supportée, a précisé M. Bornard. Mais cela ne pourra se faire qu'en respectant les limitations techniques du réseau pour éviter tout risque, a précisé RTE. Cette solution implique aussi d'instaurer un suivi en temps réel des conditions météorologiques (température, vent) pour éviter tout risque d'échauffement. Depuis août, trois des sept réacteurs nucléaires belges exploités par Electrabel, filiale de GDF Suez, sont à l'arrêt. Ils représentent une capacité de 3 000 mégawatts (MW) sur une capacité totale de 5 700 MW des deux centrales du pays et le gouvernement ne sait pas sur quelles capacités il pourra compter cet hiver. Le nucléaire fournit 55% de l'électricité consommée en Belgique. Le gestionnaire du réseau belge, Elia, évoque une situation potentiellement critique cet hiver qui fait craindre aux Belges une pénurie, et a mis en place un plan d'urgence prévoyant en dernière extrémité des délestages de courant. Avant d'en arriver là, le pays a comme recours de puiser dans ses réserves stratégiques ou d'utiliser d'autres moyens de production d'électricité. Il pourrait aussi avoir besoin d'importer plus d'électricité produite dans d'autres pays européens, notamment la France, les Pays-Bas ou l'Allemagne. C'est là qu'intervient la solidarité européenne, avec le rôle déterminant des gestionnaires de réseaux de transport grâce aux nombreuses interconnexions qui existent entre les pays. La Belgique est ainsi directement reliée à la France, aux Pays-Bas et à l'Allemagne.