Le Brésil, géant d'Amérique latine, ralentit et, avec lui, une partie du continent: le Fonds monétaire international (FMI) a fortement réduit sa prévision de croissance 2014 du pays et prévoit que la région connaîtra sa plus faible progression en cinq ans. Pour le Brésil, septième économie mondiale, l'institution n'attend plus qu'une hausse du PIB de 0,3% en 2014, alors qu'il tablait encore sur 1,3% en juillet, après 2,5% en 2013. Entre-temps, le pays, autrefois habitué à des taux de croissance confortables, avec 4,5% par an en moyenne entre 2005 et 2010, a reconnu officiellement qu'il était entré en récession au premier semestre. Le chiffre publié mardi par le FMI coïncide avec les attentes du marché, qui table pour 2014 sur 0,29% selon les dernières prévisions des analystes concernant la première économie de la région. La Banque du Brésil prévoit elle 0,7%. "La faible compétitivité, la maigre confiance des investisseurs et les conditions financières plus difficiles (avec une hausse des taux d'intérêt depuis avril 2014) ont réduit l'investissement, et le ralentissement actuel en termes d'emploi et de hausse du crédit pèse sur la consommation", observe le FMI. "Une reprise modérée de l'activité est attendue pour 2015, avec une croissance augmentant à 1,4% (contre 2% attendu avant, ndlr) alors que se dissipera l'incertitude politique entourant l'élection présidentielle de cette année", ajoute l'organisme international. Ces nouvelles prévisions sont annoncées deux jours après le premier tour des élections générales au Brésil, qui ont vu se qualifier pour le second tour la présidente sortante Dilma Rousseff (41,59% des voix) et le social-libéral Aecio Neves (33,55%). Ce dernier, chouchou des marchés, a rendu euphorique la Bourse de Sao Paulo qui a clôturé lundi en hausse de près de 5%, les investisseurs nourrissant sans doute l'espoir d'une défaite de la présidente de gauche, à laquelle ils reprochent son interventionnisme.
Plus faible croissance depuis 2009 De manière générale, le FMI souligne le ralentissement de la croissance moyenne enregistrée dans la région Amérique latine et Caraïbes, pour laquelle "les récentes données sont encore plus faibles que prévu". Le continent devrait voir son PIB progresser de seulement 1,3% en 2014 (contre 2% prévu en juillet), ce qui serait sa plus faible croissance depuis 2009, et de 2,2% en 2015 (contre 2,6% prévu auparavant). Cette situation "reflète des facteurs externes, compte tenu de performances à l'exportation plus faibles que prévu dans un contexte de détérioration des conditions commerciales, ainsi qu'une variété de contraintes propres à certains pays", écrit le Fonds. Ainsi, "de nombreuses économies peinent à trouver de nouveaux moteurs de croissance durable dans un environnement de stagnation des prix des matières premières et de goulets d'étranglement plus contraignants en termes d'approvisionnement". Le FMI cite le Mexique, deuxième économie d'Amérique latine, qui devrait afficher "une croissance plus faible que prévu début 2014, en raison de la faiblesse de la demande externe et de l'activité de construction", même si les prévisions sont quasi-inchangées: 2,4% en 2014 (identique à juillet) puis 3,5% en 2015 (+0,1 point). L'institution basée à Washington s'inquiète aussi pour l'Argentine, troisième économie de la région, où il pointe du doigt "des déséquilibres macroéconomiques et de politique qui s'aggravent et qui se manifestent à travers une forte inflation, une croissance négative et un différentiel qui se creuse entre les taux de change officiel et parallèle". Il prévoit un recul du PIB de 1,7% en 2014 puis de 1,5% en 2015. La situation est plus grave encore au Venezuela, où la politique économique du gouvernement a conduit selon le Fonds à "une pénurie généralisée, un effondrement de la croissance et une inflation qui dépasse désormais les 60%" sur un an. Sans surprise, le PIB devrait plonger de 3% en 2014 puis de 1% en 2015. Enfin, le FMI prend acte du "fort ralentissement, inattendu, au Chili et au Pérou cette année" mais met en avant l'une des exceptions de la région, la Colombie, où "la croissance devrait rester robuste (4,8% attendu en 2014 puis 4,5% en 2015), grâce à une solide activité de la construction".