Les cours du pétrole ont encore nettement creusé leurs pertes, avant-hier, à New York, après avoir enregistré la veille leur pire chute depuis novembre, dans un marché toujours pénalisé par des craintes d'inflexion de la politique monétaire américaine. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août, dont il s'agissait du premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a glissé de 1,45 dollar à 93,69 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a fini tout juste au-dessus du seuil symbolique de 100 dollars, à 100,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,24 dollar. Sur les deux dernières séances, les cours de l'or noir sur la place new-yorkaise, qui s'étaient nettement appréciés depuis début juin ont enregistré une chute de plus de 4,50 dollars, pour le contrat de livraison en août, après avoir vainement tenté de reprendre leur souffle vendredi en début d'échanges. Le petit mouvement de pause n'a pas duré et les cours ont vite cédé aux inquiétudes liées à la réduction annoncée des injections de liquidités de la Réserve fédérale américaine et de la hausse nette des rendements sur le marché obligataire, a commenté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. En effet, ces injections de 85 milliards de dollars par mois dans le système financier américain ont concouru à l'attractivité des actifs jugés risqués - comme les matières premières et le brut - d'une part à cause de l'affaiblissement du dollar et d'autre part à cause de la baisse générale des taux d'intérêt. La remontée de ces taux signifie qu'il devient plus onéreux pour les courtiers d'emprunter afin de financer leurs investissements en contrats à terme de brut, ce qui pourrait durablement affecter la demande sur le marché du pétrole, a expliqué Andy Lipow. Le marché du pétrole a été contaminé par la vague d'anxiété qui s'est emparée des marchés financiers mondiaux, a commenté quant à lui John Kilduff, de Again Capital. Et les difficultés de la Chine, le deuxième consommateur de brut au monde, continuent de faire trembler les opérateurs, a noté M. Kilduff au lendemain de l'annonce par la banque HSBC de la plus forte contraction de la production manufacturière depuis neuf mois du géant asiatique en juin. On a désormais peur qu'une crise bancaire éclate dans ce pays crucial pour la demande en brut, a ajouté Phil Flynn de Price Futures Group, alors que la Banque centrale de Chine (PBOC) mène une politique de forte restriction de l'accès au crédit en raison du niveau élevé de mauvaises créances détenues par les banques chinoises. Une situation géopolitique instable au Moyen-Orient, en Syrie notamment, et l'explosion d'un oléoduc au Nigeria ont légèrement limité la tendance baissière, selon les analystes. Mais la volatilité est de retour et les jours de hausse continue, nourris par le carburant que l'on pensait sans limite de la Fed, semblent désormais derrière nous, a estimé M. Flynn. En Asie, le pétrole était quasi inchangé dans les échanges matinaux, après la chute de la veille provoquée par la perspective d'un assèchement du soutien de la Fed à l'économie américaine et un mauvais indicateur chinois, deuxième consommateur de brut au monde. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août --premier jour de cotation à cette échéance-- était inchangé à 95,40 dollars US tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août également, gagnait 5 cents à 102,20 dollars. "Il n'existe aucun facteur de soutien pour les prix du brut en ce moment", a déclaré Victor Shum, analyste chez IHS Purvin and Gertz à Singapour. "Les contrats à terme sur le pétrole vont continuer d'être orientés à la baisse, de concert avec les marchés boursiers, après l'annonce de la Fed et les chiffres décevants sur la production manufacturière chinoise".