Les investissements chinois à l'étranger ont quasiment doublé sur un an en septembre, surpassant une fois encore les investissements étrangers en Chine, lesquels accusent un net repli depuis le début de l'année, selon des chiffres officiels publiés avant-hier. Hors secteur financier, les investissements chinois à l'étranger ont totalisé 9,79 milliards de dollars le mois dernier, gonflant de 90,5% par rapport à septembre 2013, a indiqué le ministère du Commerce. Ils avaient plus que doublé sur un an en août, à 12,62 milliards de dollars. A l'inverse, les investissements directs étrangers (IDE) en Chine (hors secteur financier) restent à la peine: ils n'ont progressé que de 1,9% sur un an en septembre, à 9,01 milliards de dollars --après avoir plongé de 14% en août, à 7,20 milliards, leur plus bas niveau depuis 4 ans. Pékin, désireux de sécuriser ses approvisionnements de matières premières et ses débouchés commerciaux en plein ralentissement de sa croissance économique, soutient activement le développement à l'international des firmes chinoises, les poussant à multiplier les acquisitions. Et les autorités s'attendent à ce que les investissements chinois hors du pays dépassent le volume des IDE en Chine sur l'ensemble de l'année. De fait, sur les neuf premiers mois de 2014, les investissements chinois à l'étranger étaient en hausse de 21,6% par rapport à la période équivalente de 2013, à 74,96 milliards de dollars. A l'inverse, sur la période janvier-septembre, les IDE en Chine étaient en recul de 1,4% sur un an, à 87,36 milliards de dollars. Selon Shen Danyang, porte-parole du ministère du Commerce, l'irrésistible ascension des investissements chinois à l'étranger peut être attribuée "à de robustes dynamiques de marché" reflétant autant une nécessité pour les firmes chinoises qu'une demande dans les pays concernés. Sur les neuf premiers mois de l'année, les investissements chinois à destination de l'Union européenne ont plus que triplé (+218%), à quelque 9 milliards de dollars. Ceux vers le Japon ont grimpé de 150%, ceux vers la Russie de 69,7%, ceux vers Hong Kong de 19,5%, tandis que les Etats-Unis enregistraient une hausse de 28,2% (à 3,95 milliards de dollars), d'après le ministère. Par contraste, sur la même période, les investissements nippons en Chine ont plongé de 43% à 3,39 milliards de dollars, alors que s'avivaient les tensions géopolitiques entre Pékin et Tokyo. Les investissements américains dans le pays ont reculé de 24,7% à 2,17 milliards, et ceux en provenance de l'UE de 18,8% à 4,84 milliards. En revanche, les investissements de Corée du sud ont bondi de 32,5%, et ceux du Royaume-Unis ont gonflé de 32,3% (à 1,01 milliard de dollars) --à la faveur d'un réchauffement des relations entre les deux pays. "Nous restons confiants dans l'attractivité de la Chine pour les investissements, et la plupart des multinationales et firmes étrangères ont confiance dans l'environnement chinois", a assuré Shen Danyang. De vastes enquêtes lancées par Pékin sur les pratiques commerciales de groupes étrangers --pharmaceutiques, agroalimentaires ou encore automobiles-- ont cependant vivement inquiété ces derniers mois la communauté des investisseurs étrangers. Et sur d'autres plans, la deuxième économie mondiale semble avoir perdu son lustre en tant que terre d'investissements: elle connaît un vif ralentissement de l'activité et, suite au renchérissement continu de la main-d'œuvre dans le pays, la Chine subit la concurrence du Sud-est asiatique (du Vietnam entre autres). Enfin, des responsables chinois pointent du doigt les politiques de "ré-industrialisation" menées par Washington et d'autres pays occidentaux. "Ces dernières années, certains pays développés ont musclé leurs efforts pour faire revenir chez eux les activités (de production) de certains secteurs manufacturiers et industriels en vue de doper leur économie. Cela a plombé les investissements dans ces mêmes secteurs en Chine", a ainsi récemment expliqué à la presse le porte-parole des Douanes, Zheng Yuesheng.
Nette progression des prêts bancaires Par ailleurs, le volume des prêts accordés par les banques chinoises a nettement progressé en septembre par rapport à août, selon des chiffres rendu public, mais des assouplissements plus vigoureux du crédit seront nécessaires pour soutenir l'activité, estimaient des analystes. Les établissements bancaires ont accordé 857,2 milliards de yuans (109,9 milliards d'euros) de nouveaux prêts le mois dernier, contre 702,5 milliards en août, soit une hausse de 22%, a annoncé la banque centrale chinoise (PBOC). Ces prêts bancaires avaient déjà quasiment doublé entre juillet et août. Le niveau de septembre est supérieur à la prévision médiane des économistes interrogés par le Wall Street Journal, mais reste bien en deçà du volume de prêts de 1 080 milliards de yuans enregistré en juin. De l'avis des analystes, la récente progression peut s'expliquer par les mesures "ciblées" d'assouplissement monétaire adoptées au printemps, qui visaient notamment à encourager les prêts aux petites entreprises en réduisant les taux de réserves obligatoires des banques. Par ailleurs, la PBOC a procédé le mois dernier à l'injection de 500 milliards de yuans (63 milliards d'euros) dans les cinq plus gros établissements bancaires du pays --perçue comme un moyen d'assouplir encore les conditions de crédit. "Les nouveaux prêts sont revenus à un niveau normal, probablement grâce aux actions de la banque centrale", ont observé les analystes d'ANZ Liu Ligang et Zhou Hao. Et les conditions d'obtention des prêts immobiliers ayant été considérablement facilitées depuis fin septembre, ces derniers devraient également gonfler dans les mois qui viennent. Pourtant, la situation d'ensemble reste "peu réjouissante", prévenaient les experts d'ANZ, estimant que la lutte de Pékin contre la "finance de l'ombre" --c'est-à-dire les firmes de crédit officieuses et non régulées-- continue d'assombrir le tableau et de peser sur le crédit. De fait, l'agrégat appelé "social financing" --une mesure large du crédit incluant aussi les financements disponibles en dehors des banques-- s'est établi en septembre à 1 050 milliards de yuans (135 milliards d'euros). Ce chiffre signale certes une progression par rapport à août, mais il est très en dessous du niveau de septembre 2013 (1 400 milliards de yuans). Un écart qui peut s'expliquer par le net ralentissement de l'activité, alors que la croissance économique chinoise pourrait avoir dégringolé au troisième trimestre à son plus bas niveau depuis cinq ans, selon une prévision médiane d'analystes. "La demande de crédit de la part de l'économie réelle reste faible", a confirmé Ma Xiaoping, experte de la banque HSBC. Dans ces conditions, "il y a encore des marges de manoeuvre pour des assouplissements supplémentaires (de la part de la PBOC), probablement toujours de façon très ciblée", a indiqué Mme Ma.