Le volume des prêts accordés par les banques chinoises a fortement progressé en juin par rapport à mai, selon des chiffres officiels publiés, alors que Pékin tente d'assouplir le crédit de façon ciblée pour doper l'économie. Les établissements bancaires ont accordé 1 080 milliards de yuans de nouveaux prêts le mois dernier contre 870,8 milliards de yuans en mai et 774,7 milliards de yuan en avril, a annoncé la banque centrale chinoise (PBOC) dans un communiqué. Ce niveau, qui surpasse les attentes des analystes, s'établit également bien au-delà des 860,5 milliards de yuans de prêts enregistrés il y a un an, en juin 2013. L'agrégat appelé "social financing", une mesure large du crédit, qui inclut aussi les financements disponibles en dehors du système bancaire, a gonflé en juin à 1 970 milliards de yuan contre 1 400 milliards de yuan en mai, a précisé la PBOC. Néanmoins, les chiffres "montrent que les activités de la 'finance de l'ombre' continuent de se contracter" sous les efforts des autorités pour réguler plus strictement le secteur, et que "les prêts des banques sont redevenus le premier moyen de financement des entreprises", a commenté Liu Li-Gang, économiste de la banque ANZ. La banque centrale chinoise (PBOC) a adopté ces derniers mois plusieurs mesures ciblées pour encourager les établissements financiers à accorder davantage de prêts à des secteurs spécifiques, sans alimenter pour autant une nouvelle embardée du crédit à des fins "non productives" ou spéculatives. La PBOC a ainsi autorisé les banques "rurales", puis les établissements bancaires "accordant des prêts au secteur agricole ou aux petites entreprises" à diminuer le niveau des réserves obligatoires qu'elles doivent mettre de côté. Le gouvernement a par ailleurs sensiblement accéléré les dépenses dans des projets d'infrastructures, ce qui a contribué à renforcer les dépôts bancaires, et élargit donc la marge de manœuvre des banques pour gonfler le crédit au deuxième semestre, a estimé M. Liu. "L'importance du crédit (en juin) devrait jeter des bases solides pour la reprise économique", a salué dans une note Liu Dongliang, analyste de China Merchants Bank. La croissance économique chinoise a connu un net ralentissement au premier trimestre, glissant à 7,4%, au plus bas depuis un an et demi. En dépit des mesures de soutien du gouvernement, elle n'a pas réussi à accélérer au deuxième trimestre, selon un panel d'analystes. Cependant, "le gonflement excessivement rapide des prêts bancaires pourrait excéder les besoins et nourrir des bulles d'endettement", incitant la PBOC à resserrer in fine sa politique monétaire si ces risques se précisaient, a averti Liu Dongliang. Si Pékin a exclu tout plan de relance massif pour doper l'économie chinoise, en net ralentissement depuis le début de l'année, bon nombre d'analystes s'attendent cependant à de nouveaux coups de pouce ciblés des autorités dans les prochains mois. Dans son communiqué diffusé mardi, la PBOC a par ailleurs indiqué que les réserves en devises étrangères de la Chine avaient atteint l'équivalent de 3 990 milliards de dollars fin juin, niveau record, contre 3 950 milliards de dollars mois auparavant. "Il s'agit de la plus petite progression trimestrielle depuis fin 2012", a observé Julian Evans-Pritchard, analyste de Capital Economics, qui estime que "les fluctuations des taux de changes ont pu entamer de 10 milliards la valeur en dollars de ces réserves". Les colossales réserves en devises étrangères de la Chine, dont les autorités ne dévoilent pas la répartition détaillée, ont plus que quadruplé depuis 2005, reflétant le déséquilibre des échanges extérieurs de la deuxième économie mondiale.