La Bourse de Tokyo a encore clôturé en nette baisse vendredi, peinant à relever la tête après un décrochage des marchés financiers, rattrapés par la peur devant les sombres perspectives économiques. A l'issue des échanges, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a affiché un recul de 1,40% (-205,87 points) à 14 532,51 points, son plus bas niveau en cinq mois. En seulement quatre jours (lundi était férié), il a fléchi de 5%, son pire recul hebdomadaire depuis avril. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé pour sa part 1,53% (-18,28 points) à 1 177,22 points. La séance, particulièrement active avec 2,75 milliards de titres échangés sur le premier marché, a de nouveau été marquée par un regain du yen, perçu comme une valeur refuge en ces temps incertains. A la clôture de la place tokyoïte, le dollar se repliait par rapport aux premières heures de la matinée (106,20 yens), tout comme l'euro (135,99 yens), un mouvement défavorable aux titres des groupes exportateurs nippons. La Bourse avait pourtant débuté la journée sur une note positive, dans le sillage des marchés européens et américains qui, eux, étaient parvenus à se reprendre jeudi, bien que modestement. Mais au fil des heures, la tendance s'est inversée sans réelle raison dans une séance dépourvue d'annonces majeures. Gagnés par l'anxiété, les investisseurs ne retrouveront pas le sourire tant que Wall Street ne rebondira pas nettement, estiment les analystes. Après avoir atteint mi-septembre son plus haut niveau de clôture depuis 2007, le Nikkei 225 a plongé depuis de plus de 10%, un seuil qualifié de "phase de correction" par les courtiers. Aux inquiétudes macro-économiques globales, s'ajoute la situation de l'archipel nippon lui-même, bien mal en point depuis une hausse de la taxe sur la consommation début avril, destinée à enrayer l'énorme dette publique du pays (250% du PIB).
Recruit en pleine forme Le Japon pourrait de surcroît être heurté par une nouvelle augmentation de "TVA" à l'automne 2015. Le gouvernement doit se prononcer dans les semaines à venir, mais le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, l'a de nouveau mis en garde vendredi contre un report de cette mesure. "Cela risquerait d'ébranler la confiance du marché dans les efforts de réforme fiscale du Japon et la BoJ aurait alors du mal à faire face (aux turbulences)", a-t-il déclaré au Parlement. Dans ce contexte maussade, les donneurs d'ordres ont boudé pas moins de 193 titres du Nikkei 225, parmi lesquels les constructeurs automobiles Toyota (-2,51% à 5 731 yens) et Nissan (-3,69% à 918 yens), le fabricant d'appareils photo Canon (-1,89% à 3 180 yens) ou encore le brasseur Asahi (-2,86% à 3 032,5 yens). Mais c'est Fujifilm qui a signé la plus forte baisse (-5,89% à 3 223 yens), probablement victime de prises de bénéfices après de récents gains liés à l'antiviral Avigan, produit par sa filiale Toyama Chemical, qui suscite des espoirs dans le traitement du virus Ebola. D'autres grands noms, comme l'électronicien Sony (+0,86% à 1.805 yens), le groupe de télécommunications Softbank (+0,70% à 6.828 yens), ont à l'inverse résisté à la débâcle. Hors de l'indice vedette, Japan Display a encore abandonné plus de 8% à 330 yens, après avoir sabré ses prévisions annuelles pour cause de difficultés face à ses rivaux asiatiques. Le premier fabricant mondial d'écrans de Smartphones et tablettes s'était déjà effondré de plus de 18% jeudi. A l'inverse, le numéro un japonais de l'intérim Recruit Holdings a accentué son avance au lendemain de premiers pas boursiers réussis (+7,4%). Il a ainsi gagné 6,45% à 3 545 yens.
Investisseurs attentifs à Wall Street cette semaine La Bourse de Tokyo sera attentive cette semaine aux évolutions de Wall Street après une semaine éprouvante qui a vu l'indice Nikkei chuter fortement à l'instar des grandes places financières mondiales. En l'espace de trois semaines, alors qu'il avait touché un plus haut en sept ans à 16 374,14 points, il a plongé de plus de 10%, ce qui laisse penser que le marché est maintenant en phase de correction. "Il est possible que ce mouvement (à la baisse) soit le signal d'une possible reprise prochaine de l'ensemble du marché , a indiqué Makoto Sengoku, analyste chez Tokai Tokyo Research Centre. "Le marché a fléchi et il redevient attractif. Après une période de confusion, nous sommes peut-être au début de la fin d'une période d'ajustement", a-t-il ajouté. Selon les analystes, la Bourse de Tokyo surveillera les marchés américains pour trouver une direction. Les investisseurs scruteront de près les résultats d'entreprises aux Etats-Unis. Ils seront par ailleurs attentifs aux chiffres du commerce extérieur au Japon en septembre attendus mercredi. De plus la Chine doit publier la semaine prochaine plusieurs indicateurs de premier ordre dont le Produit intérieur brut (PIB) pour le troisième trimestre ainsi que les derniers chiffres sur les ventes au détail et la production industrielle. "Il est probable que l'indice Nikkei va être sensible aux mouvements à la hausse et à la baisse de la place new-yorkaise", a relevé Daiwa Securities dans une note. "Si le Dow Jones se stabilise... ce pourrait être le bon moment d'achats à bon compte, a-t-il ajouté. Toutefois, "nous constatons qu'une aversion au risque affecte l'ensemble des marchés actions", a fait valoir Yutaka Miura, analyste chez Mizuho Securities. "Si les marchés américains continuent à être vendeurs, il y a peu de chance que les marchés japonais n'en soient pas affectés, au moins jusqu'à la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, prévue le 29 octobre prochain", a-t-il ajouté. Les marchés américains et européens sont parvenus à relever la tête en fin de semaine dans un climat toujours très tendu, récupérant un peu du terrain perdu au cours de la semaine lorsqu'ils avaient paniqué devant la dégradation de l'économie mondiale.