La croissance de la production manufacturière chinoise s'est accélérée légèrement en octobre, malgré une demande toujours morose, selon un indice préliminaire publié par HSBC, sur fond d'inquiétudes persistantes sur la vigueur de la deuxième économie mondiale. L'indice PMI des directeurs d'achat calculé par la banque HSBC (encore provisoire, le mois n'étant pas achevé) s'est établi pour octobre à 50,4, contre 50,2 en septembre. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction. L'indice définitif sera dévoilé le 3 novembre. "Le secteur manufacturier s'est sans doute stabilisé quelque peu en octobre, mais l'économie montre toujours des signes d'affaiblissement de la demande", a tempéré Qu Hongbin, économiste chez HSBC. De fait, de l'avis de certains experts, la hausse de l'indice PMI s'explique avant tout par la reprise solide du marché de l'emploi, qui estompait les chiffres plus moroses sur la demande. Dans le détail, "la demande intérieure comme celle à l'international" marquent le pas, et "les pressions déflationnistes s'intensifient, avec de nouveaux replis des indices des prix d'achat et de vente" du secteur manufacturier, a d'ailleurs expliqué M. Qu. Le gouvernement avait fait état la semaine dernière d'un fort reflux de l'inflation en septembre, au plus bas depuis presque 5 ans --ce qui alimentait les inquiétudes sur la vigueur de la consommation. La Chine a ensuite annoncé mardi un net ralentissement de la croissance de son PIB au troisième trimestre, à 7,3%, tout en dévoilant cependant une accélération plus forte qu'attendu en septembre de sa production industrielle. "Mais si on regarde le détail des composants de l'indice PMI (publié par HSBC), ce n'est pas très encourageant", insistaient les analystes de la banque Nomura, pointant le ralentissement des nouvelles commandes manufacturières.
Demande morose, l'emploi résiste "Ces signaux mitigés suggèrent que la dynamique de croissance est simplement parvenue à se stabiliser et que d'autres mesures d'assouplissement (monétaire et budgétaire) seront nécessaires pour stimuler la croissance", ont-ils ajouté. "Nous croyons que le gouvernement l'a déjà compris et qu'il s'engage sur cette voie". Les autorités avaient adopté au printemps "un mini-plan de relance" -- des réductions fiscales, et un assouplissement très limité de règles bancaires pour encourager les prêts aux petites entreprises --, mais dont les effets s'étaient avérés très temporaires. La banque centrale (PBOC) a ensuite procédé en septembre, puis à nouveau en octobre --selon des médias--, à de vastes injections de liquidités dans des établissements bancaires; une manière de doper le crédit. Enfin, Pékin a révisé fin septembre les conditions d'obtention de prêts immobiliers, en vue de relancer les ventes de logements --en chute de plus de 10% (en valeur) depuis le début de l'année. Le vif refroidissement du marché immobilier, pilier du PIB chinois, a fortement assombri la conjoncture et plombe l'activité. Pour autant, "la situation reste saine sur le front de l'emploi", une des priorités affichées par le Premier ministre Li Keqiang, "comme sur celui de la croissance des revenus", d'un rythme supérieur à celle du PIB chinois, a souligné Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics. Le gouvernement a fait état mardi de 10,87 millions de créations d'emplois citadins sur les neuf premiers mois de l'année, soit 190 000 de plus que durant la même période de 2013. Par ailleurs, "les craintes persistent quant à la montée des risques de crédit" --alors que Pékin, justement, veut continuer d'enrayer l'envolée des dettes publiques et privées, a poursuivi l'expert. Dans ces conditions, "les dirigeants chinois éviteront de déclencher des mesures de relance massives" et opteront pour des coups de pouce ciblés et limités, a-t-il estimé.