Une enquête réalisée par des experts néerlandais sur la filière lait en Algérie fait ressortir des résultats peu reluisants. L'expert néerlandais, le Dr Van der Meijs, qui a présenté hier les résultats de l'enquête, a dressé un état des lieux qui fait ressortir un grand retard dans l'exploitation laitière. En effet, les résultats de l'enquête ont mis en exergue une série de problèmes en plus des chiffres établis sur la consommation. L'Algérie dispose, selon le rapport, d'un cheptel de 900 000 vaches laitières et de 190 000 exploitations. Quant à la consommation nationale, elle est en permanente hausse, d'après l'expertise néerlandaise. Selon l'enquête, l'Algérien consomme 120 litres de lait par an. Cela a été qualifié par l'expert néerlandais d'excessivement élevé surtout quand on sait que la majorité du lait consommé est importé et subventionné par l'Etat. Cependant, ce rapport a été contesté par les représentants du ministère de l'Agriculture et du développement rural. Pourtant, c'est ce même département qui a demandé à ce que les néerlandais fassent ce travail d'expertise dans le cadre de la coopération bilatérale. Le ministère de l'Agriculture estime que certains chiffres ont été exagérés. En tout cas, en ce qui concerne la consommation, les chiffres de l'enquête reflètent la réalité. Les besoins de consommation de l'Algérie en lait et produits laitiers sont estimés actuellement à 3,5 milliards de litres. La production locale est évaluée à un peu plus de 2 milliards (dont 10 à 15 % sont collectés pour l'industrie laitière). Cette production est régulée par des importations sous forme de poudre de lait, évaluée à plus d'un milliard de litres, qui coûte annuellement à l'État entre 600 et 800 millions de dollars, et qui fait de l'Algérie l'un des plus importants importateurs au niveau mondial. L'Algérien consomme aujourd'hui un peu plus de 115 litres/an/habitant, devançant le Tunisien à 85 litres et le Marocain à 65 litres, mais loin derrière le consommateur européen qui consomme plus de 300 litres/an. Pour faire face à cette situation intenable, l'Etat a mis en place dans le cadre du FNRDA (Fonds National de Régulation du Développement Agricole) un système de subventions, comme la prime d'incitation à la production locale de lait livré à la transformation, à raison de 7 DA/litre, la prime à la collecte et livraison de lait cru, à raison de 4 DA/litre et une prime de 2 DA/l pour le transformateur. Il existe aussi des subventions pour l'investissement à la ferme pour les éleveurs qui disposent de plus de 6 vaches. Mais la dépendance de l'importation pour ce qui est de la matière première, qui est la poudre de lait, a mis à nu les failles de la filière laitière algérienne. La hausse des prix sur le marché international de la poudre de lait a provoqué une crise sans précédent pour la filière. Ce qui oblige aujourd'hui les pouvoirs publics à réfléchir à mettre en œuvre une stratégie à long terme. A noter enfin que le rapport de cette investigation a été présenté à l'occasion d'un séminaire portant sur la recherche des possibilités de coopération entre l'Algérie et les Pays-Bas dans la filière lait, qui s'est tenu hier à l'hôtel Sofitel à Alger. Ce séminaire fait partie du programme de la mission économique multisectorielle néerlandaise qui se déroule à Alger du 5 au 8 novembre 2007.