Nicolas Sarkozy a exalté à Washington l'amitié entre la France et les Etats-Unis, dont il a dit vouloir "reconquérir le coeur", un peu plus de quatre ans et demi après le refus du président Jacques Chirac de soutenir l'intervention militaire américaine en Irak en 2003. "Je veux reconquérir le coeur de l'Amérique et reconquérir le coeur de l'Amérique de façon durable", a déclaré le président français dans un toast, lors d'un dîner offert en son honneur par le président George Bush à la Maison Blanche. "Nous sommes des amis, nous sommes des alliés depuis toujours et pour toujours", a-t-il ajouté. "Notre destin est commun, c'est celui de deux peuples libres qui croient dans la liberté, qui veulent la liberté et qui défendent la liberté." Le bras de fer sur la crise irakienne avait entraîné une dégradation des relations franco-américaines, qui n'ont commencé à se réchauffer qu'à la fin du mandat de Jacques Chirac. La France n'est véritablement de nouveau "à la mode" aux Etats-Unis que depuis l'élection, en mai, de Nicolas Sarkozy. "Je suis venu vous dire qu'on peut être l'ami de l'Amérique et gagner les élections en France. Ce n'est pas un miracle, c'est une réalité", a ironisé celui que ses détracteurs ont surnommé en France "Sarkozy l'américain". Il a salué l'attitude des Américains après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, revendiqués par le réseau islamiste Al-Qaïda. "Le 11 septembre, les terroristes ont cru mettre à genoux l'Amérique. Moi je vais vous dire qu'en France on n'a jamais trouvé l'Amérique si grande, si courageuse et si digne que le 11 septembre", a-t-il dit. "Le 11 septembre, nous étions tous fiers de l'Amérique et des Américains." Nicolas Sarkozy a souligné que le terrorisme était pour la France et les Etats-Unis un des défis à relever ensemble, avec l'extrémisme religieux, la prolifération nucléaire, la lutte contre la misère, le développement et la création d'un "nouvel équilibre entre l'homme et la nature pour sauver la planète". George W. Bush, qu'il retrouvera mercredi pour une réunion et un déjeuner de travail, l'avait pour sa part salué en français d'un "bienvenue à la Maison Blanche". Il avait rappelé qu'en 1777 "un autre George W." - George Washington, premier président des Etats-Unis, avait accueilli en Amérique un autre Français", le marquis de Lafayette. George et Laura Bush, Nicolas Sarkozy et plus de cent invités ont eu droit à un dessert baptisé "L'héritage de Lafayette", avant d'assister à une reconstitution historique mettant en scène le marquis français et George Washington. Dans l'après-midi, devant la cinquantaine de grands patrons français et américains du French American Business Council, Nicolas Sarkozy avait souligné que le peuple français avait une "dette éternelle" envers le peuple américain pour son rôle dans les deux guerres mondiales du XXe siècle. "On a eu un désaccord sur l'Irak mais ce désaccord ne doit pas remettre en cause l'amitié, l'alliance et la solidarité entre nous", avait ajouté le président français. Il avait assuré que "le peuple français aime le peuple américain" non sans ajouter : "Les élites françaises, c'est autre chose ...". Et il avait dit son admiration pour un pays qui a eu pour chefs de la diplomatie Madeleine Albright, Colin Powell et Condoleezza Rice. "Ce n'est pas des Américains de longue tradition et ça fait plus de 20 ans que votre ministre des Affaires étrangères est un Américain venu d'ailleurs", a-t-il déclaré. Si les parents de Madeleine Albright avaient émigré de Tchécoslovaquie et ceux de Colin Powell de Jamaïque, l'actuelle secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice est en fait issue de la classe moyenne noire américaine. Nicolas Sarkozy voulait dresser un parallèle avec son propre gouvernement et la délégation qui l'accompagne : un chef de la diplomatie venu du Parti socialiste, Bernard Kouchner ; une femme pour la première fois en France ministre de l'Economie, Christine Lagarde ; une Garde des Sceaux de parents maghrébins, Rachida Dati, et une secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme d'origine sénégalaise, Rama Yade. "Ce qu'on a voulu, c'est donner l'image d'une France nouvelle, d'une France jeune, d'une France ambitieuse, d'une France ouverte, d'une France multiple, d'une France qui rayonne, d'une France qui tant la main, d'une France qui n'a pas peur, d'une France amie des Etats-Unis d'Amérique", a lancé le chef de l'Etat, au comble de l'exaltation, en conclusion d'un discours devant la communauté française, à l'ambassade de France.