Le président soudanais Omar Hassan el-Béchir a crié victoire samedi face à la Cour pénale internationale (CPI). La juridiction de La Haye a annoncé vendredi qu'elle interrompait son enquête sur les crimes de guerre au Darfour en raison d'un manque de soutien du Conseil de sécurité de l'ONU. "Ils voulaient que l'on s'agenouille devant la Cour pénale internationale, mais la CPI a reconnu son échec", a lancé le chef de l'Etat soudanais dans un discours. "Les Soudanais ont fait échec à la CPI et refusé de livrer quelque Soudanais que ce soit à la justice colonialiste". La juridiction internationale avait inculpé en 2009 Omar el-Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Elle avait aussi engagé des poursuites contre le ministre soudanais de la Défense Abdel Raheem Muhammad Hussein, l'ex-ministre de l'Intérieur Ahmed Haroun et le chef de la milice janjawid, Ali Kushayb.
M. Béchir voyage sans souci Mais sa procureure a annoncé vendredi la suspension des enquêtes. "Je n'ai pas d'autre choix que de geler les investigations au Darfour", a déclaré Fatou Bensouda devant le Conseil de sécurité. Elle a précisé qu'elle assignait "les ressources à d'autres dossiers urgents, en particulier ceux pour lesquels un procès est proche". La magistrate gambienne a reproché au Conseil de sécurité de n'avoir pas suffisamment insisté pour obtenir l'arrestation d'Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 25 ans. La CPI avait informé le Conseil de sécurité en 2010 de l'absence de coopération du Soudan. La juridiction faisait remarquer que le Kenya, Djibouti, la République démocratique du Congo et le Tchad n'avaient pas procédé à l'arrestation du président soudanais lorsqu'il visitait ces pays.
Soutien de la Chine Les violences au Darfour ont fait plus de 300'000 morts et deux millions de déplacés depuis le début d'une insurrection en 2003. Des rebelles appartenant à des tribus non arabes dénonçaient une marginalisation. Fatou Bensouda a fait état de "nouveaux déplacements de masse" cette année. Le Conseil de sécurité de l'ONU est divisé sur la stratégie à adopter au sujet du Darfour, car le régime de Khartoum a un allié de poids: la Chine. La procureure a évoqué les accusations de viol collectif que des soldats soudanais auraient commis sur 200 femmes et filles, fin octobre, dans un village du Darfour-Nord. Ces accusations "devraient choquer le Conseil et provoquer une réaction", a-t-elle estimé.