La production mondiale de céréales devrait atteindre un niveau record en 2014, ce qui n'empêche pas l'insécurité alimentaire de s'aggraver à cause des conflits et de l'épidémie d'Ebola notamment, annonce jeudi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La récolte de céréales devrait dépasser les 2,5 milliards de tonnes en 2014, grâce à "des conditions culturales favorables en Europe et une production record de maïs aux Etats-Unis", prévoit la FAO dans un communiqué. Les stocks atteindront leur plus haut niveau depuis 2000, car la production dépasse la consommation. Mais le nombre de pays concernés par l'insécurité alimentaire augmente malgré tout: la FAO en dénombre désormais 38 (dont 29 en Afrique), contre 28 en octobre dernier, à cause des "troubles civils, des conditions climatiques et de l'épidémie d'Ebola". Ebola "a eu un impact très négatif sur l'agriculture et l'alimentation en Afrique de l'Ouest, car elle a commencé à se propager au moment où les cultures venaient d'être plantées, puis elle a englobé l'ensemble du cycle agricole, en particulier en Guinée, au Liberia et au Sierra Leone", explique la FAO. Les prix locaux du riz et du manioc, aliments de base dans la région, ont connu des "augmentations notables" en septembre, notamment à Freetown, la capitale de la Sierra Leone. Dans le Sahel, une météo défavorable risque de faire reculer fortement la production, particulièrement au Sénégal. Dans une Syrie en pleine guerre civile, la situation est "particulièrement urgente". Sécheresse, abandon des terres, main d'œuvre rare, dégâts aux centrales électriques et aux canaux d'irrigation ont fait chuter les récoltes. Résultat: 6,8 millions de personnes, dont beaucoup sont réfugiées dans les pays voisins, "sont confrontées à une insécurité alimentaire grave". La situation est également grave en Irak et en Centrafrique. Un tiers de la population centrafricaine "a besoin d'aide alimentaire d'urgence", alors que les prix des produits agricoles ont bondi de 70% en 2014. Les flux de réfugiés accroissent la pression sur certains pays, notamment au Tchad où un demi-million de personnes ont besoin d'aide pour se nourrir. Au Sud-Soudan, au Soudan et en Somalie, six millions de personnes sont dans le même cas, malgré les livraisons d'aide humanitaire. Les prix des aliments restent élevés dans ces pays, notamment le sorgho qui coûte quatre fois plus cher dans les zones de conflits. En Afrique australe, la situation est meilleure grâce à l'abondance de l'offre de maïs, qui a fini par faire fléchir les prix. Au Zimbabwe, le nombre d'habitants souffrant d'insécurité alimentaire a même reculé de 80%. En Amérique centrale, la très bonne récolte de maïs attendue au Mexique pourrait compenser les effets de la sécheresse qui avait contraint 400 000 familles à recourir à l'aide alimentaire début 2014, au Honduras, au Salvador et au Guatemala.