«C'est une réunion d'urgence déclenchée par l'escalade de la famine». Annoncée la semaine dernière par le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, une réunion internationale d'urgence des ministres et hauts représentants des Etats membres de la FAO (organisation de l'Onu pour l'alimentation et l'agriculture), d'autres organes des Nations Unies, des organisations intergouvernementales, des ONG et des banques régionales de développement, se tiendra aujourd'hui au siège de l'organisation à Rome, pour tenter de trouver une solution à la crise alimentaire dans la Corne d'Afrique (Somalie, Ethiopie, Kenya, Djibouti, Soudan et Ouganda), causée par la sécheresse. Plus de 12 millions de personnes risquent, effectivement, une malnutrition aigue d'ici la fin de l'année, alors que l'état de famine a été déjà décrété dans deux provinces somaliennes (Bakool, et Lower Shabelle). Les participants doivent trouver une solution pour récolter les fonds nécessaires, afin de financer les programmes d'actions des Nations unis. Selon la directrice des opérations d'urgence de la FAO, Cristina Amaral, «c'est une réunion d'urgence déclenchée par l'escalade de la famine. Son objectif principal est d'attirer l'attention des dirigeants de la planète, c'est un appel aux politiques pour qu'ils se penchent sur les racines du problème de l'insécurité alimentaire». Ils examineront aussi des solutions à long terme, comme l'aide aux paysans et aux éleveurs, ou l'introduction de plantes plus résistantes aux facteurs biotiques et abiotiques. Outre la sécheresse et la guerre civile, la crise a été exacerbée par la flambée des prix du carburant et des principales denrées alimentaires. Selon les experts de la FAO, le maïs et le sorgho (deux céréales d'été et principales graminées de la région) étaient vendus le mois dernier à Mogadiscio (Somalie) aux prix record respectifs de 660 et 670 dollars, soit une augmentation de 106 et 180 %. Mais en dépit de l'urgence d'une solution, les financements se font au compte-goutte. Le secrétaire général des Nations unis a appelé à réunir 1,6 milliard de dollars rien que pour la Somalie. «Les retards peuvent causer encore plus de morts», a-t-il prévenu alors que les agences de l'Onu n'ont reçu que la moitié de la somme nécessaire aux programmes d'assistance. La FAO a également demandé 120 millions de dollars supplémentaires. Autre problème pour l'Onu et ses agences, c'est le moyen d'acheminement de l'aide alimentaire dans les régions contrôlées par la rébellion en Somalie. La directrice du PAM, Josette Sheeran, a annoncé jeudi depuis Mogadiscio que son organisation lancerait «dans les prochains jours un pont aérien» pour fournir l'aide nécessaire aux enfants de Mogadiscio.