Le chef de la milice chiite yéménite a menacé avant-hier de prendre la province de Marib, riche en pétrole et en gaz naturel, que ses miliciens convoitent depuis leur conquête de la capitale en septembre. Le peuple ne restera pas indéfiniment les bras croisés. Si les autorités officielles n'assument pas leurs devoirs, le peuple agira pour épauler les honorables habitants de Marib, a martelé Abdel Malek al-Houthi dans un discours télévisé adressé à ses partisans rassemblés à Sanaa. Le peuple désigne dans le discours des miliciens chiites d'Ansaruallah les comités populaires qu'ils ont installés dans les régions conquises depuis l'offensive qui leur a permis de prendre Sanaa le 21 septembre et d'étendre ensuite leur influence dans le centre et l'ouest du pays. La montée en puissance de la milice chiite au Yémen a affaibli l'autorité étatique dans ce pays allié des Etats-Unis que les violences ont mis au bord du chaos généralisé, malgré les efforts de l'ONU pour trouver une solution politique. Les tentatives des miliciens chiites de progresser dans Marib, à l'est de la capitale, sont restées vaines jusqu'ici face à la résistance des tribus sunnites, fortement armées, et d'Al-Qaïda, bien implanté dans cette province. Abdel Malek al-Houthi a accusé certains hommes de tribus de vouloir offrir Marib à Al-Qaïda et aux takfiris, les salafistes du mouvement sunnite Al-Islah, rival d'Ansaruallah, en évoquant un affrontement meurtrier qui a opposé jeudi des tribus à l'armée. Des hommes de tribus ont stoppé un convoi militaire allant de Marib pour Sanaa et réquisitionné une partie de l'armement lourd du convoi, dont des chars, le soupçonnant d'être destiné aux miliciens chiites déployés plus au nord, à l'entrée de la province de Sanaa, selon des sources tribales et des témoins. Trois soldats ont été tués et d'autres blessés dans les affrontements qui ont alors éclaté, a indiqué la Haute commission de la sécurité (gouvernementale) qui a appelé les tribus à restituer les équipements militaires. Le chef d'Ansaruallah a par ailleurs rejeté de nouveau un Etat fédéral à six régions, dont le principe a été approuvé en janvier 2014 au terme d'une conférence de dialogue national à laquelle son mouvement a participé. C'est un moyen de détruire le Yémen, a-t-il dit à l'adresse de ses partisans. Ces miliciens chiites en armes étaient massivement déployés à Sanaa, à l'occasion du Mouled, l'anniversaire du prophète Mahomet. Ils ont fermé plusieurs artères à la circulation, au lendemain de menaces d'Al-Qaïda d'attaquer les lieux de célébration du Mouled. Par ailleurs, un sous-officier de la police et un soldat ont été tués samedi soir dans deux attaques séparées d'Al-Qaïda dans le sud-est du Yémen, selon des sources policière et militaire. Le sous-officier a été abattu par des hommes à moto alors qu'il rentrait chez lui à Seyoun, deuxième grande ville du Hadramout, a indiqué la source policière. Dans la province voisine de Chabwa, un soldat a été tué et un autre blessé dans l'embuscade de leur véhicule par des combattants d'Al-Qaïda dans le village d'Assaïd, a indiqué la source militaire. L'armée et les forces de sécurité yéménites sont fréquemment la cible d'attaques meurtrières, généralement imputées à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), que les Etats-Unis considèrent comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste.