Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio algérienne, hier, pour, évoquer les conséquences induites par l'attentat terroriste contre l'hebdomadaire satyrique français, Charlie Hebdo, sur les musulmans de France, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa, fait remarquer que "le fait que les auteurs de l'attaque soient d'origine algérienne n'incombe pas la responsabilité aux Algériens", il s'agit, poursuit-il, d'une dérive qui relève d'un problème franco-français" avant d'ajouter que "ce n'est pas l'islam, ni le Coran, ni les musulmans qui sont responsables de l'attentat". Le ministre a estimé d'autre part que l'attentat contre le journal français "Charlie Hebdo", est un "problème franco-français" car, explique-t-il, "les auteurs de l'attaque n'ont jamais séjourné en Algérie, ni fréquenté des mosquées ou des écoles coraniques algériennes ou d'ailleurs", rappelant la solidarité internationale avec la France et la position officielle de l'Algérie suite à l'attentat. Mieux encore, ils n'ont jamais visité ni séjourné en Algérie. Revenant à l'attentat lui-même, il explique ses raisons par des "conditions sociales particulières", mais également par la "stigmatisation et l'islamophobie persistantes distillées lors de pseudo débats intellectuels". Des nouvelles caricatures ciblant le Prophète, il rappelle qu'il s'agit d'une provocation, "qui, prévient-il, n'est pas la dernière" en soi. Pour M. Mohamed Aissa, les conséquences de cet attentat seront, à l'avenir, "lourdes, très lourdes", la stigmatisation touchant " particulièrement les Algériens". Il explique que celles-ci se sentent, déjà, à travers les rapports fournis par l'observatoire sur l'islamophobie dirigé, en France, par le professeur Zekri. Autant M. Aissa considère essentiel d'"immuniser" la communauté algérienne établie en Europe, autant il appelle à arrêter d'"éclabousser" l'Islam, "une religion de modération et d'acception et de convivialité". Mohamed Aissa a tenu, d'autre part, à appeler les Algériens à ne pas céder aux provocations et à respecter les mesures de sécurité imposées par le gouvernement français pour parer à d'éventuels actes terroristes sur le sol français, estimant que la stigmatisation de l'islam risque d'être "lourde" en France et en Europe suite à ces derniers attentats. Les imams algériens détachés dans des lieux de culte fédérés par la grande Mosquée de Paris s'engagent à défendre la vraie image de l'islam en France et dans toute l'Europe afin de montrer qu'il s'agit d'une religion de tolérance et de non violence, a indiqué le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. "Il est prévu que des imams algériens servent dans les mosquées fédérées par la grande Mosquée de Paris et ailleurs pour, notamment, immuniser la communauté nationale établie en France et en Europe et dépoussiérer la face éclaboussée de l'islam", a déclaré M. Aïssa sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. Il a ajouté que les imams concernés, formés dans des instituts spécialisés dans un contexte de déradicalisation, vont "démontrer que l'islam est une religion de modération, de convivialité et de tolérance contrairement aux images de feu et de sang que le fondamentalisme tente de lui coller", soulignant que "l'amalgame islam-terrorisme profite aux extrémismes". Concernant les manifestations de vendredi dernier dans certaines villes d'Algérie, en réaction à ces dernières caricatures sur l'Islam, le ministre observe qu'elles ont été "spontanées". M. Aïssa a indiqué que "les imams n'ont pas appelé, dans leurs prêches, les fidèles à investir la rue", estimant que c'était plutôt un "mouvement spontané, mais qu'il y a eu des tentatives de les récupérer provoquant des situations "qui ne relèvent pas de l'éthique des Algériens". Rappelant que le pape François avait lui-même appelé à ne pas tourner en dérision la religion, M. Aissa estime que la liberté d'expression avait des limites "surtout lorsque celle-ci attente aux sentiments des personnes et à ce qu'ils considèrent comme sacré". Enfin, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa a souligné que le "peuple algérien est immunisé contre ce genre de tentatives et conscient des dangers de l'instrumentalisation de l'islam".