La Banque centrale américaine (Fed) veut éviter un tour de vis "prématuré" et va continuer à soutenir la lente reprise de l'économie américaine grâce à sa politique monétaire ultra-accommodante, a indiqué son président, Ben Bernanke. "Un resserrement prématuré de la politique monétaire (...) comporterait le risque substantiel de ralentir ou d'arrêter la reprise et causerait un plus fort recul de l'inflation", a indiqué le président de la Réserve Fédérale (Fed) devant la Commission économique jointe du Congrès. Les marchés boursiers ont réagi en partant à la hausse en milieu de journée à New York, interprétant ces propos comme une poursuite du plan anti-crise de la Fed mêlant un taux directeur proche de zéro et des rachats d'actifs. Mais M. Bernanke a averti que si des taux bas "étaient maintenus ainsi trop longtemps, cela pourrait saper la stabilité financière" en encourageant les acteurs financiers, à la recherche de rendements, à prendre davantage de risques. Evoquant les rachats d'actifs, qui conduisent la Fed à injecter 85 milliards de dollars de liquidités chaque mois dans le système financier, M. Bernanke a répété que la Fed était prête à "en augmenter ou diminuer le rythme", suivant l'évolution de l'économie. Il faudrait ajuster le volume des rachats "Tout changement dans le flux des achats dépendra des données publiées et de notre évaluation de l'évolution du marché de l'emploi et de l'inflation", a expliqué aux élus M. Bernanke, ajoutant toutefois que le rythme des achats pourrait être ralenti "au cours des prochaines réunions" du Comité monétaire de la Fed (FOMC). Selon les minutes de la réunion du Comité monétaire de début mai publiées mercredi, plusieurs membres du FMOC ont estimé qu'il faudrait "ajuster" ce volume de rachats dès la prochaine réunion de juin si d'ici là "il y a des signes évidents de croissance forte et soutenue". La Fed a souligné que la croissance américaine avait continué de progresser à un "rythme modéré" (2,5% en rythme annualisé au premier trimestre). L'Europe fait toutefois peser des risques sur son évolution, selon ses minutes. Le marché de l'emploi reste "faible" en dépit d'"améliorations". Le taux de chômage, en très lent recul, s'est situé à 7,5% en avril et, comme l'a souligné M. Bernanke, quelque 8 autres millions d'Américains travaillent à temps partiel "bien qu'ils préfèreraient avoir un travail à temps plein". Il a estimé que, "dans les prochaines années", l'inflation devrait rester autour ou sous la barre des 2%, qui constitue l'objectif visé par la Fed pour promouvoir à la fois l'emploi et la stabilité des prix. L'indice des prix aux Etats-Unis n'a progressé que de 1,1% en glissement annuel en avril et de 1,7% si l'on exclut les prix changeants de l'alimentation et de l'énergie. M. Bernanke s'est félicité "des avantages substantiels" apportés à l'économie par la politique de la Fed. "Les taux d'intérêts bas ont aidé à soutenir les achats de biens durables comme les automobiles et contribué de façon importante à une reprise des ventes de logements", a-t-il indiqué. M. Bernanke a par ailleurs de nouveau déploré les coupes budgétaires automatiques entrées en vigueur en mars mais aussi les augmentations d'impôts qui pourraient au coûter au total 1,5 point de croissance en 2013. "La politique monétaire n'a pas la capacité de compenser entièrement un obstacle de cette ampleur", a estimé M. Bernanke. Interrogé par un élu sur le fait de savoir s'il était prêt à poursuivre un troisième mandat à la tête de la Réserve fédérale, M. Bernanke, dont l'actuelle présidence se termine le 31 janvier prochain, s'est abstenu de tout commentaire. La prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed (FOMC) est prévue les 18 et 19 juin. D'ici là, la Réserve Fédérale aura eu de nouvelles données sur le chômage le 7 juin et sur l'inflation une semaine plus tard. Recul des nouvelles inscriptions au chômage Les nouvelles inscriptions au chômage ont reculé aux Etats-Unis à 340 000 pour la semaine close le 18 mai, un retrait plus important que la prévision médiane des analystes qui tablaient sur 348 000, a indiqué, avant-hier, le département du Travail. Les demandes hebdomadaires d'allocations chômage ont ainsi régressé de 23 000 par rapport à la semaine précédente, soit un recul de 6,7%, en données corrigées des variations saisonnières. Pour la semaine close le 11 mai, le nombre de nouvelles inscriptions a été révisé à 363 000 contre 360 000 pour la première estimation. En moyenne sur un mois, le nombre de nouveaux chômeurs s'établit à 339 500, stable par rapport au calcul fait sur un mois jusqu'au 11 mai (340 000, chiffre révisé).