Au moment où un rassemblement pacifique a été organisé à Ouargla et un se poursuivait à In-Salah (Tamanrasset), pour protester contre le projet "d'exploitation du gaz de schiste, "le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, s'adresse aux journalises à partir de Boumerdès en déclarant, entre autres : "Ne vous laissez pas entraîner derrière les fausses rumeurs colportées sur l'exploitation du gaz de schiste", le "gouvernement joue son rôle pour rassurer les citoyens concernés", en ayant engagé de nombreux contacts sur le terrain avec les protestataires, en vue de leur communiquer toutes les informations nécessaires. Le ministre n'a d'ailleurs pas omis de souligner "la disponibilité du gouvernement à poursuivre ce travail d'explication et d'information à travers tout le territoire national". C'est ainsi qu'il poursuit en indiquant que les portes du dialogue demeureront ouvertes pour tous, afin d'expliquer tous les aspects liés à la production du gaz de schiste, au même titre que les mesures entreprises en matière de protection de la santé du citoyen et de la préservation de l'environnement"! Et dans ce même ordre d'idées, M. Yousfi rassure que les cadres et techniciens de la Sonatrach veillent jour et nuit, à travers les projets et les champs de l'Entreprise, "à la protection de la santé des citoyens et la préservation de l'environnement et des ressources hydriques, qui nous sont très chères", et ce, conformément aux orientations du président de la République en la matière. Lors du dernier conseil restreint, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait affirmé, mardi dernier, que l'exploitation du gaz de schiste en Algérie "n'est pas encore à l'ordre du jour". D'ailleurs, le P-DG par intérim de Sonatrach, Saïd Sahnoun, avait, dans un entretien accordé à l'APS, mercredi dernier, indiqué que le groupe Sonatrach maîtrise la fracturation hydraulique qui est une technique déjà utilisée par cette compagnie depuis les années 1990 mais sans avoir eu une incidence sur l'environnement. "Nous avons appliqué cette technique en 1992 à Hassi R'mel sur des formations (géologiques) qui ne sont pas épaisses et dont nous avons extrait du pétrole grâce à des forages horizontaux", précise-t-il A ce propos, il souligne qu'à Hassi Messaoud, Sonatrach a également eu à recourir à cette technique pour améliorer l'extraction des gisements très compacts (tight) de ce méga champ pétrolier entré en production depuis 1956. De 2006 à 2010, le groupe a fracturé une moyenne de 50 puits/an à Hassi Messaoud, précise le dirigeant de Sonatrach, en relevant que ces forages, tout comme le reste des puits conventionnels, ont traversé des nappes aquifères sans pour autant avoir eu un impact sur l'environnement. "C'est une technique maîtrisée par Sonatrach. Nous l'avons importée des Etats-Unis et utilisée de manière systématique dans ces forages", ajoute M. Sahnoun, qui affirme, toutefois, comprendre les craintes exprimées par la population d'In Salah quant aux deux puits-pilotes forés dans cette région.
Des protestations: Jeudi dernier, des dizaines de personnes se sont rassemblées à la place "Souk Lahdjar" à Ouargla, pour réclamer l'arrêt du projet "d'exploitation du gaz de schiste" dans la région d'In Salah. Lors de prises de parole, les manifestants ont mis en avant "les risques du projet sur l'environnement et la santé", réclamant des "décisions claires" des pouvoirs publics pour "un arrêt immédiat de toutes les opérations d'exploration". Les participants ont tenu, néanmoins, à réaffirmer le caractère "pacifique" de leur action de protestation et leur "rejet catégorique de l'exploitation de leur action à une quelconque autre fin", avant de se disperser dans le calme. Dans le même cadre, les protestataires contre l"exploitation du gaz de schiste à In-Salah (Tamanrasset) ont poursuivi jeudi leur mouvement, selon des sources locales. Parallèlement au sit-in toujours maintenu devant le siège de la daïra, les opposants au projet de gaz de schiste ont organisé une marche "pacifique" à travers les artères de la ville. Au chef-lieu de wilaya de Tamanrasset, par contre, la protestation s'est limitée ce jour aux quelques banderoles avec des slogans "anti-exploitation du gaz de schiste" encore accrochées à l'entrée du quartier Tahaggart, a-t-on constaté. Concernant ces protestations, le P-DG deSonatrach a indiqué dans son entretien à l'APS que "L'appréhension des gens par rapport à cette activité est souvent légitime. Ils manifestent de la résistance à tout ce qui est nouveau. Je refuse que l'on nous prête l'intention que ce que nous faisons ou ce que nous ferons plus tard puisse être préjudiciable aux citoyens et à l'environnement", insiste-t-il. Selon lui, les aspects commerciaux et économiques n'écarteront jamais Sonatrach du principe de la protection de la santé de la population et de la préservation de l'environnement, "qui est sacré et parfaitement ancré dans les valeurs de Sonatrach". A ce titre, il avance que la compagnie, qui est seulement en phase d'évaluation des réserves dans le bassin d'Ahnet (In Salah) où sont opérés les deux forages-pilotes de schiste, ne vas pas lésiner sur les mesures de protection de l'environnement, notamment pour les nappes d'eau. D'ailleurs, renchérit-il, Sonatrach applique des mesures de précaution strictes avant et après le forage, et ce, qu'il s'agisse de puits conventionnels (forage vertical) ou de puits non conventionnels (forage horizontal). Chaque forage doit, en effet, être précédé d'une étude d'impact qui détermine les incidences éventuelles qu'il puisse générer éventuellement sur les nappes d'eau. En plus de cette étude d'impact, la compagnie nationale procède également au traitement de la boue de forage soit en la solidifiant avec du ciment pour la recycler pour d'autres usages, soit en la décontaminant intégralement des produits chimiques qu'elle contient, détaille-t-il. Enfin, il est important de relever la réaction du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, qui a préconisé de s'en remettre aux avis des experts nationaux et internationaux concernant l'exploitation de gaz de schiste. "(...) Il apparaît essentiel de revenir au bon sens qui doit avant tout régir toutes les grandes décisions d'un pays démocratique et de s'en remettre aux experts nationaux et internationaux dont les avis qualifiés et approfondis, même contradictoires sont les seuls susceptibles de conduire à la bonne décision", a écrit M. Ksentini dans un communiqué rendu public.