Une personne a été tuée dimanche dans des affrontements entre la police et des habitants de Dehiba, dans le sud de la Tunisie, à la frontière avec la Libye, a annoncé le gouverneur de Tataouine, Sabeur Mednini. Les heurts à Dehiba, point de passage entre la Tunisie et la Libye, avaient commencé samedi après la saisie par les autorités d'essence de contrebande et ont repris dimanche après une accalmie, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui. Le Sud tunisien vit largement du commerce, formel ou informel, avec la Libye. La région est un haut lieu de contrebande de carburant en provenance de Libye, un trafic lucratif sans lequel la population locale dit ne pas pouvoir survivre. Concernant les décès, nous avons un cas dans la ville de Dehiba (...). Et nous avons un blessé très grave qui a été transporté à l'hôpital universitaire de Sfax, grande ville du Sud, a affirmé M. Mednini à la radio privée Shems FM, sans donner de précisions sur les circonstances du décès. Dimanche, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les protestataires qui ont, eux, jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Les protestataires avaient la veille lancé des cocktails Molotov sur le poste de la Garde nationale (gendarmerie), a ajouté M. Aroui, selon lequel des gendarmes ont aussi été blessés. Mais des témoins et des médias locaux ont aussi évoqué l'usage par les forces de l'ordre de balles réelles. Les citoyens demandent que la police quitte la ville et que ce soit l'armée qui la sécurise, a déclaré le gouverneur de Tataouine. Et l'enquête nous dira en détail pourquoi elles (les forces de l'ordre) en sont arrivées à faire usage de balles réelles ou de gaz lacrymogène. La situation dans la région, nous la connaissons, c'est une situation très fragile (...). Ce sont des gens qui vivaient du commerce pendant des années et qui ont senti que leur source de revenus s'était interrompue, et ils se sont soulevés. Mais ces revendications sont en contradiction avec la loi et l'économie du pays, a dit M. Mednini, tout en reconnaissant que les protestataires réclamaient avant tout le développement (de leur région) et des emplois. Le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, avait plus tôt indiqué que l'armée s'était positionnée devant la mairie, la Poste et la sous-préfecture pour éviter qu'elles ne soient visées par les violences. La nouvelle du décès à Dehiba a donné lieu à une manifestation de soutien à Ben Guerdane, tout près de la frontière avec la Libye, où les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène, selon des témoins.