Désormais rassurée sur la Grèce et à des niveaux record, Wall Street se prépare à attaquer un agenda économique chargé aux Etats-Unis cette semaine, entre une salve d'indicateurs et une audition de la présidente de la Réserve fédérale (Fed). Au cours des cinq dernières séances, l'indice Dow Jones Industrial Average a gagné 0,67% à 18 140,44 points, un nouveau sommet historique. Le Standard & Poor's 500, un indice élargi très surveillé par les investisseurs, a pris 0,63% à 2 110,30 points, également un nouveau plus haut. Dopé par la bonne tenue du géant informatique Apple et du secteur des biotechnologies, le Nasdaq, à dominante technologique, a nettement distancé ses concurrents généralistes, terminant en hausse de 1,27%, à 4 955,97 points. Il n'a jamais été aussi près depuis 15 ans du seuil des 5 000 points brièvement dépassé en mars 2000, en pleine bulle internet. Rien d'étonnant à cela selon Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, puisque "cette semaine, les investisseurs ont remis du risque dans leurs portefeuilles", notamment dans les "secteurs à forte croissance représentés dans le Nasdaq" après de bons résultats trimestriels dans la technologie. Forte de cet optimisme, encore renforcé vendredi soir par un accord très attendu entre la Grèce et la zone euro sur son financement, Wall Street "se tourne maintenant vers les chiffres économiques et le message de politique monétaire de (Janet) Yellen lors son audition au Congrès", estime Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. La présidente de la banque centrale américaine (Fed) sera entendue mardi par les élus américains au Sénat puis à la Chambre des représentants mardi et mercredi. "Ce sera intéressant" de voir comment "elle pourrait se saisir de cette opportunité pour tenter de dissiper le malentendu sur la teneur prétendument prudente de son message dans les minutes" de la dernière réunion monétaire de la Fed, publiées cette semaine, estime Art Hogan, de Wunderlich Securities. En effet, "les chiffres économiques, et surtout le rapport sur l'emploi, se sont avérés bien meilleurs" depuis cette dernière rencontre, souligne-t-il. Mme Yellen pourrait ainsi montrer que l'institution "n'est pas aussi prudente qu'on le croit et qu'elle continue à lier son action à l'évolution des indicateurs". Le marché avait accueilli avec un certain soulagement mercredi ce compte-rendu, estimant qu'il éloignait la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt d'une banque centrale dont l'énorme soutien monétaire a largement contribué à l'essor des marchés financiers ces dernières années. Les analystes misent dans l'ensemble sur une remontée des taux d'intérêt dès l'été, mais certains craignent un resserrement dès juin. Les opérateurs s'apprêtent ainsi à étudier avec attention la parution d'un grand nombre de chiffres sur l'économie américaine cette semaine, espérant qu'ils confirment son nouveau regain de vigueur. Dans le secteur très surveillé de l'immobilier, Wall Street guettera les ventes de logements anciens en janvier, lundi, et celles de logements neufs pour le même mois, mercredi. A la recherche d'indices sur l'impact d'une baisse des prix de l'énergie sur la consommation des ménages, ils s'intéresseront à la confiance des consommateurs en février, selon le Conference Board mardi et l'Université du Michigan (2e estimation) vendredi. Les commandes de biens durables pour janvier, jeudi, l'activité économique dans la région de Chicago le mois suivant, vendredi, et surtout une deuxième estimation sur la croissance américaine au 4e trimestre, ce jour-là, seront aussi suivis de près. En Europe, Wall Street se focalisera aussi lundi sur le très suivi baromètre Ifo du moral des entrepreneurs allemands. "Il y aura également des résultats trimestriels intéressants avec ceux de Home Depot et de Hewlett-Packard (mardi) et de United Health (jeudi) puisque ces entreprises couvrent plusieurs secteurs clef de la cote dont la construction, la consommation, la technologie et les investissements des entreprises", note M. Volokhine. Enfin, les courtiers garderont un oeil sur l'évolution des prix de l'énergie, prévoit Art Hogan. "On vient de voir cette semaine ce que l'on avait pas observé depuis 3 semaines, c'est-à-dire une rechute des prix du brut. Et pourtant, le marché des actions a bien résisté". Jusque-là.