Forte d'un record tout frais du Dow Jones, Wall Street espère poursuivre sa route vers de nouveaux sommets, regardant d'un œil de plus en plus distrait l'escalade des violences en Ukraine et un référendum à haut risque dimanche. Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette de la Bourse de New York, a gagné 0,43% à 16 583,34 points, un niveau jamais atteint en clôture jusque-là. Le Nasdaq, à dominante technologique, s'est replié de 1,26% à 4 071,87 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a lâché 0,14% à 1 878,48 points. Contre toute attente, à l'issue d'une semaine marquée par une nouvelle crise de confiance sur certaines des valeurs longtemps considérées comme les plus porteuses du marché, de Facebook à Amazon et Twitter en passant par Tesla Motors, la Bourse de New York a arraché un nouveau record vendredi. Certes, seul l'indice Dow Jones, le plus emblématique de la place, a su s'envoler vers ce zénith inédit. Mais le Nasdaq a encore perdu quelques plumes, malgré un petit sursaut vendredi. "Si les valeurs les plus +glamour+ (de l'indice technologique) voulaient bien interrompre leur glissade, on pourrait bien assister à un retour en force de l'ensemble du marché", veut croire Mace Blicksilver, gérant de fortunes de Marblehead Asset Management. Les craintes sur la valorisation de certains de ces titres vedettes n'ont pas disparu, loin de là. "Des mouvements de rotation s'opèrent encore vers les secteurs plus traditionnels", industriel, énergétique, ou de grande consommation, largement représentés dans les 30 valeurs du Dow Jones, remarque Alan Skrainka de Cornerstone Wealth Management. Mais, une fois passé le trou d'air économique du premier trimestre, largement attribué à une météo exceptionnellement rigoureuse, l'activité économique semble repartie sur de bien meilleures bases, riche en promesses pour les entreprises américaines. D'autant que les taux d'intérêt, toujours exceptionnellement bas, et maintenus proches de zéro par la Banque centrale américaine (Fed) depuis 2008, ne sont pas prêts de monter tant que l'économie ne sera pas "normalisée", a promis cette semaine la patronne de l'institution, Janet Yellen. Une bonne nouvelle pour les investisseurs du marché des actions, mais aussi pour les sociétés, encore libres d'emprunter à des prix très avantageux. Le niveau très bas des taux à long terme, notamment à 10 ans, peut bien montrer que le marché obligataire, jugé plus sûr que les actions, reste prisé et que la méfiance reste là. Il n'empêche. "Je serais surpris que les indices ne progressent pas la semaine prochaine", insiste Steven Rosen, courtier de la Société Générale. Le référendum à haut risque tenu par les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine dimanche, après une recrudescence des violences mortelles cette semaine, semblait ne pas émouvoir outre mesure les investisseurs. "On remarque une baisse des mouvements de fuite des investisseurs craignant les risques géopolitiques", relève Art Hogan de Wunderlich Securities. C'est que "si la situation en Ukraine inquiète d'un point de vue humain, sur le plan économique, personne ne croit vraiment que cela peut bouleverser la marche des places financières mondiales", estime M. Rosen. Le marché "a le potentiel de progresser", confirme Mace Blicksilver, même si les chances d'envolée des indices seront minces la semaine prochaine au vu du caractère "secondaire" des indicateurs attendus. Les opérateurs guetteront notamment les chiffres des ventes au détail mardi, de l'inflation et des demandes hebdomadaires d'allocations chômage jeudi, sans compter les mises en chantier, les permis de construire et un indicateur sur le moral des consommateurs vendredi. D'autant que "la saison des résultats touche à sa fin", note Steven Rosen. "Jusque-là, quelque 76% des entreprises ont fait mieux que prévu", souligne M. Skrainka. "Même si les attentes étaient basses". Publieront notamment la semaine prochaine Cisco (mercredi), considéré comme l'un des baromètres du secteur "tech", suivi jeudi des géants de la consommation américaine Wal-Mart et JC Penney.