Tout en restant à la merci des soubresauts géopolitiques, la Bourse de New York tentera la semaine prochaine de deviner les intentions des banques centrales face au coup de mou de la croissance mondiale. Au cours des cinq dernières séances, l'indice Dow Jones Industrial Average s'est adjugé 0,66%, clôturant à 16 662,91 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a gagné 2,15% à 4 464,93 points L'indice élargi Standard & Poor's 500, le plus regardé par les investisseurs, a progressé de 1,22% à 1 955,06 points. Nette contraction de l'économie du Japon au deuxième trimestre, croissance au point mort dans la zone euro sur la même période, ventes de détails atone en juillet aux Etats-Unis: les mauvaises nouvelles économiques se sont succédées au cours des dernières séances. "La seule chose qui ait permis de tirer profit de toute cette négativité, au moins du côté du marché des actions, est sans doute la prise de conscience que la politique monétaire devrait rester accommodante au moins jusqu'à la fin de l'année", commente Jennifer Lee de BMO Capital Markets. Pour se faire une meilleure idée des intentions de la Réserve fédérale, les investisseurs étudieront mercredi le compte-rendu de la dernière réunion de son Comité de politique monétaire fin juillet. L'institution avait alors signalé qu'une première hausse de son taux directeur, actuellement proche de zéro pour inciter au crédit, pourrait intervenir plus tôt que prévu, en mentionnant que l'inflation se rapprochait de son objectif de 2%. Les investisseurs scruteront surtout la réunion de Jackson Hole, grand rendez-vous annuel des banquiers centraux du 21 au 23 août, où interviendront vendredi la patronne de la Fed Janet Yellen et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi. "On attend de voir quelle va être la distinction entre la politique monétaire américaine, qui de toute façon se dirige tôt ou tard vers un resserrement des taux, et la politique monétaire européenne, qui est de plus en plus appelée à essayer de stimuler une économie à la peine", remarque Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services.
Que va faire Janet' "Il sera intéressant de voir comment ces deux violons s'accordent. Est-ce que Janet Yellen va encourager les Européens à entamer un programme de rachats d'actifs, mesure qu'ils promettent depuis longtemps sans jamais la mettre en œuvre?" Par ailleurs, s'interroge Gregori Volokhine, au vu de la relative faiblesse de quelques récents indicateurs américains, "est-ce que Janet Yellen ne va pas faire preuve de beaucoup de prudence en affirmant qu'elle attendra une amélioration du niveau de chômage mais aussi du niveau des salaires" avant de durcir la politique monétaire? Plusieurs observateurs ont été ébranlés par la faiblesse des ventes de détail aux Etats-Unis en juillet et la révision à la baisse des prévisions de bénéfices annuels des géants de la distribution Wal-Mart et Macy's, conséquences d'un pouvoir d'achat qui peine à croître franchement. Les résultats d'entreprises comme ceux du spécialiste de fournitures de bureaux Staples, du groupe informatique Hewlett-Packard mercredi et du vendeur de vêtements Gap jeudi seront à cet égard surveillés "pour se faire une idée de l'état d'esprit des consommateurs à l'approche de la rentrée", relève Gregori Volokhine. Les investisseurs scruteront également plusieurs chiffres liés à l'immobilier, secteur clé de la croissance dans le pays. Mardi seront ainsi publiés les résultats du spécialiste des travaux dans la maison Home Depot, ainsi que les indicateurs sur les mises en chantier et les permis de construire. Jeudi ce sera au tour des ventes dans l'immobilier ancien. Les courtiers de Wall Street resteront par ailleurs attentifs aux troubles qui affectent l'Ukraine, l'Irak ou la bande de Gaza. Le marché est en général resté assez serein ces derniers temps face aux rebondissements géopolitiques dans ces pays mais n'est pas à l'abri, comme cela s'est déroulé vendredi, d'un brusque décrochage en cas d'événement marquant.