L'année 2015 commence positivement sur le front de l'emploi en France: le chômage a enregistré en janvier sa première baisse depuis l'été, pour s'établir à 3,48 millions de demandeurs d'emploi sans activité, "un encouragement à poursuivre" pour Manuel Valls. Pôle emploi a recensé en janvier 19 100 inscrits en catégorie A (sans aucune activité) de moins qu'en décembre, où le chômage avait atteint le record de 3,50 millions. En incluant l'outremer, le nombre de demandeurs s'élève à 3,74 millions (-0,5%). Il s'agit seulement de la 4e baisse du chômage en 33 mois de mandat de François Hollande. Ces chiffres sont "un encouragement à poursuivre", un "premier signe positif", a réagi le Premier ministre français Manuel Valls devant la presse, après avoir présenté aux partenaires sociaux les grandes lignes d'un projet de loi sur le dialogue social dans les entreprises. De son côté, le ministre du Travail François Rebsamen a appelé, dans un communiqué, à "rester prudent" et à "observer dans la durée les évolutions mensuelles". D'autant que les chiffres de janvier ne sont pas tout roses: le chômage poursuit en effet sa hausse si l'on intègre les chômeurs ayant exercé une petite activité (+0,3%). A la clef: des records de 5,23 millions en métropole et de 5,53 millions en France entière. En catégorie A, la baisse de janvier "concerne plus particulièrement les jeunes, qui n'avaient plus connu une telle diminution depuis plus d'un an", note M. Rebsamen dans un communiqué. Le nombre de chômeurs de moins de 25 ans a baissé de 1,4% en janvier, mais reste mal orienté sur un an (+0,4%). De son côté, le chômage des seniors s'est stabilisé le mois dernier (+0,1%). Il reste en très forte hausse par rapport à janvier 2014 (+9,6%). L'embellie de janvier cache, en outre, une nouvelle aggravation du chômage de longue durée: 2,27 millions de demandeurs d'emploi, petite activité comprise, sont inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an, une statistique en hausse de 0,7% sur le mois et de 9,3% sur un an. Début février, le ministre du Travail a présenté pour eux un plan contenant notamment des "formations gratuites" dans le cadre du compte personnel de formation (CPF). En janvier, les demandeurs d'emploi avaient une ancienneté moyenne de 542 jours à Pole emploi, soit environ un an et demi.
Lever les obstacles à l'embauche Les chiffres de janvier ne sont pas forcément annonciateurs d'une embellie durable. En cause: la faible croissance. Même si François Rebsamen espère atteindre "plus de 1% de croissance" en 2015, cela ne devrait pas être suffisant pour enrayer le chômage, qui ne baisse, selon les économistes, qu'au-delà de 1,5% de croissance. Résultat: l'Insee anticipe une poursuite de la hausse du taux de chômage d'ici à mi-2015, à 10,2% en métropole (+0,3 point par rapport au 3e trimestre 2014) et à 10,6% avec l'outremer (+0,2 point). De son côté, l'Unédic, qui gère l'assurance chômage, table en métropole sur 104 000 chômeurs de plus en 2015, sur la base d'une prévision de croissance (+0,8%) plus faible que celle du gouvernement. En 2014, 189 100 demandeurs d'emploi supplémentaires avaient poussé la porte de Pôle emploi. Mais M. Rebsamen reste optimiste. "Ce que j'espère, c'est que le nombre de chômeurs diminuera à la fin de l'année", déclarait-il récemment. Pour y parvenir, le gouvernement mise sur le Pacte de responsabilité, 40 milliards d'euros de baisse du coût du travail et de réductions d'impôts pour les entreprises, ainsi que sur le projet de loi Macron, censé "déverrouiller l'économie française" mais dont le parcours parlementaire est semé d'embûches. Dernier levier que le gouvernement souhaite actionner: le dialogue social dans les entreprises. Manuel Valls a présenté, avant la publication des chiffres, les grandes lignes d'un texte qu'il souhaite voir "définitivement adopté cet été". Objectif: simplifier le dialogue entre employeurs et représentants des salariés et ainsi lever les obstacles à l'embauche.