Les investisseurs de la Bourse de Tokyo abordaient cette semaine avec un certain optimisme alors que, vendredi, la Bourse a terminé à un nouveau sommet en 15 ans. Sur l'ensemble de la semaine, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a pris 2,54%, se hissant à des niveaux sans précédent depuis avril 2000. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part progressé de 0,14% (+2,17 points) à 1 523,85 points ce vendredi, et de 1,57% sur la semaine. Les investisseurs ont été rassurés par l'accord trouvé entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro pour l'extension du programme d'aides à Athènes et par le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) n'exclut pas de relever ses taux d'intérêt même si cela ne se fera pas aussi vite qu'ils le souhaiteraient. Ils suivront jeudi la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) sur le point de racheter massivement des dettes d'Etats pour soutenir l'économie de la zone euro. Des indicateurs américains, notamment les dépenses et revenus des ménages publiés lundi, seront également surveillés par la place tokyoïte. Mais surtout, les investisseurs s'attendent à la poursuite d'achat d'actions par le fonds de pension public japonais, le premier fonds de pension mondial, qui gère plus de 1 000 milliards d'euros d'actifs et qui entend réduire le poids de ses obligations d'Etat dans son portefeuille. "Compte tenu de la forte probabilité de la poursuite d'achat par le fonds de pension public, le Nikkei pourrait approcher les 20 000 points", a indiqué Daiwa Securities dans un communiqué. Vendredi, la séance, très active avec plus de 2,7 milliards de titres échangés sur le premier marché, avait démarré dans le vert, sous le signe de l'affaiblissement du yen face au dollar, un mouvement favorable aux titres des groupes exportateurs nippons. Au moment de la fermeture (06h00 GMT, 7h00 HEC), le billet vert avait perdu du terrain par rapport aux premières heures de la matinée, mais il évoluait toujours à des niveaux supérieurs à la veille à 119,15 yens. A l'inverse, l'euro accentuait son recul, s'affichant à 133,60 yens (contre 135,21 yens jeudi à la clôture), à l'image de son évolution face au dollar, sur fond de divergence des politiques monétaires des banques centrales européenne et américaine. Selon des données gouvernementales publiées avant l'ouverture de la place tokyoïte, l'inflation a encore ralenti en janvier au Japon (+0,2% hors impact de la hausse de TVA en avril 2014) pour tomber à son plus bas niveau depuis mai 2013, marquant un retour à la case zéro pour la banque centrale (BoJ) dont l'offensive monétaire lancée à l'époque a perdu son élan. Cette statistique a été accueillie de manière diverse par les investisseurs: "certains peuvent y voir le signe des difficultés de l'économie, tandis que d'autres espèrent du coup un nouvel assouplissement monétaire de la Banque du Japon", a commenté Soichiro Monji, analyste chez Daiwa SB Investments, cité par Bloomberg News. Au final, l'indice Nikkei, très hésitant, s'est partagé quasi-équitablement entre valeurs gagnantes (112) et perdantes (109), quatre actions faisant du surplace.
Sony grimpe encore, Skymark plonge Du côté des titres vedettes, le fleuron de l'électronique Sony, très apprécié ces derniers temps sur fond de nouvelles orientations stratégiques, a terminé sur un gain aussi important que la veille (+2,03% à 3 414,5 yens). Le groupe TDK a lui aussi poursuivi sur sa lancée (+2,93% à 8 420 yens) après avoir confirmé un investissement de 25 milliards de yens (185 millions d'euros) pour ériger deux nouveaux sites de production de composants électroniques dans la préfecture d'Akita (nord). En revanche, les groupes pétroliers, bien orientés jeudi, ont subi le coutre-coup: Inpex a ainsi cédé 1,90% à 1 418,5 yens, et JX Holdings 1,16% à 484,9 yens, minés de surcroît par une rechute des cours de l'or noir jeudi. Du côté des compagnies aériennes, ANA Holdings s'est appréciée de 0,40% à 324,8 yens. Les donneurs d'ordres ont peut-être été rassurés par des propos de son P-DG à la presse excluant de prendre la contrôle de sa cadette Skymark, qui a chuté à l'inverse de 46,15% à 14 yens du fait de ces déclarations. "Nous ne sommes pas dans la position de prendre la direction" de Skymark, a dit Osamu Shinobe au quotidien économique Nikkei. Cela signifie qu'ANA n'envisage pas une prise de participation de grande ampleur si jamais elle était retenue par le tribunal comme marraine de Skymark tombée en faillite. Dans le même journal, le dirigeant de Yamaha Motor a annoncé le lancement en Europe de voitures peu énergivores à deux places à compter de 2019, une offensive saluée sur un marché jugé prometteur: l'action du deuxième fabricant mondial de deux-roues a pris 1,95% à 2 972 yens, après avoir bondi ponctuellement de 4,4%.