Le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, est arrivé hier à Bagdad pour s'entretenir avec les responsables irakiens une semaine après le lancement d'une vaste offensive pour reprendre Tikrit au groupe Etat islamique (EI). Le chef d'état-major interarmées américain est arrivé à bord d'un avion militaire C-17 en provenance du Golfe, où il s'est rendu dimanche à bord du porte-avions français Charles de Gaulle qui est engagé dans la coalition anti-djihadistes en Irak depuis fin février. Sur le bâtiment français, le général Dempsey a assuré qu'intensifier les raids aériens de la coalition internationale, dirigée par Washington, serait une erreur et a plaidé pour une patience stratégique dans la lutte contre l'EI en Irak et en Syrie. Selon lui, larguer un tapis de bombes sur l'Irak n'est pas la solution. Le militaire américain a aussi souligné que la fréquence des bombardements aériens dépendait des capacités de l'armée irakienne sur le terrain. Les forces pro-gouvernementales irakiennes ont lancé il y a une semaine leur plus grande offensive anti-EI à ce jour, afin de reprendre Tikrit. Située à 160 km au nord de Bagdad, cette ville majoritairement arabe sunnite et région d'origine de l'ancien président irakien Saddam Hussein fait partie des vastes zones prises par le groupe djihadiste l'an dernier dans le nord et l'ouest de l'Irak. L'ONU a dénoncé comme des crimes contre l'humanité les nombreuses atrocités (décapitations, exécutions, enlèvements, viols...) auxquelles ce groupe ultra-radical sunnite se livre sur les territoires sous son contrôle en Irak et en Syrie voisine. Le groupe djihadiste a par ailleurs récemment procédé à la destruction d'une partie du riche patrimoine préislamique irakien, notamment la cité antique de Nimroud (nord) , provoquant un tollé international.
La coalition anti-EI doit défendre le patrimoine irakien La coalition internationale qui mène des frappes contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak doit protéger les sites archéologiques que les djihadistes veulent détruire, a déclaré dimanche le ministre irakien du Tourisme et des Antiquités. Ces dernières semaines, l'EI a brisé d'inestimables objets conservés au musée de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, avant de viser la cité pluri-millénaire de Nimroud et, selon l'ONU, celle fortifiée de Hatra, fondée il y a plus de 2.000 ans. Ce que je demande à la communauté internationale et à la coalition internationale c'est de frapper le terrorisme où qu'il soit, a déclaré Adel Fahd al-Cherchab à des journalistes à Bagdad. Nous demandons un soutien aérien, a-t-il ajouté. Car le ciel n'est pas contrôlé par les Irakiens, le ciel n'est pas dans nos mains. Donc la communauté internationale doit se servir des moyens qu'elle a, a-t-il ajouté. Hatra est un site au milieu du désert où l'on peut voir (depuis les airs) n'importe quelle infiltration, a avancé le ministre irakien. La coalition a annoncé avoir mené 12 raids en Irak entre samedi et dimanche matin, dont deux à proximité de Mossoul. Ils ont détruit, selon la coalition, une unité de l'EI ainsi que deux pelleteuses, sans qu'il ne soit précisé s'il s'agissait d'engins utilisés pour s'en prendre aux sites archéologiques.
Raid aérien contre une raffinerie de l'EI Un raid aérien de la coalition internationale contre une raffinerie du nord de la Syrie tenue par l'Etat islamique (EI) a fait 30 morts, rapporte dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi les victimes figurent des membres du personnel du site pétrolier et du mouvement djihadiste. "Quand le signalement de pertes civiles causées par les forces américaines ou celles de la coalition est jugé crédible, une enquête est ouverte pour déterminer le bien-fondé de ces allégations et les circonstances qui les entourent", a répondu un porte-parole de l'état-major de la coalition, interrogé sur ce raid. L'EI, qui s'est emparé de plusieurs sites pétroliers dans le nord et l'est de la Syrie, les exploite pour financer ses opérations militaires. La raffinerie attaquée se trouve au nord-est de Tel Abiad, près de la frontière turque, a précisé Rami Abdelrahman, directeur de l'OSDH. En novembre, l'ONU évaluait les revenus pétroliers de l'EI entre 846 000 et 1,6 million de dollars par jour. En raison des raids de la coalition et de la chute des cours, le pétrole ne serait toutefois plus la première source de revenus du mouvement, dit-on dans les chancelleries occidentales.
Les forces kurdes attaquent Par ailleurs, les forces kurdes ont attaqué lundi des positions de l'Etat islamique (EI) dans le secteur de Kirkouk, ville pétrolière du nord de l'Irak. L'offensive est appuyée par des frappes aériennes de la coalition internationale. Selon le gouverneur de Kirkouk, Najmaldin Karim, l'objectif est d'éloigner les combattants djihadistes de la ville. D'après un journaliste de Reuters sur la ligne de front, les forces kurdes ont progressé sur plusieurs fronts à l'ouest de la ville, prenant notamment les localités de Mala Abdallah et de Tel Ward. Des affrontements à l'artillerie ont également été signalés au nord-ouest de Kirkouk, à Kharabarut, ont indiqué une source des services de sécurité. Les Kurdes ont pris le contrôle de Kirkouk en août, alors que l'armée irakienne avait été mise en déroute par l'EI dans le nord de l'Irak. Mais la situation reste fragile, la ligne de front n'étant par endroits distante que de 20 km du centre de la ville pétrolière.