La désertification et la dégradation des sols menacent la subsistance des Africains. Un phénomène qui constitue de graves problèmes pour l'environnement. L'Afrique subsaharienne endure ces deux fléaux ; le besoin d'une action concertée est urgent, afin de diminuer les risques qui planent sur les populations pauvres. Les décideurs aux prises avec le défi de la croissance économique africaine feront bien d'affronter le double problème de la désertification et de la dégradation des sols, qui mine silencieusement la fertilité des terres et les services écosystémiques du continent. La désertification est une forme très sévère de dégradation des sols, entraînant une perte graduelle et inexorable de productivité agricole et un net déclin de la santé écologique des écosystèmes. Sous son influence, les paysages se muent en étendues lunaires sans vie, les dunes de sable empiètent progressivement sur les terres cultivables, les pâturages se dénudent et les nappes aquifères se tarissent. Le phénomène pèse sur l'avenir environnemental de l'Afrique, mais plus encore sur son avenir économique, en raison du coup de frein qu'il impose aux activités liées à la qualité des écosystèmes. Prenons l'exemple de l'agriculture. La désertification, la sécheresse et, ces derniers temps, le changement climatique produisent leurs effets néfastes sur ce secteur, menaçant par là même la principale source de subsistance - et d'exportations - de millions de personnes déjà démunies. Les terres sèches, arides ou semi-arides, sont particulièrement exposées aux ravages de la désertification. Les régions sèches abritent environ deux milliards de personnes, soit le tiers de l'humanité, et couvrent plus de 40 % de la surface de la planète. Selon le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), le continent africain a connu sept périodes majeures de sécheresse au cours des quatre dernières décennies. Dans deux régions clés, le Sahel et la corne de l'Afrique, les sécheresses de 1972-1974 et de 1981-1984 ont massivement touché la population, causant des perturbations sociales profondes. En dégradant globalement les écosystèmes, la désertification prive les moins nantis de services environnementaux essentiels. Une terre dégradée ne peut plus produire de récoltes, de fourrage pour le bétail ou de bois combustible. On observe déjà, pour l'Afrique, des rendements agricoles inférieurs d'un tiers à ceux obtenus en Asie.De fait, l'Afrique subsaharienne est la seule région du monde où la production alimentaire stagne, alors que la faim gagne du terrain. Lorsqu'il aborde les problèmes environnementaux posés par le changement climatique, le rapport The Economics of Climate Change (2007) de Nicholas Stern tire la sonnette d'alarme : la baisse de productivité agricole pourrait priver des centaines de millions de personnes, particulièrement en Afrique, de la possibilité de produire ou d'acheter suffisamment de nourriture. L'étude souligne également que les écosystèmes seront lourdement affectés par le changement climatique, puisqu'un réchauffement de 2° C seulement pourrait entraîner l'extinction de 15 % à 40 % des espèces. La préservation de la fertilité des sols et la protection de la base de ressources écologiques est primordiale pour les économies fondamentalement agraires des 47 pays, au sud du Sahara, dont les activités agricoles représentent 25 % à 50 % du produit intérieur brut. " La désertification et la dégradation des sols constituent de graves problèmes environnementaux ", affirme Marjory-Anne Bromhead, responsable du secteur Environnement et Ressources naturelles de la Banque mondiale pour la région Afrique. " L'Afrique sub-saharienne endure ces deux fléaux ; le besoin d'une action concertée est urgent, afin de diminuer les risques qui planent sur les populations pauvres. "L'initiative TerrAfrica par la Banque mondiale et ses partenaires, dont le nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), ont lancé en 2005 l'initiative TerrAfrica, afin de lutter plus vigoureusement contre la dégradation des sols en Afrique sub-saharienne. Sa mission consiste à promouvoir les pratiques de gestion durable des sols, en mobilisant les groupes d'intérêts communs, les connaissances ainsi que les financements à grande échelle. Les exemples ci-dessous illustrent les progrès réalisés par trois pays avec l'aide de TerrAfrica et montrent les potentialités concernant le lancement d'activités de gestion durable des terres à plus grande échelle. L'Éthiopie, pays regorgeant de ressources naturelles, a fait de la lutte contre la dégradation des sols une priorité dans presque toutes ses stratégies nationales. Au sein de son partenariat avec TerrAfrica, le ministère éthiopien de l'Agriculture et du Développement rural développe actuellement un cadre d'investissement pour la gestion durable des sols (GDS). Ce dispositif permettra d'aligner, de coordonner et d'accroître les fonds alloués dans ce domaine pour le bénéfice ultime des populations rurales qui dépendent de la terre en matière de nourriture, de revenus et de services environnementaux. En septembre 2007, 191 pays se sont rencontrés à Madrid, sous l'égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, afin d'élaborer un plan d'action prévisionnel sur dix ans contre les menaces multiples liées à la désertification.