Les cours du pétrole dégringolaient vendredi en fin d'échanges européens, après les mises en garde de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur la possibilité d'une nouvelle baisse des cours, et sur fond d'augmentation possible de l'offre iranienne sur les marchés . Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 55,81 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,77 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,74 dollar à 45,31 dollars. La chute des cours vendredi a ravivé les inquiétudes sur le fait que les cours pourraient descendre plus bas qu'en janvier (les prix du Brent et du WTI ont respectivement atteint 45,19 dollars et 43,58 dollars le baril en janvier) et que le rebond de février n'était qu'un piège pour les investisseurs pariant sur une hausse des prix, prévenait Chris Beauchamp d'IG. Les cours du pétrole ont en effet entamé une phase de stabilisation au mois de février grâce à la combinaison de facteurs comme des températures plus froides dans l'hémisphère Nord, des intempéries retardant les chargements en Irak ou au Koweït, ainsi que des perturbations liées aux violences en Libye. Mais l'Agence internationale de l'énergie a prévenu vendredi que derrière la façade de la stabilité, la phase de rééquilibrage qui a été déclenchée par la chute des prix n'a pas encore fait son temps, et il est peut-être excessivement optimiste de s'attendre à ce que tout se déroule sans heurt. L'agence a pointé du doigt la croissance de l'offre américaine qui n'a montré jusqu'à maintenant peu de signes de ralentissement et qui continue de défier les attentes. L'agence a également nourri les inquiétudes des marchés sur la capacité des réserves américaines à accueillir plus de pétrole brut. La fin de la saison de maintenance des raffineries pourrait ralentir la croissance des stocks au deuxième trimestre 2015, mais cela ne va pas l'arrêter et les réserves pourraient bientôt atteindre leur limite de capacité, soulignait l'agence. Les opérateurs de marché s'étaient montrés soucieux ces derniers temps vis-à-vis de la hausse des stocks à Cushing (Oklahoma, centre-sud des Etats-Unis) notamment, car elle pourrait faire pression sur les prix du brut américain. Les compagnies pétrolières utilisent l'excuse de l'augmentation des réserves de brut comme une excuse pour demander au gouvernement américain de lever l'interdiction sur les exportations de brut américain, notait d'ailleurs Jasper Lawler de CMC Market. Les Etats-Unis ne peuvent pas vendre leur brut à l'étranger mais peuvent réexporter le brut canadien, et n'ont pas de limite sur les exportations de produits pétroliers. Une levée de l'interdiction pourrait remettre à niveau les cours des deux références du brut, et les emmener à de nouveaux plus bas, expliquait M. Lawler. L'AIE a néanmoins légèrement relevé ses estimations pour la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2015. L'équilibre entre l'offre et la demande va se resserrer dans la deuxième partie de l'année, mais l'Iran demeure l'inconnue de l'équation, notait Olivier Jakob de Petromatrix. Les puissances occidentales, qui ont imposé à l'Iran un arsenal de sanctions économiques, y compris contre le secteur pétrolier, sont engagées dans de difficiles négociations avec Téhéran pour le convaincre d'abandonner son programme nucléaire controversé. Un accord avec l'Iran pourrait conduire le pays à exporter un million de barils de plus par jour, selon les experts de Commerzbank. L'Iran serait déjà en train de rechercher des acheteurs pour ses volumes de pétrole supplémentaires, notait Ole Hansen de Saxo Banque. En Asie, les cours du pétrole rebondissaient modérément sous l'effet d'achats à bon compte dans un marché qui reste lesté par une offre excédentaire et une demande atone. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril prenait 12 cents dans les échanges asiatiques, à 47,17 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance s'appréciant de 31 cents, à 57,39 dollars. "Les fondamentaux de l'offre sont connus. L'inquiétude vient des prévisions de la demande (...). Le WTI renoue avec un niveau de cotation bas, signalant la permanence des pressions baissières", notait Michael McCarthy chez CMC Markets, cité par Bloomberg.