Le pétrole poursuivait son repli hier en Asie, à de nouveaux plus bas en cinq ans, dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale. Le baril de référence (WTI) pour livraison en janvier perdait 24 cents, à 55,67 dollars, le baril de Brent pour livraison en janvier également cédant 22 cents, à 60,84 dollars. Il s'agit de niveaux jamais vus depuis 2009. Les cours du brut ont perdu environ 50% depuis le mois de juin, grevés par l'abondance de l'offre, le renforcement du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l'économie internationale, disent les analystes. La veille, les cours du pétrole ont connu une nouvelle journée de baisse, sur fond de peurs concernant un ralentissement de l'économie mondiale et de la demande de pétrole, entraînant une chute des Bourses européennes et un recul de Wall Street. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a clôturé à 61,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 79 cents par rapport à la clôture de vendredi, terminant à son plus bas depuis début juillet 2009. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,90 dollar pour s'établir à 55,91 dollars. La référence américaine du brut a atteint lundi son plus bas niveau depuis le 6 mai 2009, à 55,18 dollars. Les cours du pétrole ont connu un bref répit lundi en début d'échanges européens, aidés par l'annonce de la fermeture des terminaux pétroliers d'Al-Sedra et Ras Lanouf en Libye, d'après des analystes. Mais les fondamentaux du marché demeurent baissiers, et les cours restent plombés par une offre surabondante et une croissance de la demande faible. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prévu vendredi une croissance de la demande plus timide qu'escompté en 2015. La consommation de pétrole devrait croître de 900.000 barils par jour l'an prochain pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre 93,6 mbj comme anticipé précédemment, à cause d'attentes moindres concernant la demande venant des pays de l'ex-Union soviétique et d'autres pays exportateurs de pétrole. La baisse des prix autour des 60 dollars le baril est clairement positive pour l'économie globale, selon les analystes de Capital Economics. En effet, l'augmentation potentielle de la demande devrait être une raison importante du rééquilibrage des prix, continuaient-ils. La Chine profite d'ailleurs déjà de cette baisse des prix pour renflouer ses stocks stratégiques de pétrole brut. Mais les marchés réalisent qu'une des raisons derrière la chute rapide des cours est le ralentissement de la demande globale, constatait Jasper Lawler de CMC Markets. Selon des experts, le fait même que les prix du pétrole chutent constituerait le signal d'un ralentissement de l'économie mondiale. La surabondance de l'offre va également continuer de tirer les prix de l'or noir vers le bas à court et moyen terme, alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) campe sur sa position de ne pas intervenir sur les marchés pétroliers après avoir conservé son objectif de production inchangé à 30 mbj lors de la dernière réunion du cartel. Même si, lors d'une conférence à Dubaï dimanche, le secrétaire général de l'Opep Abdallah al-Badri a défendu la stratégie de l'organisation, estimant que l'écart entre l'offre et la demande n'expliquait pas l'effondrement des cours. Nous voulons connaître les raisons réelles qui ont conduit à une telle chute des cours du brut, a ajouté le secrétaire général du cartel. Si la chute se poursuit, selon M. Badri, cela signifiera que la spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse. Le ministre de l'Energie des Emirats Arabes Unis, Suhail al-Mazrouei, est allé plus loin, lors de cette même réunion, en disant que l'Opep pourrait encaisser une baisse des prix jusqu'à 40 dollars le baril, selon les analystes de Commerzbank. Le ministre a également souligné ne pas envisager de réunion extraordinaire du cartel avant trois mois, toujours selon Commerzbank. En déclarant que le cartel est prêt à supporter un prix du baril à 40 dollars, un nouvel objectif a été donné explicitement aux investisseurs. Le point bas du marché n'est donc pas encore atteint, notait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Le prix journalier du panier de brut de référence de l'Opep (comprenant les brut des membres du cartel) est passé juste en dessous des 58,65 dollars vendredi, contre 60,50 dollars le jour précédent, d'après des données du cartel diffusées la veille. Le prix moyen du panier de référence de l'Opep en décembre a baissé de 11,56 dollars, à 64,01 dollars le baril contre 75,57 dollars le baril en novembre, selon le cartel.