La banque centrale américaine (Fed) a fait mercredi un pas supplémentaire vers un début de normalisation de sa politique monétaire en abandonnant son engagement à se montrer "patiente" avant de relever ses taux directeurs. A l'issue de deux jours de réunion à Washington, le Comité monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) a une nouvelle fois confirmé le maintien de ses taux directeurs proches de zéro, leur niveau depuis fin 2008, afin de continuer à soutenir la reprise. Mais la Fed a innové dans la sémantique en envoyant un signal à des marchés suspendus à sa décision. Son communiqué final ne fait plus référence à une quelconque "patience" qu'elle avait invoquée au cours de ses deux dernières réunions pour justifier un statu quo monétaire. Dans son communiqué, le FOMC précise désormais qu'un relèvement des taux lors de sa prochaine réunion les 28 et 29 avril est "improbable", laissant toutefois ouvert le débat sur son calendrier exact. Même si "nous considérons qu'il est improbable que les conditions économiques réclament une hausse des taux lors de la réunion d'avril, une telle hausse pourrait être nécessaire à n'importe quelle réunion ensuite, suivant l'évolution de l'économie", a déclaré Mme Yellen lors d'une conférence de presse. Elle ouvre ainsi la porte à un premier resserrement du crédit dès sa réunion des 16 et 17 juin. "La modification de notre message d'orientation ne doit pas être interprétée comme le fait que nous avons décidé le calendrier de la hausse (des taux)", a-t-elle ajouté assurant que la Fed ne fera pas preuve "d'impatience". Interrogée sur le fait de savoir si en offrant un message d'orientation plus vague qu'autrefois, la Fed allait laisser les marchés deviner l'évolution des taux, Mme Yellen a répondu: "Notre politique dépend des données économiques (...). Il est évident qu'on ne peut pas apporter de certitude car nous ne savons pas comment l'économie va évoluer". La Banque centrale américaine se laisse donc une certaine marge de manoeuvre dans l'hypothèse où l'économie américaine montrerait de subits accès de faiblesse ou si ses objectifs de plein emploi et d'inflation annuelle à 2% se révélaient hors de portée. Dans son communiqué, adopté à l'unanimité, la Fed indique ainsi qu'il sera "approprié" de relever les taux quand elle verra de "nouvelles améliorations" sur le front de l'emploi et quand elle sera "raisonnablement confiante" dans le fait que l'inflation revienne vers son objectif de 2% annuel.
L'effet du dollar fort La Fed signale quelques points de faiblesse de l'économie américaine. Si elle note que les conditions du marché de l'emploi continuent à s'améliorer, la banque centrale relève que la croissance économique dans le pays s'est "quelque peu" modérée. Mme Yellen a reconnu que la force du dollar "était aussi un facteur" de cette affaiblissement de la croissance et de l'inflation en "maintenant des prix bas à l'importation". L'appréciation du billet vert ralentit la croissance des exportations, ce qui sera aussi "un poids pour l'économie américaine", a reconnu Mme Yellen. Dans son communiqué, le FOMC relève également que l'inflation a "encore décliné", plombée par le déclin de cours mondiaux du pétrole mais il n'affirme plus comme en janvier que les prix vont encore baisser même si l'inflation devrait "rester à son bas niveau actuel à court terme" En janvier, les prix à la consommation aux Etats-Unis n'ont ainsi progressé que de 0,2% sur un an. Reflétant son regain de prudence, la Fed a abaissé mercredi ses prévisions de croissance comme d'inflation aux Etats-Unis tout en se montrant plus optimiste sur le front de l'emploi. Le produit intérieur brut du pays (PIB) ne devrait plus progresser que de 2,3% à 2,7% sur un an, selon les nouvelles projections trimestrielles du FOMC et les prix à la consommation ne devraient plus augmenter que de 0,6 à 0,8% cette année. En 2015, le taux de chômage devrait évoluer entre 5,0 et 5,2%, selon la Fed.