Le fer représente le plus fort volume de minerai extrait et commercialisé dans le monde. Il est bien sûr la matière première del'industrie sidérurgique mondiale pour la production de l'acier nécessaire à l'industrie automobile, aéronautique, aux biens d'équipement des ménages (électroménager), au BTP, etc. Selon les experts, le nouvel âge d'or du fer se construit aujourd'hui à coups de milliards. BHP Billiton, le premier groupe minier au monde, mais seulement troisième producteur de fer, a sorti de sa poche 140 milliards de dollars pour absorber le numéro deux du fer, Rio Tinto. Un investissement colossal qui prouve à quel point le plus commun des métaux est redevenu une pépite pour l'industrie minière. Pour l'instant, Rio Tinto fait monter les enchères mais la fusion semble déjà acquise dans les têtes. 40 % de la production du fer se trouvera aux mains d'une seule compagnie. " La nouvelle entité ne risque-t-elle pas de se trouver en situation de monopole ? ", prévenaient les intervenants du marché quand l'OPA a été lancée, il y a une semaine. Cette hyper concentration est dure à avaler pour l'industrie sidérurgique qui subit, depuis trois ans, les augmentations décidées par les trois groupes dominant ce marché. Ces craintes semblent déjà balayées. Premier point à souligner : les deux sociétés réunies ne sont pas des fournisseurs de premier plan sur les marchés américains et européens, elles éviteraient ainsi les procédures anti trust que ne manqueraient pas de leur infliger des clients occidentaux. Deuxième point, BHP Billiton, si riche soit-elle, (son cours a été multiplié par 22 depuis 1990), pourrait solliciter le soutien d'autres compagnies minières qui, elles aussi, ne cessent d'engranger des bénéfices record. Lakshmi Mittal, le patron d'ArcelorMittal, suit de près les développements autour d'un éventuel rapprochement entre les géants miniers BHP et Rio Tinto. Ensemble, les deux groupes australiens contrôleraient 40% du marché mondial du minerai de fer. Pourquoi pas des Russes? Ou des Chinois ? La sidérurgie chinoise est, sans doute, la plus dépendante du fer des Anglo-Australiens et donc la plus irritée par cette méga fusion. Participer à l'opération serait un moindre mal. Les Chinois sont, d'ailleurs, alliés avec certains de leurs fournisseurs. Le premier groupe sidérurgique chinois Baosteel a investi, cette année, au Brésil dans une nouvelle aciérie construite en partenariat avec le groupe CVRD, qui est encore aujourd'hui le premier exportateur mondial de fer. Plutôt que d'importer du fer à prix d'or, les Chinois entendent bien développer une sidérurgie à l'extérieur de leurs frontières. la Chine a absorbé 45 % de la production mondiale, sa part devrait passer à 54 %, d'ici trois ans. Si le premier importateur au monde de fer continue à augmenter ses achats, si les producteurs peinent toujours à suivre cette demande trépidante, on ne s'étonnera pas de voir les prix continuer à grimper. En 2008, l'addition sera encore salée. Les experts s'attendent à une augmentation comprise entre 25 et 50 %. A noter qu'une tonne de fer brésilien coûte aujourd'hui 60 dollars mais, pour l'amener sur les côtes chinoises, il faut débourser 80 dollars par tonne.