Les prix du pétrole étaient sans direction hier matin en Asie avant la publication des dernières données hebdomadaires sur les réserves de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait deux cents, à 47,49 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance prenait trois cents, à 55,14 dollars. Le département américain de l'Energie (DoE) devait publier mercredi ses chiffres hebdomadaires sur les réserves pétrolières américaines, qui, dans les données officielles de la semaine précédente, avaient encore bondi à leur plus haut niveau depuis 1930, et particulièrement augmenté dans le terminal de Cushing, dans l'Oklahoma, référence des cours du WTI. Selon l'agence Bloomberg, les stocks se sont accrus de 4,8 mio de barils, en hausse pour la 11ème semaine consécutive. Ils se situaient la semaine dernière à 458,5 mio de barils, un record depuis août 1982. Et les réserves de Cushing, référence des cours du WTI, ont augmenté de 2 mio de barils sur la même période, selon la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API). Le pétrole, en repli de 12% depuis son plus haut niveau de l'année en février, reste sous la pression d'une offre excessive due à une production record et à une demande en berne. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui se refuse à limiter sa production pour soutenir les cours, ne devrait pas changer de position lors de sa prochaine réunion en juin, d'après Facts Global Energy, une société d'étude. Pour David Lennox, analyste chez Fat Prophets, "les cours ne se redresseront pas sans une réduction de la production de 1 million de barils par jour au moins". La veille, les cours du pétrole ont stagné à New York, à l'issue d'une séance pendant laquelle ils ont eu du mal à trouver une direction, et baissé à Londres, le marché mondial restant sous la pression d'une offre excessive. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a pris six cents à 47,61 dollars à la clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir chuté la semaine dernière à son plus bas niveau depuis six ans, à 43,46 dollars. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a cédé 81 cents à 55,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Alors que le Brent a passé l'essentiel de la séance en baisse, le marché new-yorkais a zigzagué, les cours du WTI repassant régulièrement dans le rouge ou dans le vert, pour finalement conclure sur une hausse minime, que peu d'analystes jugeaient significative. "Les cours ont hésité, sans grandes fluctuations", a souligné Bart Melek, de TD Securities. "Depuis la fin de la semaine dernière, ils profitaient d'une dynamique qui s'est dissipée." "Le gros problème, cela reste la perspective d'une nouvelle hausse de l'offre", a-t-il jugé. "L'Arabie saoudite compte continuer à produire une dizaine de millions de barils par jour, et on s'attend à une nouvelle hausse des réserves américaines de brut." Le département américain de l'Energie (DoE) publiera mercredi ses chiffres hebdomadaires sur les réserves pétrolières américaines, qui, dans les données officielles de la semaine précédente, avaient encore bondi à leur plus haut niveau depuis 1930, et particulièrement augmenté dans le terminal de Cushing, dans l'Oklahoma, référence des cours du WTI. A ce rythme, "on craint que les réserves atteignent en avril les limites des capacités de stockage aux Etats-Unis", a prévenu M. Melek. Avant le DoE, la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API) publiera mardi soir ses propres chiffres, qui sont généralement scrutés avec intérêt par les analystes même s'ils y accordent moins de crédit qu'aux statistiques officielles.
Le dollar reste surveillé Sur le plan international, "plusieurs sujets géopolitiques restent en embuscade - même s'ils n'ont pas forcément (eu) d'influence sur les cours d'aujourd'hui - à la veille de la reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien, et au moment où les violences s'aggravent au Yémen, voisin de l'Arabie saoudite", a par ailleurs annoncé Matt Smith, de Schneider Electric. Le Brent a plus particulièrement pâti du fait que "les chargements de brut depuis la mer du Nord et la Russie devraient augmenter dans les mois qui viennent, en comparaison avec l'année dernière, alors que les raffineries en Europe vont commencer à s'arrêter pour cause de maintenance (ce qui se traduit par une baisse de la consommation de brut)", a précisé Abishek Deshpande, analyste chez Natixis. Désormais, le milieu de semaine "devrait voir deux tendances s'affronter", a jugé Bob Yawger, de Mizuho Securities. "D'un côté la corrélation inverse entre la faiblesse du dollar et le marché pétrolier, et de l'autre les (...) réserves américaines, attendues en hausse." Comme les échanges pétroliers sont libellés en monnaie américaine, ils redeviennent plus intéressants pour les investisseurs, car le billet vert, monté à un très haut niveau en début d'année, s'affaiblit franchement depuis la fin de la semaine dernière, même s'il s'est stabilisé mardi. "On ne peut exclure un nouveau déclin du dollar, qui pourrait encourager l'appétit pour le risque à travers les matières premières, dont le pétrole brut", a commenté Tim Evans, de Citi.