Le conglomérat industriel japonais Toshiba a présenté lundi un nouveau centre de recherche dédié à l'hydrogène dans le but de préparer plusieurs solutions de production, transport, conservation et exploitation de cette ressource à partir de laquelle le groupe espère tirer un chiffre d'affaires annuel de 100 milliards de yens (770 millions d'euros) d'ici à 2020. Nous allons agir de diverses façons pour réaliser la société de l'hydrogène, a promis le patron du groupe, Isao Tanaka, lors de l'inauguration de ce lieu. Situé dans un des complexes de Toshiba, ce nouvel espace expérimente les différents équipements requis pour la production d'hydrogène (via l'électrolyse à partir d'une énergie renouvelable comme celle venant du rayonnement solaire), son stockage et son exploitation. Le groupe espère quintupler en cinq ans ses recettes afférentes à l'hydrogène. Nous pensons que la clientèle de nos produits est extrêmement large, a expliqué le responsable de cette activité, Osamu Maekawa. Toshiba se concentre notamment sur cinq types d'installations, avec des échéances de réalisation différentes mais qui pourraient en partie être fournies dès à présent. Il s'agit par exemple de systèmes permettant aux administrations, gares ou supérettes de créer leur propre hydrogène et de le stocker pour l'exploiter ensuite en tant que ressource de pile à combustible génératrice d'électricité. Toshiba indique que ce type de solution pourrait aussi convenir aux refuges lors des catastrophes naturelles et générer assez d'électricité et eau chaude pour faire vivre 300 personnes pendant 7 jours. Le groupe pense aussi à des équipements offrant la possibilité aux entrepôts, aéroports, usines, ports d'alimenter un parc de véhicules à pile à combustible. Est aussi en cours de développement un dispositif pensé pour les îles isolées, stations balnéaires ou hôpitaux qui viserait à les rendre autonomes en énergie à 100%. D'autres travaux portent sur les centrales électriques employant de l'hydrogène produit sur un site distant, pour faire tourner des turbines à gaz. A l'horizon 2025 et au-delà, Toshiba ambitionne d'établir une chaîne complète d'approvisionnement en hydrogène, a expliqué M. Maekawa. Par exemple, il s'agirait de produire à moindres coûts de l'hydrogène en grande quantité à l'étranger à partir d'énergie renouvelable (parcs solaires, fermes à éolienne), de le transporter jusqu'au Japon puis de l'utiliser ensuite dans des centrales électriques, sans la nécessité de construire des lignes de transmission pour connecter un site de production extérieur au Japon, souligne Toshiba. La ressource solaire et éolienne n'est pas suffisamment stable pour alimenter directement des installations électriques, mais elle peut être utilisée pour entraîner un dispositif d'électrolyse qui produit de l'hydrogène, une substance qui peut être stockée et transportée pour une utilisation ultérieure au moment voulu, insiste Toshiba. De plus, lorsqu'il est utilisé pour alimenter une pile à combustible qui fonctionne sur le modèle de l'électrolyse inversée afin de produire du courant, l'hydrogène est aussi à l'origine de la génération d'eau chaude, ce qui est particulièrement salvateur lors des catastrophes naturelles, rappelle aussi le conglomérat. Toshiba espère enfin être un des principaux fournisseurs des équipements exploitant l'hydrogène que la municipalité de Tokyo veut utiliser à profusion lors des Jeux olympiques de 2020 dans le but de montrer un exemple concret de la ville intelligente alimentée à l'hydrogène. Les autorités japonaises encouragent depuis des années les travaux sur l'hydrogène, y voyant un des moyens pour le Japon de s'affranchir en partie de sa dépendance énergétique et d'utiliser de façon efficace les énergies renouvelables.