Les relations algéro-françaises ont connu un réchauffement, un rapprochement plus qu'elles ne l'étaient auparavant. Des progrès significatifs sont en effet enregistrés, en témoignent les échanges de visites au plus haut niveau et l'intérêt croissant en matière d'échanges commerciaux et d'investissements. Mais force est de constater que les deux parties peuvent faire mieux. Le ministre des Affaires étrangères, en visite en France, a tenu à le préciser devant les membres de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. En fait, ce que demande Medelci c'est de pouvoir " mettre de façon plus synchrone " trois domaines où la coopération est réelle. Il s'agit, bien sûr, des objectifs commerciaux, d'investissements, et des objectifs d'échanges humains.Des dossiers sur lesquels les disparités sont apparentes. Et le ministre des Affaires étrangères de se montrer plus explicite en soulignant qu'il y a, par exemple, " plus de commerce que d'investissements et il y encore moins de degré de liberté pour les échanges humains ". En effet, la France reste le premier fournisseur de l'Algérie et la présence d'entreprises françaises est loin d'égaler le niveau des échanges commerciaux. Les hommes d'affaires algériens espèrent, à ce titre, nouer des contrats de partenariat notamment lors de la prochaine visite du MEDEF en Algérie. Le constat fait par Mourad Medelci fait montre de manque d'initiatives et de réelle prise en charge de ces dossiers. Des dossiers qui seront certainement abordés par les deux parties à l'occasion de la visite du président français en Algérie au mois de décembre prochain. La visite du ministre des Affaires étrangères s'inscrit dans cette optique. Mourad Medelci a souligné, à ce propos que les deux parties sont " en fin de préparation de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie ". L'occasion pour le chef de la diplomatie algérienne de préciser que les deux pays sont au stade d'évaluer de la situation de la coopération entre Alger et Paris et de " situer les défis que l'on doit relever ensemble ". Dans l'agenda du président de la République et son homologue français figurent, entre autres dossiers, les questions internationales a déclaré Mourad Medelci non sans mettre en avant les relations bilatérales et " les projections pour le futur " que les deux présidents vont tracer. Les deux parties sont également appelées à signer des accords dans divers domaines mais pour le ministre des Affaires étrangères " le plus important c'est de préparer le futur " et pour y arriver il faudrait, préconise Mourad Medelci, " se mettre, en tant qu'institution politique, au service d'une ambition qui est portée par nos sociétés et est accompagnée par les entreprises et non pas l'inverse ". A propos du projet de création d'une Union méditerranéenne, un projet cher à Nicolas Sarkozy, la réponse de Mourad Medelci est sans équivoque " il y a encore beaucoup de choses à clarifier ", a-t-il déclaré tout en relevant au passage que certaines " ambiguïtés relatives à son contenu sont levées ". Mais il reste tout de même à clarifier les questions. Celles liées notamment aux moyens, aux ressources, à l'organisation et enfin à la coordination " entre les pays, et en particulier entre pays européens qui, aujourd'hui, sont en train de travailler pour se mettre d'accord sur les conditions pour que cette Union méditerranéenne voit le jour ". Le message de Mourad Medelci est clair d'autant qu'il met en avant l'expérience du processus de Barcelone qui a suscité de l'espoir chez les pays de la rive sud de la Méditerranée mais qui n'a pas mobilisé les " énergies pour faire davantage ", a-t-il encore souligné. Pour Mourad Medelci, en tout cas, " il n'y a pas aujourd'hui de réserves, il y a simplement un délai à ce projet, un contenu plus concret ". A commencer par la nécessité de " déglobaliser " le projet et de construire " ensemble " et permettre d'impulser une véritable dynamique aux relations Nord-Sud de la Méditerranée en matière d'investissement notamment. Interrogé sur la repentance pour les crimes coloniaux, Mourad Medelci a répondu qu'il " faut laisser la porte ouverte à nos sociétés et à l'intelligence de nos peuples qui savent reconnaître lorsqu'ils sont dans le bon sens et lorsqu'ils doivent aller dans le bon sens ". Et d'ajouter " laissons faire le temps " et " portons l'espoir " que cette question soit un jour réglée, a-t-il expliqué, rappelant que les Européens ont régularisé ce type de problème après la Seconde Guerre mondiale. Pour Mourad Medelci, l'espoir est porté de part et d'autre avant de poursuivre, " Nous devons régler, cette question qui, aujourd'hui, fait que notre avenir est encore arrimé au passé ". Le chef de la diplomatie algérienne appelle enfin à ce que " notre avenir soit davantage arrimé à nos moyens d'aujourd'hui et à nos ambitions communes pour le futur".