Après avoir oscillé entre baisse et hausse depuis quelques jours, les cours de l'or noir s'orientent de nouveau vers le seuil symbolique des 100 dollars le baril. Dans la matinée d'hier, le baril de brut américain, pour livraison en janvier, prenait 84 cents ou 0,86% à 98,87 dollars, après être monté jusqu'à 99,29 dollars plus tôt en séance. Le baril de Brent de la mer du Nord avançait de 62 cents ou 0,65% à 96,11 dollars au même moment. Le pétrole est reparti à la hausse sous le double coup de la faiblesse du dollar vis-à-vis de l'euro et par l'indécision qui caractérise la prochaine réunion de l'Opep quant à une éventuelle hausse de la production. "Les cours du pétrole ont toutes les raisons du monde de grimper”. Des spéculateurs s'introduisent sur le marché, tirant profit de la baisse du dollar", a avancé Koo Ja-Kown, analyste pétrolier chez Korea National Oil. "Et en plus de cela, les craintes d'approvisionnement avant l'hiver restent vives", a-t-il ajouté. Depuis septembre, date de l'accélération des cours de l'or noir, les prix du pétrole évoluent dans le sens inverse du billet vert, qui a perdu plus de 10% depuis le début de l'année face à l'euro. Le prix du baril a été ponctuellement et fortement relancé par la faiblesse du dollar, qui a battu un nouveau record de baisse face à la monnaie unique avec un euro valant plus d'1,48 dollar. Les spéculateurs se nichent sur le marché des matières premières et du pétrole pour compenser la faiblesse du dollar. "La pression sur le dollar avec l'Opep qui commence à discuter sérieusement de sa faiblesse, favorise la flambée des cours", a commenté Bart Melek, analyste chez BMO Capital. Le Venezuela s'est joint mardi à l'Iran pour demander à l'Opep de fixer le prix du pétrole en fonction d'un panier de devises et plus du seul dollar. "Nous sommes d'accord avec la proposition iranienne d'avoir une base différente (du dollar) pour les transactions pétrolières", a déclaré Hugo Chavez lors d'une conférence de presse à Paris. L'Opep avait déjà rejeté cette requête, décidant néanmoins d'étudier l'impact du dollar faible sur ses revenus pétroliers. La hausse a été déjà enclenchée mardi avec la faiblesse accrue du dollar. Le dollar était tombé à un plus bas historique face à la devise européenne sur des spéculations sur une imminente baisse des taux d'intérêt américains début décembre, qui réduirait encore un peu plus l'écart du coût du crédit entre les Etats-Unis et la zone euro. La faiblesse du billet vert, monnaie dans laquelle est libellé le brut, stimule la demande de pétrole, en renforçant le pouvoir d'achat des investisseurs hors zone dollar. Selon certains analystes, la résistance des prix du pétrole reste également favorisée par des craintes persistantes sur l'équilibre précaire entre l'offre de brut et la demande, qui ne cesse d'exploser, notamment dans les pays émergents tels la Chine, l'Inde et le Brésil. "Les réserves pétrolières américaines sont attendues en baisse, et il paraît que ce sera le cas un peu partout: celles du Japon sont tombées à leur plus bas niveau depuis vingt-ans. Et au sein de l'OCDE, ce n'est pas mieux", souligne M. Melek. Hier, les marchés restaient nerveux et attendaient fébrilement les statistiques qui devaient être publiées par le Département américain de l'énergie (DoE) sur l'état des stocks aux Etats-Unis durant la semaine achevée. Les analystes attendent une baisse des stocks de produits distillés, dont le fioul de chauffage, de 300.000 barils, une hausse des stocks de brut de 600.000 et une hausse des stocks d'essence de 800.000. Le secrétaire américain à l'Energie, Sam Bodman, a encore une fois, exhorté l'Opep à augmenter sa production mais les membres du cartel estiment toujours que la flambée actuelle est due à des raisons financières et politiques et non à la situation physique du marché. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole se réunira le 5 décembre à Abou Dhabi pour prendre une décision sur sa politique de production des mois à venir.