Après avoir remis en cause les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie, considérant ses prévisions de la baisse de la demande exagérées, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) semble rectifier ses vues sur la situation du marché. Ainsi, l'Opep n'écarte pas d'autres révisions à la baisse de la demande mondiale du pétrole en 2009 en raison des répercussions de la récession mondiale sur la consommation du brut. "La croissance de la demande pétrolière mondiale pour 2009 est actuellement prévue à -1,4 million baril/jour (mbj) et d'autres révisions à la baisse ne sont pas à exclure mais cela va dépendre de la durée et de la gravité de la récession économique", a prévu l'organisation dans un rapport sur la situation du marché pétrolier et ses perspectives, présenté récemment à Alger. L'Opep avait abaissé à nouveau en avril sa prévision de demande de brut pour 2009, en tablant sur une baisse de 1,4 mbj, (-1,6%) par rapport à 2008 à 84,18 mbj. En 2008, la demande pétrolière mondiale avait baissé pour la première fois depuis les années 1980, de quelque 0,3 mbj. Pour 2009, l'offre des pays non membres de l'Opep devrait croître de 0,3 mbj malgré les incertitudes qui pèsent sur la consommation, souligne l'Opep qui prévoit que ce surplus de production viendrait du Brésil, des Etats-Unis, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et de l'Australie, alors que la production de la Russie et du Mexique sera en déclin cette année. La croissance de l'offre de ces grands pays producteurs non membres de l'Opep représente des "risques" pour le marché pétrolier mondial, ajoute l'organisation qui pompe près de 40% du brut mondial. L'Opep a par ailleurs, estimé les stocks actuels de brut des pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) à 2.739 millions barils, en hausse de 190 millions barils par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les stocks contrôlés par les Etats de l'OCDE ont augmenté à 1.535 millions de barils, précise le même document. En mars dernier les stocks mondiaux de pétrole couvraient 60,3 jours de la consommation, en hausse de 7 jours par rapport à la moyenne des cinq dernières années, ajoute l'organisation pétrolière. Actuellement au moins 100 millions de barils de pétrole brut sont conservés dans des stockages flottants, selon l'Opep. Notons que le prix du panier pétrolier Opep (Opec Reference Basket of crudes) a continué sa hausse lundi, franchissant la barre des 52 dollars le baril. Le 4 mai, le panier a gagné 1,7 dollar, à 52,11 dollars, contre 50,41 dollars la veille. Le pétrole avait pour la dernière fois dépassé les 52 dollars le 9 avril. Le baril avait culminé à 140,73 dollars le 3 juillet 2008, avant de connaître une chute fulgurante sur fond de crise financière mondiale. En 2008, le coût moyen du brut s'est élevé à 94,45 dollars. Il coûtait en moyenne 41,52 dollars en janvier et 41,35 dollars en février 2009. Pour ce qui est de la situation des marchés, il faut savoir que les cours du pétrole reculaient légèrement hier en début d'échanges européens, avec un dollar en hausse, après avoir touché des plus hauts depuis novembre. Vers 10h00 GMT (12h00 HEC), le Brent de la mer du Nord pour livraison en juin cédait 18 cents à 54,40 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance perdait 14 cents à 54,33 dollars. Il a touché un plus haut mardi en début d'échanges européens, à 54,60 dollars, seuil plus atteint depuis le 18 novembre. Le Brent évoluait encore proche de son plus haut de la veille, depuis également plus de cinq mois. Mais malgré ces belles hausses, l'or noir s'affichait en petite baisse en début d'échanges européens, avec des craintes persistantes sur l'équilibre entre l'offre et la demande, à l'approche du prochain rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers américains. "Les prix du brut ont enregistré leur clôture la plus haute de l'année lundi", observait Nimit Khamar du cabinet Sucden, citant "l'espoir que la consommation de pétrole se rétablisse" et "un dollar faible", l'or noir étant libellé en dollars, comme la majorité des matières premières. En revanche, mardi le rebond du billet vert face à l'euro pouvait décourager les achats. Synthèse S.G.