Le produit intérieur brut des Etats-Unis a baissé de 3,8% en rythme annuel au quatrième trimestre, du jamais vu depuis 1982, et ce recul de l'activité, bien que moins fort que prévu, annonce des temps difficiles pour la première économie mondiale. Selon les chiffres publiés par le département du Commerce, le PIB américain a reculé pour le deuxième trimestre de suite, ce qui n'était pas arrivé depuis l'automne-hiver 1990-1991, date de la précédente récession. Si le recul de l'activité a fortement accéléré par rapport au troisième trimestre, marqué par une baisse de 0,5% du PIB, il s'est révélé bien moins fort que la baisse de 5,4% redoutée par les analystes. Il reste sans égal depuis la chute de 6,4% du premier trimestre 1982. Selon le NBER, organisme chargé de dater officiellement les cycles économiques aux Etats-Unis, l'économie est entrée en récession en décembre 2007. Malgré cela, l'activité n'a pas reculé sur l'ensemble de l'année écoulée, et la richesse créée par le pays a atteint 14.280,7 milliards de dollars. En 2008, le PIB américain a crû de 1,3% (contre 2,0% en 2007). C'est son taux de croissance le plus faible depuis 2001. Pour les analystes, les chiffres du PIB pour les trois mois d'automne sont biaisés par la hausse des stocks des entreprises, qui a apporté 1,32 point de croissance au pays. Or cette composante de la croissance est souvent fortement modifiée à l'occasion des révisions successives de cet indicateur. "Une fois de plus, le PIB apparaît comme une bien mauvaise mesure de la récession", écrivent les économistes de RDQ Economics dans une note. Pratiquement toutes ses composantes étaient "dans le rouge": les dépenses de consommation ont baissé pour le deuxième trimestre de suite (de 3,5% en rythme annuel), les dépenses d'investissements ont plongé et la contribution du commerce extérieur à été quasiment nulle du fait de la chute des exportations. "Pourtant, une hausse inattendue des stocks (...) a eu pour résultat que le PIB ne s'est contracté 'que' de 3,8%", écrivent-ils. "Normalement, les récessions s'achèvent après une liquidation massive des stocks", et comme "cela n'a pas eu lieu" à l'automne, il faut s'attendre encore à une forte chute du PIB pendant le trimestre en cours, si les chiffres des stocks ne sont pas révisés, ajoutent-ils. Plus que la baisse de la consommation, qui a fait perdre 2,47 points à la croissance, c'est l'investissement qui se révèle être le point noir de l'économie américaine puisqu'il a fait perdre 3,12 points à la croissance. Les dépenses d'investissement dans le logement ont continué leur chute entamée début 2006, reculant de 23,6%. A défaut d'être un record, cela traduit une nette accélération par rapport l'été. Les investissements hors logement ont plongé de 20,1%, soit leur chute la plus forte depuis 1980. Jugeant que "l'économie américaine continue à se contracter gravement", la Maison Blanche a jugé "essentiel d'agir immédiatement pour soutenir à la fois le secteur financier et la demande". Le président Barack Obama a qualifié vendredi le recul du PIB de "catastrophe" et une nouvelle fois exhorté le Congrès d'adopter son gigantesque plan de relance, tandis que son gouvernement étudie plusieurs options pour aider les banques. Malgré cela, la Réserve fédérale américaine estime que le PIB devrait reculer pour l'ensemble de l'année en cours. Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé cette semaine que cette baisse devrait atteindre 1,6%.