La branche libyenne de l'Etat islamique (EI) a déclaré dimanche la "guerre" à la puissante coalition de milices qui contrôle Tripoli. Elle a revendiqué un attentat suicide qui a tué cinq de ses combattants. Un kamikaze s'est fait exploser à bord d'une voiture près d'un point de contrôle à une entrée de la localité de Dafiniyah, entre Zliten et Misrata, à l'est de Tripoli, selon un porte-parole de Fajr Libya (Aube de la Libye). L'attaque a tué cinq miliciens et blessé sept, selon un bilan donné par l'agence de presse LANA, proche des autorités de Tripoli, non reconnues par la communauté internationale. L'EI a revendiqué l'attaque et affirmé qu'elle avait été menée par un Tunisien identifié comme "Abou Wahib al-Tounsi". Il a prévenu dimanche les miliciens qu'ils devaient se préparer à la "guerre". "Les apostats de Fajr Libya (...) doivent savoir qu'une guerre se profile", a aussi indiqué l'EI.
Territoires contestés Fajr Libya est une coalition de milices, hétéroclites mais dont certaines sont composées d'islamistes, qui a pris le pouvoir l'été dernier à Tripoli. Elle y a établi un gouvernement et un Parlement, poussant les autorités reconnues par la communauté internationale à s'exiler. Une partie du territoire contrôlée par Fajr Libya est désormais contestée par l'EI, qui a pris pied l'an dernier en Libye. Les djihadistes contrôlent déjà des zones dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ont revendiqué des attaques suicide contre Fajr Libya près de Misrata. Et le gouvernement Fajr Libya a appelé de son côté à la "mobilisation urgente" face au groupe Etat islamique. Un député du parlement siégeant à Tripoli, Salim al Hamali, qui était porté disparu, a été par ailleurs retrouvé tué au sud de la capitale, a dit la chaîne de télévision Al-Nabaa.
"Croissant pétrolier" Des djihadistes se sont emparés ces derniers jours de l'aéroport de Syrte, duquel des combattants de Fajr Libya se sont retirés. Cet aéroport, qui se trouve à 150 kilomètres de l'important "croissant pétrolier" libyen, est le premier pris par l'EI en Libye. Le groupe ultra-radical sunnite contrôle désormais des zones entières dans cette région pétrolière. Les autorités de Tripoli accusent les djihadistes de s'être alliés à des anciens du régime de Kadhafi pour prendre pied à Syrte, la ville du défunt dictateur. Toujours selon le gouvernement de Tripoli, l'EI disposerait par ailleurs de "cellules dormantes" dans la capitale, où le groupe djihadiste a déjà revendiqué des attaques.
Cinq morts à Misrata Cinq personnes ont été tuées et six autres blessées dimanche lorsqu'un kamikaze s'est fait sauter dans la ville de Misrata, dans l'ouest de la Libye, a indiqué une source sécuritaire. Un kamikaze au volant d'un véhicule a attaqué la porte de Dafniya (une importante entrée commerciale de Misrata), tuant trois personnes et en blessant huit autres, dont deux sont morts un peu plus tard, a indiqué à Xinhua une source auprès de la chambre des opérations militaires conjointes de Misrata, ajoutant que l'attaque avait fortement endommagé la porte d'entrée de la ville. Un groupe affilié à l'Etat islamique (EI) a revendiqué l'attaque sur son compte Twitter et a identifié l'attaquant comme étant un Tunisien. L'EI a revendiqué plusieurs attaques similaires ainsi que l'exécution d'étrangers dans le pays. La Libye, un important producteur de pétrole en Afrique du Nord, est face à une situation politique chaotique depuis l'éviction de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi lors des troubles de 2011. Le pays est maintenant dans une impasse où s'opposent l'armée favorable aux laïques et les milices islamistes, ce qui a causé un vide sécuritaire propice aux extrémismes locaux.
Tripoli appelle à la mobilisation générale Le gouvernement libyen installé à Tripoli a appelé dimanche à la mobilisation urgente face au groupe Etat islamique, après que des djihadistes ont revendiqué un attentat suicide meurtrier contre des membres d'une milice alliée aux autorités. Ce gouvernement, non reconnu par la communauté internationale et appuyé par la coalition des milices de Fajr Libya, a appelé dans un communiqué les officiers et soldats de l'état-major de l'armée libyenne, les forces du ministère de l'Intérieur et de tous les services de sécurité ainsi que les révolutionnaires du 17-Février dans toutes les villes (...) à la mobilisation urgente. Ce communiqué, lu par le Premier ministre désigné de ce gouvernement, appelle toutes ces forces à ne pas laisser tomber leur patrie et à être prêtes pour défendre la terre, l'honneur et la religion. Cet appel survient quelques heures après la mort de cinq membres des milices de Fajr Libya dans un attentat suicide contre un point de contrôle dans l'ouest du pays revendiqué par la branche libyenne de l'EI qui a déclaré la guerre à ces forces qui contrôlent la capitale. Ce gouvernement souligne dans son communiqué qu'il est déterminé à combattre la pensée extrémiste (...) jusqu'à son éradication, et à combattre les takfiris (allusions aux extrémistes sunnites). La Libye a sombré dans le chaos après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Les milices font la loi sur le terrain alors que deux autorités, chacune dotée d'un Parlement et d'un gouvernement, se disputent le pouvoir. Le gouvernement reconnu par la communauté internationale siège à Tobrouk, dans l'est. Profitant de l'instabilité en Libye, l'EI, qui s'est emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak, a en effet pris pied l'an dernier en Libye, où il contrôle notamment des zones dans la région de Syrte, à l'est de Tripoli.