Les investisseurs de la Bourse de Tokyo seront attentifs cette semaine aux réunions des banques centrales américaine et nippone, en quête d'informations sur l'évolution de leur politique monétaire respective, selon les analystes interrogés vendredi. Au cours de la semaine qui vient de s'achever, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a perdu 0,26% à 20 407,08 points. L'indice a été victime d'un fort recul mardi et mercredi, affecté par une soudaine remontée de la monnaie nippone provoquée par des commentaires inattendus du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), qui a jugé "peu probable que la baisse du yen se poursuive". Le billet vert a fortement grimpé face à la devise japonaise ces derniers mois à la suite de divergences entre la politique monétaire américaine, qui prône un resserrement, et celle du Japon qui pourrait nécessiter un nouvel assouplissement afin de soutenir une économie encore fragile. Le Nikkei a pu se redresser dès jeudi grâce à une chasse aux bonnes affaires consécutive au décrochage des séances précédentes. De son côté, l'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu pour sa part 0,93%, terminant la semaine à 1 651,48 points. Les investisseurs auront à nouveau les yeux rivés sur Washington où la Réserve fédérale réunit mardi et mercredi son comité de politique monétaire alors que le calendrier du relèvement de ses taux, actuellement presque nuls, demeure incertain, conditionné à la solidité de la reprise enregistrée aux Etats-Unis. Après une série d'indicateurs mitigés, la bonne tenue des ventes au détail en mai pourrait être le signe du retour tant attendu des consommateurs américains pour tirer l'économie et autoriser une future hausse des taux d'intérêt. Les ventes de détail ont effet nettement accéléré le mois dernier gagnant 1,2% comme l'espéraient les analystes. "Le marché va chercher des indices sur les chances d'un relèvement des taux en septembre", a commenté Takashi Hiroki, stratégiste chez Monex Securities à Tokyo. La BoJ se réunira également la semaine prochaine, vendredi, dans un contexte meilleur mais encore délicat pour l'économie de l'Archipel. Si la croissance de l'économie japonaise s'est accélérée (+1%) au 1er trimestre, selon des chiffres révisés publiés lundi, elle risque de se détériorer, selon les économistes, au deuxième trimestre en raison d'une consommation des ménages encore trop timorée. Cette accélération de la reprise n'en est pas moins une bonne nouvelle pour le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe et la BoJ. L'institution se dit convaincue que le Japon, malmené par une quinzaine d'années de déflation, parviendra à atteindre courant 2016 son objectif d'inflation de 2% Ainsi, même si en avril la hausse des prix a été quasi nulle, la BoJ n'est donc pas forcée d'agir rapidement, selon des analystes. Les investisseurs s'intéresseront également aux évolutions du dossier grec qui continue à inquiéter notamment après le départ jeudi de Bruxelles des négociateurs du Fonds monétaire international (FMI) dont un porte-parole a souligné la persistance des différences importantes entre Athènes et ses créanciers internationaux. "Le fait que l'équipe du FMI soit sortie des négociations et soit repartie directement aux Etats-Unis n'aide pas à soutenir l'humeur" des investisseurs "ou à donner confiance sur la conclusion d'un accord", a relevé Evan Lucas, stratégiste chez IG dans une note aux clients. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a estimé vendredi qu'un accord sans le FMI était "inimaginable". De son côté, le gouvernement grec espère toujours conclure un accord d'ici la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) du 18 juin pour éviter le défaut de paiement. Au moment de la fermeture à Tokyo (06h00 GMT), le dollar se situait autour de 123,4 yens et l'euro à 138,80 yens, en légère baisse par rapport au début de matinée. Après le rebond de jeudi, la séance avait bien démarré grâce au bon chiffre sur la consommation américaine. Sur les 225 composantes du Nikkei, 122 ont baissé, 96 augmenté et 7 n'ont pas bougé. Du côté des constructeurs automobiles, si Toyota (+0,87% à 8 394 yens) et Nissan (+0,40% à 1 265 yens) ont progressé, Honda a chuté de 1,45% à 4 102 yens. Pourtant, ce dernier n'a annoncé qu'après la clôture une réévaluation des frais dus aux rappels de véhicules consécutifs à l'affaire des airbags défectueux de son compatriote Takata. Honda évalue désormais à 44,8 milliards de yens (322 millions d'euros) le coût de réparations des millions de véhicules qu'il doit faire revenir au garage. Dans le secteur de l'électronique, Sony a pris 0,72% à 3 786,50 yens et Panasonic 0,68% à 1 772 yens, mais Sharp a abandonné 1,16% à 170 yens et Toshiba 0,88% à 437,50 yens. Comme souvent, les actions des banques Mizuho et Mitsubishi UFJ sont celles qui ont le plus changé de mains. La première a augmenté de 0,65% à 262,70 yens tandis que la seconde déclinait de 0,21% à 890 yens. Le troisième titre le plus actif a été Tokyo Electric Power (Tepco) qui a cédé 1,18% à 670 yens. Le gouvernement japonais a décidé vendredi le report d'opérations complexes dans le chantier de démantèlement de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Les titres des autres compagnies du secteur, qui ne sont pas directement impliquées dans le chantier de Fukushima, ont également été boudés: Chubu Electric Power a lâché 3,01% à 1 836 yens et Kansai Electric Power 1,60% à 1 324 yens. Les fournisseurs de gaz n'ont pas été mieux traités: Osaka Gas a reculé de 3,31% à 509 yens, signant ainsi la plus mauvaise performance du jour, et Tokyo Gas a perdu 1,69% à 692 yens.