"Il est universellement démontré qu'ilexiste un lien dialectique entre bonne gouvernance économique et politique (dont la lutte contre la corruption) qui permet le développement avec un retour d'investissement à moyen terme de l'ordre de 300% et donc l'amélioration du niveau de vie de la majorité " Daniel Kaufmann Le peuple algérien est un grand peuple. Le peuple algérien est un peuple merveilleux qui, à sa, manière a montré sa volonté de changement. Cela doit se traduire comme je l'ai fortement souligné au lendemain des élections législatives "sur la nécessité de la refonte de l'Etat " et par une meilleure efficacité gouvernementale. En effet, la situation actuelle caractérisée par la névrose collective et le divorce croissant Etat-citoyens montre clairement une très forte démobilisation populaire due à ces signes extérieurs de richesses souvent non justifiées , la détérioration du niveau et genre de vie de la majorité de la population malgré des réserves de change dépassant les 90 milliards de dollars US fin novembre 2007, grâce en grande partie aux hydrocarbures (moins de 2% des exportations hors hydrocarbures en 2006/2007) et un taux de croissance relativement faible tiré essentiellement par les dépenses publiques non proportionnel aux dépenses monétaires montrant une mauvaise gestion à tous les niveaux. Les réserves de change qui certes permetent de stabiliser le dinar par rapport au dollar et à l'euro ne sont qu'un signe monétaire et non facteur de développement autant que la réalisation des infrastructures via les dépenses publiques qui ne sont qu'un moyen. Or, sans une mobilisation et de profondes réformes et c'est une loi sociale, il ne peut y avoir un développement durable. Cette présente contribution est axée justement sur l'urgence d'une meilleure cohérence gouvernementale avec de grands ministères couvrant plusieurs secrétariats d'Etat techniques pour concrétiser le programme présidentiel: qui, il faut le rappeler, se termine le 08 avril 2009 ayant accusé d'importants retards dont, notamment les réformes de secondes générations dites réformes micro-économiques et institutionnelles dont la réforme financière qui constituait une des priorités du programme. 1.-De grands Ministères pour éviter les confusions Il faut le rappeler, le rapport de Missoum sbih sur la réforme de l'Etat initiée durant le premier mandat par le président de la République avait, à juste titre insisté sur cet aspect stratégique de grands ministères à la fois pour des raisons d'économies de gestion et pour des raisons d'efficience gouvernementale. A ce titre, je suggère les pistes suivantes : au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales devrait s'adjoindre l'Aménagement du territoire et l'Environnement avec deux secrétariats d'Etat Cela suppose une autre organisation locale notamment du rôle des walis par la création de pôles socio-économiques régionaux impliquant tant l'administration, les élus,les entreprises, les banques , la société civile , les chambres de commerce et les universités devant donc revoir les Codes communaux et de wilayas( superwalis avec des walis annexes). Les directions de wilaya qui sont budgétivores devront être regroupées en adéquation avec ceux des ministères. Comme, c'est en accordant la priorité à la connaissance (1) que les politiques publiques apporteront des réponses à la pauvreté, à la fois rurale et urbaine, et surtout à l'évolution du chômage par la création d'emplois et d'activités génératrices de revenus, en particulier pour les groupes vulnérables, notamment les femmes et les jeunes je préconise un grand ministère de l'éducation nationale et de la recherche scientifique (la revalorisation des compétences ) avec trois secrétariats d'Etat techniques. Le ministère des Finances devrait être couplé avec le ministère du Commerce et le ministère des Investissements avec ceux du Tourisme et l'Artisanat , de l'Industrie , de la PMI/PME tout en lui rattachant les Mines , segment stratégique de la relance industrielle, ( trois secrétariats d'Etat techniques, ceux de la Privatisation/Participation , tourisme et l'industrie) .Le défi majeur du XXIè siècle étant celui de l'eau , dont celui du dessalement de l'eau de mer dont la base est le gaz , au ministère clef celui de l'Energie, il y aurait lieu de lui adjoindre celui des Ressources en eau tout en impulsant l'industrie pétrochimique et les énergies renouvelables qui accusent un retard important avec trois secrétariats d' Etat. Quant au Ministère du travail, logiquement il devrait intégrer celui de la Formation professionnelle, de l'Emploi et de la Solidarité nationale (deux secrétariats d'Etat) et la santé toutes les Caisses de sécurité sociale. Devraient également être regroupés le ministère des postes et des Nouvelles technologies, de la Culture et celui de l'information, pouvant exister une porte parole au niveau du gouvernement pour l'Information officielle avec deux secrétariats d'Etat. L'Agriculture et la Pêche formeraient un tout( avec deux secrétariats d'Etat) ainsi que les Transports , Travaux publics et l'Habitat (deux secrétariats d' Etat ) . Quant aux structures de la jeunesse et des Sports, ainsi qu'éventuellement celui de la Promotion la condition féminine, de la protection de l'enfance, ils devront faire l'objet d'un traitement particulier. Il est entendu que l'organisation des Ministères de la Défense, des Affaires étrangères et de la Justice devrai rester tel quel et que les différentes agences chargés de l'investissement qui se télescopent ( ANDI - emploi des jeunes ect…) devront être rattachées à un seul ministère pour plus de cohérence. 2. Concilier efficacité et justice sociale Nous avons deux options : soit satisfaire les appétits partisans par une redistribution passive de la rente ou enclencher un développement durable reposant sur le travail et l'intelligence afin de redonner une lueur d'espoir surtout à une jeunesse désabusée en conciliant l'efficacité économique et la justice sociale dans un univers dominé par la mondialisation où toute nation qui n'avance pas recule. C'est qu'une société dynamique en forte croissance offre des espoirs individuels plus grands en tolérant certaines inégalités qu'une société dont l'économie est en stagnation, où l'avenir est incertain. Mais la conception de l'équité qui ne recoupe pas l'égalitarisme est une condition de l'efficacité globale de l'économie. Dans un tel contexte, il faut identifier lés inégalités qui doivent être combattues (inefficaces et injustes) et trouver le niveau acceptable d'inégalités nécessaires pour assurer le dynamisme de l'économie. Cela suppose une réflexion sur l'optimum que la société souhaite, une approche cas par cas en fonction du domaine étudié par une reconnaissance mutuelle des créances et des dettes sociales que l'on échange et qui se distribuent par un traitement symétrique des devoirs et des droits. En fait, les principes de justice sociale dans une société ouverte doivent faire l'objet d'une gestion décentralisée qui repose sur la confiance, le partenariat, le dialogue, le contrat si on veut qu'ils deviennent effectifs. Il ne sera plus question de la simple égalité d'accès à des prestations banalisées mais l'équité par la discrimination positive privilégiant le renforcement des relations professionnelles, la relance des négociations collectives branche par branche grâce à de nouvelles méthodes de travail fondées sur l'innovation continue. Mais l'ensemble des conditions de l'amélioration sociale passe par la cohérence et l'efficacité gouvernementale qui restera tributaire d'un certain nombre de conditions liées à la réussite de la réforme globale passant sur le plan économique par la réhabilitation de l'entreprise, la levée des contraintes d'investissement passant par la refonte urgente du système financier, fiscal, douanier, domanial (foncier) et une détermination plus grande par une vision plus cohérente de la réalisation du programme de privatisation. Sur le plan sociopolitique déterminant cela passe par une véritable décentralisation, la production d'une culture politique participative ; une communication institutionnelle efficiente et l'élaboration d'un nouveau consensus social et politique (ce qui ne signifie aucunement unanimisme signe de la décadence de toute société) permettant de dégager une majorité significative dans le corps social autour d'un véritable projet de société. La réussite est avant tout non celle d'un homme seul (une seule main comme dit l'adage ne saurait applaudir) mais celle d'une équipe compétente soudée (de véritables managers sachant tant gérer qu'à l'écoute des populations) et surtout animée d'une profonde moralité avec une lettre de mission à exécuter dans les délais et le respect d'une bonne gestion.. En résumé, l'accélération des réformes économiques, sociales, culturelles (le droit à la différence) et politiques inséparable d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, par une lutte contre la corruption qui devient socialisée, de l'instauration de l'économie de marché concurrentielle loin de tout monopole , basée sur la concertation sociale, du respect du droit de l'homme, de la promotion de la condition féminine conditionnent largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience maghrébine et plus globalement méditerranéenne et arabo-africaine au moment de la consolidation des grands ensembles et de cette mondialisation irréversible où il est suicidaire pour chaque pays de faire cavalier seul. La situation présente implique afin de lutter contre le statu, quo et l'immobilisme, de l'imagination, des idées opérationnelles nouvelles, car à vouloir perpétuer des comportements passés, l'on ne peut qu'aboutir à une vision périmée et à perpétuer une économie rentière. Le risque d'une déflagration sociale est justement là. Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert