Après la corruption, le détournement de fonds publics, le gaspillage est une autre menace qui plombe l'avenir de l'Algérie. Selon les statistiques, les Algériens jettent dans leurs poubelles annuellement une quantité de pain d'une valeur de près de 40 millions de dollars, une somme gigantesque avec laquelle on aurait pu construire des usines, des logements ou des hôpitaux dans plusieurs régions enclavées. "Ce gaspillage est dû au prix abordable du pain en Algérie où les citoyens ne font aucun effort pour rationaliser la consommation de ce produit précieux", ont expliqué quelques citoyens qu'on a croisés dans l'une des ruelles de la Capitale. Augmenter le prix du pain est-t-il le moyen d'empêcher ce gaspillage ? En termes plus explicites, annuler les subventions octroyées par l'Etat à ce produit de large consommation permettra-t-il de mettre un terme à ce phénomène dans les mœurs de notre société ? La réponse est sans doute oui, mais pas sans conséquences sur le pouvoir d'achat des petites bourses. Pour répondre à cette question, nous nous sommes rapprochés de Mohamed, un commerçant à Alger qui nous a affirmé que ce phénomène est dû à une mésentante entre les membres de la famille. " Plusieurs fois qu'il m'est arrivé d'acheter du pain, j'ai constaté que mon père en avait déjà acheté", a-t-il déploré. Sur la même longueur d'ondes, Mme Aicha, mère de famille nous a déclaré : "Il arrive souvent que mon mari achète du pain, alors qu'à la maison on a préparé des pâtes, donc on est obligé de mettre ce pain au congélateur, alors que les enfants préfèrent toujours du pain frais". Par ailleurs, joint par téléphone hier, le président de la Fédération algérienne des consommateurs ( FAC) M. Zaki Hariz nous a affirmé que la FAC a relevé une augmentation de 30% de gaspillage de pain durant le mois sacré. En outre M. Hariz nous a révélé que la Fédération algérienne des consommateurs a lancé une campagne de sensibilisation, deux jours avant le Ramadhan, afin de sensibiliser les citoyens pour rationnaliser leur consommation durant le mois de carême. " Notre campagne a débuté deux jours avant le mois de Ramadhan " a-t-il déclaré. En effet, la Fédération a mené une campagne de sensibilisation avant-hier dans plusieurs marchés de la Capitale. D'autant plus que notre religion nous interdit ce genre de comportements ! Hélas, les Algériens n'ont pas une culture de la consommation. Durant le mois sacré, il nous suffit de faire un tour dans les boulangeries pour voir que les clients sont comme des boulimiques. Des files indiennes pour acheter deux à trois baguette de pain ! Non rassurez-vous les gens se payent dix à vingt baguettes, la question qui mérite d'être posée est la suivante: qui va manger tout ce pain ? La réponse est malheureusement la poubelle. Par ailleurs, il faut noter que l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA) avait affirmé que sur les 1.2 milliard de baguettes de pain consommées durant le mois de ramadhan, 120 millions sont jetées. Il faut noter que l'Etat débourse annuellement des fortunes afin de subventionner cet aliment essentiel. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Ramadhan est le mois des paradoxes. Le comble c'est que le Coran en particulier, et la religion islamique en général condamnent ce genres de comportements. En effet, ces derniers sont étranges à notre culture et à nos mœurs. Les Algériens jeûnent toute la journée et le soir ils organisent un festin ! Ils se plaignent sans cesse que la vie est chère, mais dès que le Ramadhan est là, ils n'écartent aucune méthode afin de s'approvisionner de denrées, sans commune mesure allant même jusqu'à s'endetter.