Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a critiqué hier la position de certaines institutions, visant le FMI, qui n'accepte pas des mesures compensatoires que la Grèce avait proposées, selon une source gouvernementale grecque. Tsipras doit s'entretenir à Bruxelles mercredi après-midi avec les créanciers de la Grèce (UE, BCE et FMI) avant la tenue dans la soirée d'une réunion cruciale des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe), qui espèrent conclure un accord évitant au pays un défaut de paiement fin juin. En s'adressant à ses collaborateurs avant de quitter Athènes pour Bruxelles, Alexis Tsipras a déploré l'insistance de certaines institutions qui n'acceptent pas des mesures compensatoires, a indiqué cette source. Il visait le Fonds monétaire international, qui selon le gouvernement grec, n'accepte pas certaines des propositions d'Athènes, a indiqué une autre source gouvernementale. Le refus des mesures compensatoires ne s'est produit nulle part. Ni en Irlande ni au Portugal, nulle part!, a-t-il dit selon cette source. Cette position étrange cache deux éventualités: soit elles (ces institutions) ne veulent pas d'accord soit elles servent des intérêts spécifiques en Grèce, selon le Premier ministre. Alexis Tsipras doit s'entretenir avec le président de la Commission Jean-Claude Juncker, le chef de la BCE Mario Draghi et la directrice du FMI Christine Lagarde avant la réunion de l'Eurogroupe qui devrait évaluer les nouvelles propositions grecques en vue de donner le feu vert pour la conclusion d'un accord avec Athènes sur la poursuite du versements des prêts internationaux au pays, qui risque un défaut de paiement fin juin. Selon une source gouvernementale grecque, le FMI n'a pas accepté certaines des nouvelles propositions grecques, soumises lundi aux créanciers, concernant la hausse de la taxe sur les hauts revenus ou le rétablissement des cotisations des employeurs au niveau d'avant le début de la crise de la dette en 2010. Ces cotisations ont été réduites ces dernières années, lors des plans de redressement de l'économie grecque, dictés par les créanciers et votés par le précédent gouvernement de la coalition droite-socialiste, a expliqué cette source grecque. Une source européenne proche des négociations a confirmé hier qu'il y avait eu des différends au sein des créanciers la veille mais que depuis, ils avaient réussi à dégager une position commune.
La BCE relève le plafond d'aide d'urgence La BCE a relevé hier, pour la cinquième fois en huit jours, le plafond de l'aide d'urgence (ELA) aux banques grecques, a indiqué une source bancaire grecque. La Banque centrale européenne est prête à intervenir à nouveau à tout moment, a assuré cette source, pour aider les banques grecques, victimes de retraits massifs ces derniers jours en raison de l'incertitude qui continue à peser sur le sort financier du pays. Le montant du relèvement de mercredi n'a pas été précisé. Presque immédiatement après l'arrivée de Syriza au pouvoir fin janvier, la Banque centrale européenne a fait cesser une exception favorable à la Grèce : elle prêtait jusqu'alors à ses banques normalement, comme aux banques des autres pays, mais en échange de titres qui n'avaient pas la note de crédit minimum requise par la BCE pour servir de garantie. Depuis, elle prête chaque semaine, si nécessaire, dans le cadre de cette aide d'urgence, mais à taux moins intéressant. Lundi dernier, le plafond de cette aide avait été porté à 84,1 milliards d'euros. Aucun des montants des quatre relèvements depuis n'a été révélé. Ces relèvements accélérés ont été rendus nécessaires ces derniers jours car, dans l'incertitude sur un accord entre Athènes et ses financiers - qui pourrait aboutir soit à un contrôle strict sur les mouvements bancaires, soit dans le pire des cas à un retour à la drachme - les Grecs, sans céder à la panique, préfèrent être sûrs de pouvoir disposer de leur argent librement. Les retraits ont atteint plusieurs milliards d'euros la semaine dernière, la presse nationale estimant qu'entre 4 et 6 milliards d'euros ont été récupérés (contre 30 milliards sur toute la période entre début décembre et fin avril, derniers chiffres officiels qui marquaient déjà un début d'hémorragie). Les retraits ont pu continuer en début de semaine, les banques n'ayant pu servir la semaine dernière tous ceux qui demandaient leur épargne en liquide, et les ayant invités à revenir cette semaine pour chercher le reste. Malgré ces retraits massifs, le suivi au quotidien du bon approvisionnement des banques manifestement décidé par la BCE a permis d'éviter toute panique bancaire. Aucune nervosité n'était décelable dans les succursales bancaires, dont les distributeurs de billets étaient parfaitement approvisionnés.
Valls: Encore beaucoup de travail Le Premier ministre français Manuel Valls a estimé à Francfort (Allemagne) qu'il restait encore beaucoup de travail à faire pour parvenir à un accord entre Athènes et ses créanciers pour éviter le défaut de paiement de la Grèce. Les bases d'un accord sont réunies mais il reste encore beaucoup de travail à faire, a-t-il souligné après avoir rencontré le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et les membres du directoire de l'institution. Les lignes bougent (...), le gouvernement grec a pris ses responsabilités et formulé des propositions courageuses, qui ont été accueillies positivement, même s'il a pu y avoir des nuances, a complété M. Valls un peu plus tard lors d'une rencontre avec la presse francfortoise. Les mesures présentées par les Grecs sont sérieuses et responsables, a-t-il insisté. Il appartient maintenant aux autorités grecques, au gouvernement grec d'intégrer les éléments du débat de la nuit dernière et de faire en sorte que chacun soit convaincu de sa bonne volonté de s'engager vers la voie des réformes, a ajouté le Premier ministre. Il reste encore du travail et des étapes à franchir, a martelé Manuel Valls. Il faut avoir confiance mais il faut travailler pour rapprocher tous les points de vue, selon lui. A ce sujet, le Premier ministre français a évoqué des convergences avec l'Allemagne sur la Grèce, avec la même vision et les mêmes objectifs visant à préserver la zone euro. C'est ensemble (France et Allemagne) que nous essaierons de trouver un accord, a-t-il poursuivi, estimant que la zone euro jouait sa crédibilité dans le dossier grec. M. Valls a encore indiqué qu'il avait évoqué avec M. Draghi la Grèce et les conditions de la reprise aujourd'hui en Europe et dans la zone euro ainsi que la situation de la France. Il a dit avoir exposé longuement devant le directoire de la BCE la situation économique française et les réformes que nous devons engager.