La production industrielle et les ventes de détail ont légèrement accéléré en Chine en mai, selon des chiffres officiels publiés cette semaine, qui témoignaient d'un certain regain de vigueur de l'activité après les mesures de soutien adoptées par Pékin. La production industrielle a ainsi enregistré le mois dernier une hausse de 8,8% sur un an, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS), ce qui correspond exactement à la prévision des analystes interrogés par l'agence Dow Jones, et s'avère légèrement supérieur à la progression de 8,7% en avril. Ce niveau reste cependant très en-deçà des taux de progression de plus de 10% sur un an enregistrés à l'automne dernier. De leur côté, les ventes de détail en Chine ont grimpé en mai de 12,5% sur un an, marquant une accélération sensible de la consommation des ménages par rapport à la hausse de 11,9% en avril, a précisé le BNS. Elles sont à leur plus haut niveau depuis décembre. Les investissements en capital fixe ont eu gonflé de 17,2% sur les cinq premiers mois de l'année, par rapport à la même période de 2013. Il s'agit d'un léger ralentissement par rapport à la progression de 17,3% sur la période janvier-avril, mais le chiffre est néanmoins meilleur qu'attendu par le marché. Ces statistiques encourageantes semblaient témoigner d'une embellie de la deuxième économie mondiale, après une série de mesures prises ces deux derniers mois par les autorités pour stimuler l'activité et qui commencent, de l'avis des experts, à "porter leurs fruits".
La Banque centrale à la manœuvre Ces chiffres "indiquent que le rythme de croissance pourrait bientôt se stabiliser à un niveau plancher" avant d'accélérer à nouveau, "en dépit de risques persistants", ont commenté les économistes de la banque ANZ. La croissance économique chinoise est tombée à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois. Cette conjoncture morose avait poussé le gouvernement a lancer des "mini mesures de relance", telles que des réductions fiscales pour les petites entreprises et pour les investissements ferroviaires, et à dévoiler plusieurs gros projets d'infrastructure de transport et industrielles, entre autres le long du fleuve Yangtsé. De son côté, la Banque centrale chinoise (PBOC) a annoncé lundi que les banques accordant des prêts au secteur agricole ou aux petites entreprises seront autorisées à réduire les fonds qu'elles sont tenues de mettre en réserve, pour les encourager à accroître le crédit à des secteurs économiques ciblés, considérés comme vulnérables. Cet assouplissement, bien que limité, concernera une vaste partie du système financier, affectant notamment les deux tiers des banques commerciales municipales. De même, la PBOC avait déjà abaissé mi-avril le taux de réserves obligatoires imposé aux banques "rurales" et coopératives de crédit rural. L'institution a par ailleurs appelé l'ensemble des établissements financiers à renforcer leurs prêts aux entreprises exportatrices. Des mesures et exhortations qui commencent à faire effet, puisque le volume des prêts accordés par les banques chinoises a nettement rebondi en mai par rapport à avril, et la hausse des prêts à long terme concerne surtout, selon les experts, des projets d'infrastructures.
L'immobilier inquiète toujours Si certains indicateurs se sont ressaisis, le fléchissement de la demande intérieure continue d'alarmer. Les importations chinoises ont ainsi diminué de 1,6% sur un an en mai. Surtout le marché immobilier, qui connait un vif refroidissement ces derniers mois après des années de surchauffe, "concentre largement les faiblesses de l'économie" et cette détérioration "devrait continuer de s'intensifier", prévenait Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics. Le fort recul des ventes de logements s'est ainsi encore accentué en mai. Sur les cinq premiers mois de l'année, elles ont chuté de 10,2% sur un an. Dans ces conditions, avertit Zhang Zhiwei, analyste de Nomura International, "la reprise économique ne devrait pas être durable à moyen terme", et le gouvernement pourrait se voir obligé d'accroitre ses mesures de soutien. "Nous continuons à prévoir un ralentissement de la croissance à 6,8% en 2015", ajoute même M. Zhang. Pékin a fermement exclu tout plan de relance massif, et se montre réticent à une baisse générale des taux d'intérêt, toujours soucieux d'endiguer l'envolée du crédit et de l'endettement. Le gouvernement affiche par ailleurs son ambition de "rééquilibrer" le modèle de croissance chinois, en le rendant moins dépendant des exportations et en musclant la consommation intérieure, quitte à s'accommoder d'un ralentissement -mais modéré- de l'économie.