Les pays dotés d'une bonne logistique commerciale ont tendance à attirer les investissements étrangers directs, orientés vers l'exportation, en plus du commerce, comme un moyen d'accéder aux connaissances et à la technologie. Mais cela ne semble pas le cas pour l'Algérie. En effet, notre pays se classe au 140e place au plan logistique. A ce propos, la nouvelle étude de la Banque mondiale, portant récemment sur le classement de 150 pays, fait ressortir les lieux où il est facile ou difficile d'expédier des marchandises d'un pays à l'autre, d'un port à l'autre et au-delà des frontières. L'indice de performance logistique (LPI) et l'étude qui l'accompagne, Connecting to Compete: Trade Logistics in the Global Economy (La connexion au service de la compétitivité : la logistique commerciale dans l'économie mondiale), indiquent que les pays disposant des voies de transport les mieux entretenues et des procédures commerciales les plus prévisibles et les plus efficaces sont également les pays profitent des avantages technologiques, de la libéralisation de l'économie et de l'accès aux marchés internationaux. Les pays présentant "des frais logistiques élevés sont, dans l'ensemble, moins susceptibles de recueillir les fruits de la globalisation", ont déclaré Jean François Arvis et Monica Alina Mustra du groupe Lutte contre la pauvreté et gestion économique (PREM) de la Banque, les principaux auteurs de cette étude. "La plus grande source de frais, n'est pas vraiment les coûts de transport (notamment les taux de fret), les redevances portuaires et frais de manutention, les frais liés aux formalités (comme les cautionnements), ni même les honoraires des agents de transport et les paiements informels, c'est la prévisibilité, la fiabilité et la qualité des services qui sont bien plus importantes que le coût", a indiqué Arvis. "Ce qui importe le plus, c'est la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement - le fait que les marchandises soient livrées à temps", a ajouté Mustra. Dans ce contexte, quelque 800 transitaires et transporteurs express, spécialistes de la logistique internationale et originaires de 100 pays classés, ont répondu, dans le cadre d'une enquête réalisée sur Internet, à des questions telles que la compétence des courtiers en douane ou des fournisseurs de services de transport ferroviaire, le respect des délais de dédouanement et d'expédition de marchandises, ainsi que la survenue d'activités criminelles ou les paiements pour obtenir des renseignements (pots-de-vin). L'indice classe Singapour, qui est une plaque tournante majeure du transport, au premier rang, alors que l'Afghanistan, un pays enclavé et sortant d'un conflit, est en dernière position. Les pays développés à revenu élevé, tels que les pays membres du G-7, obtiennent les meilleurs résultats, alors que la performance des pays en développement, même ceux dont le revenu est comparable, varie considérablement. Ainsi, la Chine occupe le 30e rang sur un total de 150 pays, alors que quelques exportateurs de pétrole, à revenu plus élevé comme l'Algérie (140e), ne donnent pas la pleine mesure de leurs capacités sur le plan logistique, d'après cette étude. Cependant, les pays qui se retrouvent au bas de l'indice sont "typiquement piégés dans le cercle vicieux d'une réglementation outrancière, d'une mauvaise qualité des services et d'une insuffisance des investissements", a ajouté l'étude. Au début de l'année, le rapport Financement du développement dans le monde de la Banque a signalé que, si les flux de capitaux privés destinés aux pays en développement avaient atteint le niveau record de 647 milliards de dollars en 2006, cet argent n'était pas parvenu aux pays les plus pauvres. Ces dernières années, 82 % des apports du secteur privé des pays en développement ont tout juste touché 20 pays sur les 135 considérés dans l'analyse GDF. "Dans ce monde hautement concurrentiel, la qualité de la logistique peut jouer un rôle majeur dans les décisions d'une entreprise de s'implanter dans un pays et dans son choix de fournisseurs de marchandises ou de marchés à pénétrer", a souligné l'étude. Une chaîne logistique déficiente peut se traduire par le maintien de niveaux trop élevés de stocks ou de produits finis ou par l'obligation pour les transporteurs de recourir à un mode de transport onéreux, comme le transport aérien, pour respecter les délais. L'imprévisibilité constitue également une contrainte majeure pour les entreprises et les pays qui essaient de se diversifier dans une production à plus grande valeur. Dans les chaînes de production mondiale, les pays doivent faire face à un double défi, à savoir maintenir une chaîne logistique efficace non seulement pour les exportations, mais aussi pour l'importation des intrants et des composants. "Pour les pays qui subissent le plus de contraintes - typiquement les pays enclavés d'Afrique et d'Asie centrale - il peut être nécessaire de trouver des solutions innovantes et c'est là que les donateurs internationaux joueront un rôle important". "La grande différence entre les performances nationales peut s'expliquer par le fait que la performance générale d'un pays est fortement influencée par le maillon faible de sa chaîne d'approvisionnement", a déclaré Arvis. A noter que l'enquête sur la logistique réalisée en ligne par la Banque a été transmise par les grandes entreprises spécialisées dans la logistique internationale à leur personnel opérationnel sur le terrain "ayant une expérience concrète du commerce", a précisé Mustra. Une enquête de suivi, prévue pour le début de 2008, sera également diffusée en russe et en portugais.