Ayant une part initiale de 20 % dans le projet Medgaz, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, a acquis de nouvelles actions pour devenir actionnaire majoritaire dans la société chargée de réaliser et d'exploiter le futur gazoduc sous-marin devant relier l'Algérie à l'Espagne. C'est du moins ce qu'a annoncé, lundi à Alger le P-DG de Sonatrach, M. Mohamed Meziane, en marge de la signature d'accords gaziers algéro-français, et qui explique, en outre, qu'après le récent retrait du projet des deux partenaires, le français Total et le britannique BP, qui détenaient 12 % chacun dans le projet, la configuration de Medgaz a été modifiée. M. Meziane explique que la part de Sonatrach atteindrait environ 36 % et ce, en fonction des quantités de gaz achetées par chaque partenaire dans le projet, mais avoue, néanmoins, que la participation de chaque partenaire sera définitivement déterminée lors de la prochaine réunion du conseil d'administration, fin décembre. Pour rappel, 4 accords ont été signés lundi à Alger entre l'Algérie et la France dans le domaine de l'énergie par M. Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie et des Mines, et M. Thierry Breton ministre français de l'Economie et des Finances et de l'Industrie. Il s'agit notamment de deux accords gaziers dont le premier porte sur la vente par Sonatrach d'un (1) milliard de m3 de gaz par an à Gaz de France (GDF) à travers le futur gazoduc Algérie-Espagne (Medgaz). Avec la signature de l'accord de vente de près d'un milliard de m3 de gaz à Gaz de France (GDF) à travers le futur gazoduc, le volume global déjà vendu par Sonatrach s'élève à près de 5,2 milliards de m3. Le reste (environ 2,8 milliards de m3) sera écoulé par Sonatrach sur les marchés espagnols et français. Les trois partenaires espagnols ont déjà acheté un total de 4,2 milliards de m3 : Cepsa (1,6 milliard de m3), Iberdrola (1,6 milliard) et Endesa (1 milliard). Après le bouclage des contrats d'achat de gaz algérien devant passer par le futur gazoduc, il ne restera plus que la décision d'investissement pour la réalisation de cet important projet transcontinental. Cette décision doit être signée à la fin du mois en cours à Madrid dans le cadre d'une réunion du conseil d'administration de la société Medgaz. Elle portera sur le montant approximatif de 630 millions d'euros prévu pour la réalisation du tronçon sous-marin du gazoduc, situé dans les eaux internationales (200 km), et dont la réalisation a été confiée à l'entreprise italienne Saipem (groupe ENI) à la suite d'un appel d'offres international. Long de 1 050 km (550 en territoire algérien, 200 sous la mer et 300 en territoire espagnol), le gazoduc aura une capacité initiale de 8 milliards de m3/an, extensible à 16 milliards de m3. L'entrée en service de l'ouvrage est prévue fin 2008 début 2009. L'opérateur gazier français a souligné dans un communiqué, que : " cet accord, d'une durée de 20 ans, permettra à GDF de poursuivre la diversification de ses voies d'approvisionnement et de renforcer sa position sur le marché européen du gaz naturel, notamment en Espagne ". Gaz de France est partenaire du projet Medgaz à hauteur de 12 %. La mise en service de ce gazoduc, d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, est prévue en 2009. Le second porte sur la réservation par Sonatrach d'une capacité de regazéification sur le terminal de Montoir dans le bassin parisien pour une quantité d'un milliard de m3 par an. Un dernier accord engage l'Agence de promotion et de rationalisation de l'énergie (Aprue) et son équivalent français, Agence de développement et de maîtrise de l'énergie( Adem). Il faut dire que le futur gazoduc Medgaz reliera, à compter de fin 2008 et début 2009, la localité algérienne de Beni Saf à Almeria (Espagne). Il aura également une capacité de 8 à 10 milliards de m3/an, extensible à 16 milliards de m3/an pour pouvoir acheminer, par la suite, le gaz vers le reste de l'Europe. Dans ce contexte, M. Thierry Breton indique à l'issue de la cérémonie de signature à la presse : " que ce protocole d'accord et de coopération traduit la volonté de "travailler encore plus ensemble" dans un cadre "établi" qui va donner de la transparence pour les opérateurs algériens, et également les opérateurs français souhaitant participer au développement de la politique énergétique et au développement des hydrocarbures en Algérie, dans le cadre évidemment de la loi du gouvernement et du Parlement algériens. De son côté, M. Chakib Khelil précise que le protocole d'accord signé entre les deux pays porte sur la coopération et l'échange des expériences dans tous les domaines énergétiques y compris les énergies nouvelles et renouvelables. Cet accord "clair et transparent" détermine les axes de la coopération et met en place des mécanismes de suivi de la concrétisation des projets entres les sociétés des deux pays. Ce projet implique le groupe GDF à hauteur de 12%, soit un financement de 640 millions d'euros, et franchira dès 2007 la Méditerranée sur 200 km vers l'Espagne. Et pour ce qui est de Gaz de France, cet investissement contribuera à hisser d'ici 2010 l'Algérie dont les exportations vers l'Europe vont bondir de 40% d'ici à 2015 au deuxième rang de ses fournisseurs derrière la Norvège mais quasiment à égalité avec la Russie. Rappelons que la compagnie national des hydrocarbures projette de devenir le numéro 1 dans l'exportation de gaz à l'étranger notamment en Europe. Dans ce contexte le P-DG, M. Mohamed Meziane affirme que "la stratégie de développement à l'internationale repose essentiellement sur la recherche d'opportunités d'investissement, dans l'optique de valoriser notre matière première", estimant que l'objectif de la société est d'assurer une production équivalente de 120 000 b/j, à l'horizon 2015, à travers ses activités à l'internationale.