Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, s'est entretenu au téléphone avec son homologue français, Nicolas Sarkozy, jeudi dernier. Un entretien qui a porté notamment sur les déclarations prêtées au ministre algérien des Moudjahidine. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné que "de tels propos ne reflètent en rien la position de l'Algérie" ajoutant que "le président français sera reçu en ami, au cours de sa visite d'Etat en Algérie, visite essentielle pour les deux pays". Dans une déclaration, le chef de l'Etat a mis les points sur les " i " en abordant la politique extérieure. Un point relevant "constitutionnellement, du domaine réservé du président de la République et de ses plénipotentiaires, dont le ministre des Affaires étrangères en particulier". Et le président de la République de poursuivre que la politique étrangère "est conduite directement par le Président ou ses services compétents dûment mandatés. En dehors des positions exprimées par ces autorités, toute déclaration ou spéculation n'engage que ses auteurs ou ceux qui les publient". Par ailleurs, déclare le chef de l'Etat "il n'est pas de nos traditions, ni dans notre interprétation du devoir de réserve qui incombe à tout responsable de l'Etat, de porter des jugements de valeurs sur des hommes d'Etat étrangers ou de nous immiscer dans la politique intérieure des autres Etats, notamment lorsqu'il s'agit d'un pays ami avec lequel nous entretenons des relations multiples de coopération confiantes et mutuellement bénéfiques". Un message clair et précis. Le président français a souligné de son côté, sur les chaînes de télévisions françaises TF1 et France 2, qu'il effectuera une visite en "ami en Algérie" et qu'il considère "l'incident clos". Plus tôt dans l'entretien, M. Sarkozy avait indiqué qu'il comptait "ramener des contrats" de son déplacement en Algérie. Une visite programmée du 3 au 5 novembre prochain. Une occasion pour les deux parties d'approfondir les relations bilatérales. Le président français a d'emblée fait de son déplacement à Alger une visite pour faire avancer la coopération. Une importante délégation d'hommes d'affaires et de ministres accompagnera Nicolas Sarkozy pour sa deuxième visite en tant que président en trois mois, depuis son élection au mois de mai dernier. Le Medef sera ainsi du voyage, d'autant que l'organisation patronale française a déjà rencontré les hommes d'affaires algériens du Forum des chefs d'entreprise. Une rencontre est prévue le jour de l'arrivée du président français entre ces deux importantes organisations patronales. D'ores et déjà on parle d'un montant très conséquent de contrats qui seront signés. Il serait de l'ordre de 5 milliards d'euros qui toucheront plusieurs domaines. La France a affiché son intérêt de coopérer dans le domaine du nucléaire civil avec l'Algérie. Mais l'investissement reste le domaine ou les Français sont attendus. La France est le 4e client de l'Algérie et son premier fournisseur. Néanmoins, les entreprises françaises font encore preuve de beaucoup de frilosité à l'égard du marché algérien, même si en 2006 le flux des investissements français a atteint un record, puisqu'il était en hausse de 110% par rapport à 2005. Mais cela reste insuffisant. Des groupes français, à l'image de Renault par exemple préfèrent encore faire l'impasse sur l'Algérie et délocaliser une partie de leurs activités chez ses voisins comme le Maroc. Ces groupes français justifient leurs choix par la lenteur des réformes économiques mises en œuvre dans le pays. Il en reste néanmoins que cela n'a pas empêché d'autres investisseurs étrangers de tenter le marché algérien. En tout état de cause, la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy s'annonce sous le signe du pragmatisme et le volet économique occupera une place importante. Exit donc les sujets qui fâchent. Le Sahara occidental et le devoir de repentance autour desquels les positions des deux parties divergent de façon diamétrale ne seront pas évoqués au cours des entretiens.