Le sommet européen prévu sur la crise grecque a été annulé hier, a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk, mais un autre sommet, limité cette fois-ci à la seule zone euro, est maintenu pour discuter d'un éventuel sauvetage financier du pays, condition à son maintien dans la monnaie unique. Le sommet européen est annulé, le sommet zone euro débutera à 16h00 (14H00 GMT) et durera jusqu'à ce que nous concluons les négociations sur la Grèce, a affirmé M. Tusk sur son compte Twitter, alors que les discussions au niveau des ministres des Finances de la zone euro reprenaient dimanche matin, après avoir été suspendues la veille faute de consensus. Il est très peu probable que les ministres puissent s'entendre à leur niveau sur la décision d'ouvrir les négociations de fond pour un nouveau plan d'aide financière à Athènes, a estimé le vice-président de la Commission en charge de l'Euro, Valdis Dombrovskis. Cela veut dire que la question du mandat de négociation sera transmise au sommet de la zone euro, a indiqué une source européenne. C'est a priori un bon signe, a-t-elle ajouté. L'annulation du sommet vise à permettre de finaliser les négociations, pour mieux discuter à 19, a aussi estimé un diplomate européen favorable à un accord avec la Grèce. La réunion des ministres samedi avait pour objet de parvenir à un texte commun pouvant servir de point de départ à des négociations sur un nouveau plan d'aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, en échange du programme de réformes présenté la semaine dernière par le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras aux créanciers du pays (UE et Fonds monétaire international). Après neuf heures de discussions infructueuses, les ministres ont suspendu les discussions et décidé de reprendre leurs travaux dimanche. Sur de nombreux points, nous n'étions pas d'accord entre ministres et avec la Grèce, a indiqué l'Autrichien, Hans-Jörg Schelling. A ce stade, les conditions ne sont pas suffisamment réunies pour garantir la mise en œuvre par les Grecs des coupes budgétaires et réformes qu'ils promettent en échange d'une nouvelle aide, estimée à quelque 74 milliards d'euros sur trois ans, a jugé le finlandais Alexander Stubb, dont le pays est un des plus durs vis-à-vis d'Athènes.
Une percée au niveau des ministres incertaine La Commission européenne juge très peu probable d'obtenir le feu vert politique pour négocier un troisième plan d'aide pour la Grèce lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro hier, a affirmé le vice-président de l'exécutif européen, Valdis Dombrovskis. Il est très peu probable que la Commission obtienne un mandat de négociation formel pour entamer les discussions sur un troisième plan d'aide pour la Grèce mais je crois que l'Eurogroupe (qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro) peut préparer le terrain pour les dirigeants, a affirmé M. Dombrovskis à Bruxelles. Les ministres des Finances de la zone euro se réunissaient à 09h00 GMT à Bruxelles pour tenter de transmettre une base de travail à leurs chefs d'Etat et de gouvernement qui doivent pour leur part se rencontrer dans l'après-midi, avec l'ambition d'aboutir. Les discussions ont jusqu'ici achoppé sur le manque de confiance entre Athènes et certains de ses partenaires de la zone euro, qui jugent les promesses de réformes faites par le pays encore insuffisantes et mettent en doute la volonté des Grecs de les appliquer. Les conditions (qui iraient avec un nouveau plan d'aide) ne sont tout simplement pas suffisantes à ce stade, a estimé le ministre finlandais des Finances, Alexander Stubb, à son arrivée à la réunion de l'Eurogroupe. J'ai toujours espoir mais nous sommes très loin du genre de conditions dont nous avons besoin, a-t-il affirmé.
Réunion tendue Neuf heures de réunion tendue samedi, dans un climat de défiance envers Athènes n'ont pas permis aux grands argentiers de trouver un commencement d'accord. L'échéance de dimanche est considérée comme la dernière limite pour sauver la Grèce de l'effondrement financier. Dimanche "est notre dernière chance" avait répété mercredi encore le président du Conseil européen, Donald Tusk. "Sans unité, nous allons nous réveiller (lundi) dans une Europe différente". Pour l'instant, il n'y a pas d'unité et certains pays, dont la puissante Allemagne, semblent prêts à éjecter la Grèce de la monnaie unique.
Longue journée "La journée va être longue", a déjà prévenu le chef du gouvernement maltais, Joseph Muscat. "Fin de la séance de l'Eurogroupe. A continuer demain", avait annoncé tard samedi le ministre finlandais, Alexander Stubb, dans un tweet laconique, après neuf heures de discussions "toujours très difficiles", selon le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. La réunion avait pour objet de parvenir à un texte commun pouvant servir de point de départ à des négociations sur un nouveau plan d'aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, en échange du programme de réformes présenté la semaine dernière par le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras aux créanciers du pays (UE et Fonds monétaire international).
Manque de confiance Mais très vite, nombre de ministres ont invoqué un manque de confiance entre Athènes et ses partenaires empêchant de renouer le fil du dialogue. Ils ont mis en doute la volonté du gouvernement grec de mettre en oeuvre un paquet de réformes substantielles. "Il y a plusieurs pays qui bloquent", a résumé une source européenne. LAllemagne et la Finlande, deux des plus durs vis-à-vis d'Athènes, semblent de plus en plus disposés à dire ouvertement qu'ils ne veulent plus de la Grèce dans la zone euro.
Sortie Une proposition allemande d'une sortie temporaire de 5 ans de la zone euro a été rendue publique. Elle n'a toutefois pas été formellement débattue samedi selon des diplomates. Si la Grèce ne peut garantir une mise en œuvre crédible de mesures et une dette soutenable, il faudrait lui offrir de rapides négociations pour une période hors de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire pendant cinq ans, indique ce document. Seule cette solution permettrait une restructuration suffisante de la dette grecque, qui ne serait pas conforme à une appartenance à l'union monétaire, poursuit le document daté de vendredi, soumis après qu'Athènes a fait de nouvelles propositions de réformes. Un tel scénario irait de pair avec une aide humanitaire pour la Grèce d'une part et des mesures pour renforcer les fondements de la zone euro d'autre part. Il a été mis sur la table car Berlin estime que les propositions grecques ne constituent pas une base suffisante pour un programme d'aide de trois ans, comme l'a demandé Athènes. Une autre solution serait que les autorités grecques améliorent considérablement leurs propositions et regroupent dans un fonds hors de la Grèce environ 50 milliards d'euros d'actifs à privatiser, afin de garantir qu'ils le soient. Ce document n'a pas été discuté samedi lors d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles. C'est un papier de préparation interne, a souligné une source proche des discussions. Interrogé à Bruxelles, le porte-parole du ministre Wolfgang Schäuble s'est refusé à tout commentaire. De son côté, le Finlandais Alexander Stubb a été sommé samedi par le Parlement de son pays de négocier une sortie de la Grèce de la zone euro, selon la télévision publique YLE. Mais ces deux pays ne sont pas les seuls écueils à un éventuel accord, tellement la défiance vis-à-vis d'Athènes semble grande. "Largement plus de la moitié des pays membres pensent que les propositions grecques (pour obtenir un troisième plan d'aide) ne vont pas assez loin", selon une source diplomatique. Ces blocages rendent chaque fois plus plausible une sortie désordonnée de la Grèce de la monnaie unique, alors que le pays, dont les caisses sont vides, est au bord de l'effondrement financier, que son économie sombre peu à peu et que ses banques sont fermées depuis le 29 juin.
Sincérité d'Athènes Les participants à la réunion de l'Eurogroupe de samedi devant décider du sort de la Grèce attendent du gouvernement d'Athènes une mise en place effective des réformes proposées en échange d'un sauvetage financier, certains doutant de la fiabilité d'Athènes. Il y a un gros problème de confiance, a déclaré le patron de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem à son arrivée à la réunion à Bruxelles, alors que certains pays doutent ouvertement de la sincérité d'Athènes. Est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement grec pour qu'il fasse ce qu'ils promettent dans les prochaines semaines, (les prochains) mois ou (les prochaines) années ?, s'est interrogé M. Dijsselbloem. De son côté, le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble a prédit des négociations extrêmement difficiles. Plusieurs autres faucons européens sont montés au créneau pour descendre en flammes les propositions grecques. Plusieurs gouvernements, dont le mien, ont de sérieux doutes sur l'engagement du gouvernement grec et sur sa capacité à mettre en œuvre les réformes a estimé le secrétaire d'Etat aux Finances néerlandais Eric Wiebes. Les propositions auraient été bonnes dans le cadre du deuxième programme d'aide, mais j'ai peur qu'il soit insuffisant pour lancer un troisième programme, a même déclaré le slovaque Peter Kazimir. Certains pays sont très sceptiques, d'autres moins, a nuancé le ministre maltais Edward Scicluna. Je pense que la confiance a été tout juste rétablie dans la relation avec la Grèce, j'espère que cela va se consolider aujourd'hui, c'est important, a déclaré le ministre irlandais Michael Noonan. Même les colombes de l'Eurogroupe, favorables à Athènes attendent le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos de pied ferme. Il faut des réformes mises en œuvre rapidement (en Grèce, ndlr), c'est la clé de tout (...) pour débloquer un programme, pour traiter la question de la dette, a déclaré le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. Ce qui compte c'est la volonté de mettre en œuvre les choses, a-t-il ajouté. Une source européenne proche des discussions a confirmé que le nœud du problème était la confiance dans la mise en œuvre des mesures de réformes. Si on veut accord durable, il faut que les Grecs apportent des réponses sur: quand ils vont décider, comment, à quel moment et à quel rythme le faire, a commenté le ministre français Michel Sapin, laissant entendre que les créanciers allaient demander un calendrier précis et serré des réformes. Euclide Tsakalotos arrive samedi devant ses homologues avec des propositions pour obtenir un troisième plan d'aide international pour la Grèce, au bord de l'effondrement financier et qui pourrait dériver hors de la zone euro faute d'accord rapide. Mais plusieurs pays européens semblent n'avoir qu'une confiance toute relative dans les autorités grecques. Le pays a déjà bénéficié de deux plans d'aides internationales qui n'ont pas permis de sortir le pays de l'ornière, et la stratégie de négociation du gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras depuis six mois a écorné la confiance des gouvernements européens.