Google a ravi Wall Street jeudi soir avec des bénéfices meilleurs que prévu et la perspective d'une rationalisation de ses dépenses sous la houlette de sa nouvelle directrice financière, Ruth Porat. L'action du groupe internet américain s'est envolée de plus de 12% dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street. Il avait annoncé peu après la fin de la séance un bénéfice net de 3,4 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, en hausse de 2% sur un an, pour un chiffre d'affaires progressant de 11% à 17,7 milliards. En déduisant certains éléments exceptionnels, le bénéfice net ressort à 3,9 milliards et le bénéfice par action a dépassé de 28 cents les attentes des analystes à 6,99 dollars. Ruth Porat, qui a pris ses fonctions chez Google fin mai après avoir été débauchée de la banque d'affaires new-yorkaise Morgan Stanley, a vu dans ces résultats "solides" le reflet "d'une croissance à travers tous les produits", en particulier dans la recherche, notamment mobile, et pour le site de vidéo en ligne YouTube, ainsi que d'une "discipline dans les dépenses opérationnelles". Les dépenses et coûts opérationnels totaux du groupe ont augmenté de seulement 10%, un ralentissement après +13% au premier trimestre et 22% au quatrième trimestre. En termes de dépenses de capital fixe, Ruth Porat a évoqué lors d'une téléconférence avec des analystes "une période de digestion après une période étendue d'investissements" en particulier dans les centres de données. Et alors que Google a multiplié ces dernières années les projets futuristes aux retombées incertaines dans des domaines éloignés de son cœur de métier (voitures sans chauffeur, robotique, lunettes connectées...), elle a parlé d'une poursuite du développement de nouvelles activités mais "en faisant très attention à l'allocation des ressources" qu'elle entend "prioritiser". "Nos produits à un stade précoce comme la fibre optique (que le groupe déploie dans quelques villes américaines pour proposer un accès internet à débit ultra-rapide NDLR), les sciences de la vie (Google finance notamment une entreprise consacrée à la santé, Calico, et a encore annoncé fin juin un partenariat avec des scientifiques dans la recherche génomique) et Nest (une société spécialisée dans les alarmes et thermostats connectés rachetée l'an passé) servent de sources de revenus à long terme", a assuré la directrice financière. Mais elle dit viser pour ces domaines "une gouvernance stricte pour garantir que les ressources pour eux sont appropriées". Elle a promis davantage de détails plus tard.
Youtube en forme La direction de Google a aussi mis en avant jeudi soir les bonnes performances de YouTube, qui avec plus d'un milliard d'utilisateurs dans le monde est considéré comme l'un de ses gros vecteurs de croissance. Le temps que les internautes passent sur le site de vidéo est en hausse de 60% sur un an, soit le rythme le plus élevé enregistré en deux ans, a souligné Ruth Porat. Et les durées de visionnage de vidéos depuis un appareil mobile ont pour leur part plus que doublé pour dépasser 40 minutes en moyenne par session. Cela rend le site plus attrayant pour les annonceurs: ils sont selon elle 40% de plus que l'an dernier à y diffuser des spots vidéo, et Google affiche son ambition d'attirer "de plus larges budgets" publicitaires vers sa filiale. Tous types de sites confondus, les deux variables suivies de près par les investisseurs pour évaluer la santé de l'activité publicitaire de Google restent néanmoins mitigées. Le nombre de clics sur des publicités, sur la base desquels le groupe internet est payé par les annonceurs, a grimpé de 18% sur un an après +13% le trimestre précédent. Le prix moyen par clic a en revanche encore reculé, de 11% après -7% sur les trois premiers mois de l'année.