Le géant internet américain Google a déçu les attentes cette semaine avec ses résultats du premier trimestre, qui montrent des dépenses en hausse alors que le groupe se diversifie toujours plus. Le groupe se félicite certes d'une croissance "saine" de 19% pour son chiffre d'affaires, ressorti à 15,42 milliards de dollars, et de 32% pour son bénéfice net qui atteint 3,45 milliards de dollars. Son bénéfice par action hors éléments exceptionnels, un indicateur clé pour Wall Street, est toutefois inférieur de 13 cents à la prévision moyenne des analystes. Google a aussi déçu sur deux autres variables importantes, jugées révélatrices de ses performances dans la publicité. Le nombre de clics sur des annonces publiées sur ses sites a progressé de 26% quand les analystes visaient 29%. C'est quand les internautes cliquent sur ces publicités que le groupe est payé par les annonceurs. Et le prix moyen par clic continue de baisser, de 9% sur un an et 1% sur trois mois. Cette baisse dure depuis plusieurs trimestres et est interprétée comme une conséquence de l'essor des smartphones, pour lesquels les prix des campagnes en ligne sont moins chers en raison notamment d'incertitudes sur leur efficacité. Lors d'une téléconférence avec des analystes, Nikesh Arora, un dirigeant du groupe en charge des activités opérationnelles, s'est dit persuadé qu'"à moyen ou long terme, les prix de la publicité sur mobiles seront plus élevés que sur les ordinateurs fixes": on peut selon lui avoir plus d'informations sur les internautes mobiles, leur localisation par exemple, ce qui devrait permettre la diffusion de publicités "plus efficaces". Mais il a reconnu qu'il restait du travail à faire, par exemple pour faciliter les achats et leurs paiements lors d'une connexion à un site internet depuis un smartphone.
Diversification coûteuse En attendant, la déception se faisait sentir à la Bourse de New York: dans les échanges électroniques suivant la clôture, Google perdait 2,99% à 539,88 dollars. "Le marché n'a pas fait attention en général à l'érosion des marges dans l'activité de Google", explique Brian Wieser, un analyste du cabinet Pivotal Research Group. Il met en avant la diversification croissante de Google, au départ un simple moteur de recherche qui, au fil des années, a commencé à fournir des résultats de recherche plus ambitieux, a investi dans des régies publicitaires ou la vidéo en ligne... Des activités dont la conduite coûte plus cher. "Toutes ces formes d'érosion des marges sont parfaitement raisonnables pour maintenir une activité dominante de manière durable", assure l'analyste. Mais s'y ajoutent en plus ces derniers temps "des choses comme de l'électronique grand public, des ventes de contenus, des montgolfières pour fournir un service internet en Nouvelle Zélande, etc." où il n'y a "presque aucun moyen d'avoir des marges bénéficiaires". Le directeur général de Google Larry Page, cité dans le communiqué du groupe, s'est justement dit mercredi "très enthousiaste sur les progrès de nos activités émergentes". L'incursion de Google dans les téléphones portables avec le rachat du fabricant Motorola a tourné court en janvier, avec l'annonce de la revente de ce dernier au groupe chinois Lenovo. Google fait toutefois beaucoup d'acquisitions dans de nouvelles activités, comme récemment des fabricants de compteurs intelligents, de drones ou de robots. Autre nouveau produit très médiatisé: ses lunettes interactives Google Glass, qui étaient pour la première fois mardi accessibles au grand public aux Etats-Unis. Le groupe a refusé de donner des chiffres de ventes pour cette journée spéciale, mais assure que tous les produits disponibles ont été écoulés. Cette expansion a toutefois un coût. Les dépenses pour des centres de données, des stocks de matériel, l'amortissement d'actifs lors d'acquisitions ou l'achat de contenus ont augmenté de 26% sur un an à 2,73 milliards de dollars, et représentent 18% des revenus contre 17% il y a un an. La marge d'exploitation de Google est, elle, passée sur la même durée de 29% à 27%.