Les représentants des créanciers (UE, FMI, BCE) de la Grèce, longtemps connus sous le nom de troïka, étaient attendus hier à Athènes pour une première visite de travail en vue de finaliser l'accord sur le nouveau plan d'aide au pays, a indiqué la veille une source ministérielle grecque. Interrogée sur la date du retour en Grèce des équipes des créanciers, cette source a répondu à la presse vendredi, restant évasive sur le programme et les lieux de rencontre prévus alors que chaque déplacement en Grèce des équipes qui supervisent l'aide au pays est politiquement sensible pour le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras. Une source européenne a indiqué qu'elle ne pouvait pas confirmer cette visite demain, affirmant que les experts attendus n'avaient pas encore acheté leurs billets d'avion. Outre les techniciens de l'UE, de la BCE et du FMI, les chefs de mission de ces institutions sont également attendus à Athènes, a ajouté cette source ministérielle grecque, une première depuis un an. Les négociations entre la Grèce et la troïka étaient déjà entrées dans une phase de stagnation sous le mandat du précédent exécutif grec (droite-socialiste). Les visites des chefs de mission des créanciers en Grèce avaient un temps été délocalisées à Paris, sous prétexte de dépassionner les débats. Le gouvernement Tsipras, arrivé au pouvoir en janvier, avait dû se résoudre à accueillir les experts européens et du FMI mais ces derniers s'étaient dits exaspérés par les obstacles rencontrés pour accéder aux informations et aux ministères. L'enjeu de ce nouveau cycle de réunions est la finalisation, d'ici mi-août au plus tard, du troisième plan d'aide à la Grèce, dont le principe a été accepté dans la douleur le 13 juillet par les Européens et le gouvernement grec.
Mesures adoptées Le Parlement grec a adopté jeudi un second volet de réformes demandées par les créanciers de la Grèce en préalable à un nouveau plan d'aide malgré des défections dans le camp du Premier ministre Alexis Tsipras. Selon le décompte final, 230 députés - sur un total de 298 présents - ont voté pour l'adoption d'une réforme de la justice civile et la transposition d'une directive européenne sur les banques, 63 ont voté contre, et 5 se sont abstenus. Un calcul non définitif établit à 31 le nombre de députés ayant voté non dans les rangs de Syriza, la formation de gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras, contre 32 la semaine dernière auxquels s'étaient ajoutées 6 abstentions et une absence. La division du projet de loi en deux articles pour chacun desquels les députés pouvaient émettre un vote différent rend complexe le calcul de la répartition des voix. Le chef de l'exécutif a ainsi marginalement réduit les défections par rapport à la semaine dernière parmi les 149 députés Syriza. L'ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis qui avait voté non la semaine dernière a ainsi voté oui cette fois-ci. Comme mercredi dernier, Syriza a pu compter sur les voix de son partenaire de coalition, le parti de droite souverainiste ANEL, et de l'opposition pour atteindre la large majorité de 230 votes favorables. Cette majorité avait été de 229 voix la semaine dernière. Ce second vote d'urgence en une semaine ouvre la voie à la finalisation, espérée d'ici mi-août, du troisième plan d'aide à la Grèce, d'au moins 80 milliards d'euros sur trois ans, dont le principe a été adopté le 13 juillet avec l'UE et le FMI.
Satisfaction Les institutions créancières de la Grèce ont décerné jeudi un satisfecit à Athènes, après le vote de ces mesures qui portaient sur une réforme de la justice civile et la transposition en droit grec d'une directive européenne sur le renflouement des banques. Un premier train de réformes passé en urgence le 16 juillet, deux jours après l'accord de Bruxelles, portait notamment sur une hausse de la TVA et des cotisations retraite. De source gouvernementale grecque, on estimait vendredi qu'il n'y avait d'autres conditions posées à la finalisation de l'accord avant mi-août que la ratification de ces deux paquets de mesure. Tout en reconnaissant que certains partenaires du pays faisaient pression pour que la Grèce donnent d'autrs gages législatifs dans les prochaines semaines. Une source européenne a ainsi indiqué que d'autres mesures préalables portant sur la réforme de la fiscalité des agriculteurs et les retraites, deux sujets hautement sensibles, devaient être votées la fin des négociations. Bruxelles souhaite que cette négociation aboutisse d'ici à la deuxième quinzaine d'août. La Grèce, dont les caisses sont vides, doit rembourser 3,19 milliards d'euros à la BCE le 20 août, puis 1,5 milliard au FMI en septembre.
Discussions difficiles Le FMI a estimé jeudi que les discussions sur un nouveau plan d'aide à la Grèce s'annonçaient difficiles et nécessiteraient, au préalable, un engagement concret et précis des Européens à alléger la dette du pays. Le chemin s'annonce clairement difficile, nous ne sommes qu'au début du processus, a déclaré le porte-parole du Fonds monétaire international (FMI) Gerry Rice, ajoutant que la participation future du Fonds au sauvetage de la Grèce dépendrait de l'issue des prochaines discussions sur les réformes et la dette. Après l'accord conclu le 13 juillet, le FMI, qui est associé au sauvetage de la Grèce depuis 2010, a conditionné sa participation future au plan d'aide à un allégement par les Européens de la dette grecque qui frôle les 180% de son produit intérieur brut. Sur l'allègement de la dette, il faudra un engagement précis, concret des Européens, a affirmé M. Rice, à l'heure où les dirigeants de la zone euro se rallient lentement à l'idée d'un rééchelonnement de la dette du pays.
Effondrement des dépenses de l'Etat Les dépenses de l'Etat grec se sont effondrées au premier semestre 2015, selon des statistiques du ministère des Finances parues jeudi qui révèlent aussi un excédent budgétaire hors charge de la dette. Les dépenses de l'Etat entre janvier et fin juin se sont établies à 23,2 milliards d'euros, selon un communiqué du ministère des Finances, contre un peu plus de 26 milliards sur la même période de 2014. Les recettes de l'Etat ont elles aussi dégringolé, atteignant 21,8 milliards d'euros au premier semestre, contre 23,6 milliards au premier semestre 2014. Le site grec d'information Macropolis souligne que l'Etat a réduit parfois sévèrement les financements destinés à divers régimes de sécurité sociale (allocations familiales, hôpitaux, agences pour l'emploi), "pour contrebalancer le manque de revenus et préserver un excédent primaire". L'Etat grec affiche en effet pour le premier semestre un excédent budgétaire primaire, c'est-à-dire hors charge de la dette, une mesure chère à ses créanciers. Il est de 1,88 milliard au premier semestre, contre 707 millions d'euros sur la même période l'an dernier, selon le ministère des Finances. A court d'argent en raison du retard pris dans la négociation avec ses créanciers sur l'avenir financier du pays, le gouvernement a été contraint de puiser dans les réserves des organismes publics, des collectivités locales ou des caisses de sécurité sociale pour payer les salaires et les retraites ces derniers mois.