Renault et PSA Peugeot Citroën sortent de la crise. Ils affichent des résultats financiers honorables sur le premier semestre 2015. En crise il y a peu, les constructeurs automobiles français redressent la tête. Renault et PSA Peugeot Citroën affichent des résultats financiers honorables sur le premier semestre 2015. Renault a ainsi annoncé jeudi avoir quasiment doublé son bénéfice net à 1,39 milliard d'euros. L'ex-Régie affiche un profit opérationnel de 1,07 milliard d'euros (+47 %), représentant 4,8 % du chiffre d'affaires. L'activité auto arrive à un résultat de 656 millions (+89 %), avec une marge de 3,1%. Au bord de la banqueroute en 2013 quand il avait dû in extremis demander le soutien de l'Etat français et du partenaire chinois Dongfeng, PSA a affiché pour sa part 571 millions d'euros de profit net au premier semestre, alors que sa perte s'élevait encore à 114 millions sur la même période l'an passé. Certes, le résultat reste maigre. Mais c'est déjà ça. Son profit opérationnel courant s'est élevé à 1,42 milliard (387 millions un an auparavant), dont 975 millions pour l'activité automobile tout juste à l'équilibre sur les six premiers mois de 2014. Soit une marge honorable de 5% sur le semestre. En intégrant les résultats des deux co-entreprises chinoises, le bénéfice de l'activité auto de PSA ressort même à 1,19 milliard !
La reprise du marché européen Le chiffre d'affaires du groupe Renault était en hausse de 12,4% au premier semestre (activité automobile), celui de PSA de 9%." L'amélioration de la marge l'an dernier venait principalement de la réduction des coûts parce que la croissance n'était pas au rendez-vous ", explique Dominique Thormann, le directeur financier de Renault. " Une fois que vous avez atteint un niveau de compétitivité, c'est votre gamme et votre chiffre d'affaires qui doivent prendre le relais et tirer la rentabilité de l'entreprise. Maintenant on amorce ce virage ", a-t-il assuré lors d'une conférence téléphonique ce jeudi. C'est l'amélioration plus nette que prévu du marché européen, longtemps en plain marasme, qui a relancé la machine. Carlos Tavares, président de PSA, l'a admis mercredi, lors de la conférence de résultats. Les immatriculations du groupe Renault y étaient du coup en hausse de 9,3% sur le semestre. Chez PSA, les volumes ont crû de 2,9% sur le Vieux continent. La reprise du marché européen, au coeur même des activités des deux constructeurs, permet évidemment un bien meilleur remplissage des usines.
Le succès de certains nouveaux modèles Chez Renault, clairement, le succès de la Clio IV mais surtout de son dérivé " SUV " Captur ont contribué à revigorer les ventes. Le marché européen du petit " SUV " est en plein boom. Et le plus populaire de ces véhicules reste… le Renault Captur, plébiscité par 52.000 clients au premier trimestre sur le Vieux continent, d'après le cabinet JATO Dynamics (+27%). L'arrivée du " SUV " compact Kadjar puis l'an prochain le renouvellement de la gamme Mégane devraient relayer la réussite du Captur. Et… compenser le semi-échec de la Twingo. Chez PSA, la valeur sûre reste la berline compacte Peugeot 308, consacrée " Voiture de l'année " l'an dernier, mais aussi le 2008, rival du Captur.
Une réelle baisse des coûts Renault est considéré comme plus avancé que PSA sur le plan de la compétitivité. Le travail a démarré bien avant. C'est donc essentiellement PSA qui a amélioré sa structure de coûts sur le semestre. PSA a ainsi réduit fortement son point mort, de 2,6 millions de véhicules par an en 2013 " à 2,1 millions de véhicules en 2014 et nous devrions parvenir à moins de 2 millions cette année ", assurait mercredi Carlos Tavares. Plus le point mort est bas, plus le constructeur peut résister aux cycles contraires et moins dépendre de ses volumes. PSA a fortement réduit le coût de revient en fabrication par véhicule.
Des activités internationales bien défendues Les français ne sont pas assez internationalisés, c'est un fait. Il n'empêche. Renault a réussi à bien se défendre, alors que ses deux marchés phare hors d'Europe occidentale, la Russie et le Brésil, s'effondrent ! Renault réussit à y préserver sa rentabilité. Quant à PSA, il a pour la première fois depuis des années réalisé des profits en Amérique latine, malgré la mauvaise conjoncture. Il avait quasiment toujours perdu de l'argent au Brésil depuis son installation au début des années 2000. Seule des six régions de PSA, la zone Eurasie (Russie) reste déficitaire. Par ailleurs, PSA a fortement amélioré ses marges en Chine (9,1% sur le semestre, contre 7% un an auparavant).
Mais la rentabilité des français reste insuffisante La rentabilité de Renault et de PSA tout juste convalescent doit se confirmer dans le temps. Carlos Tavares a d'ailleurs rappelé mercredi que les bons résultats du 1er semestre ne présageaient pas forcément de profits du même niveau au second... . La profitabilité de Renault et PSA reste structurellement faible, par rapport aux principaux concurrents allemands ou nippons. Le groupe Volkswagen a ainsi enregistré sur le semestre un résultat opérationnel de 6,82 milliards d'euros (+10,3%), une marge fort honorable de 6,3% et un profit net de 5,66 milliards ! Des chiffres sans aucune mesure avec ceux des français. En outre, les résultats de Renault sont quelque peu faussés par l'apport de Nissan. Le japonais, détenu à 43% par Renault, a contribué sur les six premiers mois pour 979 millions d'euros aux résultats de Renault. C'est la plus grosse source de revenus… du français. Nissan rapporte davantage que sa propre activité automobile. Le flux de trésorerie opérationnel de l'activité automobile de Renault est restée négative sur le semestre (-95 millions d'euros).